C’était presque une belle histoire. Un chêne bicentenaire sauvé, nommé Arbre Remarquable, juste « un peu taillé » de-ci, de-là. « Les racines seront protégées, » expliquent les experts. Et une attention toute particulière sera portée quant à la situation de Mr Bedos en situation de handicap. Rue de Salaison, dans l’Hérault à Castelnau-le-Lez : Le chêne, la Nature et l’homme avaient la garantie d’un avenir plein de bienveillance et d’équilibre.
Aujourd’hui, rien de tout cela ! Les camions de chantier passent, soulèvent la terre, le chêne s’abîme, et les riverains stupéfaits par cette inconstance politique se mobilisent. #SauvonsLeChêne, leur message est le suivant : « des camions de 33 tonnes empruntant l’impasse de salaison signent la mort du chêne, pourtant classé Arbre Remarquable. » Et ils font une proposition afin d’éviter la dégradation définitive de ce morceau de nature : « pour cela le maire pourrait prendre un arrêté pour interdire leur passage. » Ce samedi 20 mars, une mobilisation est organisée à 14h00 pour motiver M. Lafforgue premier magistrat de la commune.
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Le Chêne, le Politique, et le Promoteur
L’arbre sans nom est devenu Anathémis, depuis qu’il est Remarquable. Christophe Menichetti de l’association « Le chêne et handicap de Salaison » défend cet arbre, ainsi que les conditions de vie de son oncle Christian Bedos. Mercredi 17 mars, avec des riverains et des associations qui défendent l’écologie, il tenait une conférence de presse devant l’Hôtel de Montpellier Méditerranée Métropole. Un choix qui n’avait rien d’anodin.
« Mr Delafosse s’était engagé à faire en sorte que les travaux qui ont commencé depuis deux ans… passent par une autre route. Il s’était engagé pour que les travaux continuent à passer par cette route-là. De façon à sanctuariser le chêne, qui est la seule solution recommandée par L’ONF pour sauver le chêne » explique Christophe Menichetti. Mais depuis le 4 mars, tout change, les camions commencent des rotations par la rue de Salaison.
« c’est une histoire d’écologie ou de rentabilité… on ne peut pas accepter que la rentabilité soit au-dessus de l’écologie » Christophe Menichetti @CastelnauleLez @Montpellier3m Le chêne à l’épreuve de la parole politique ! pic.twitter.com/sFMffoZ3Qb
— Le Mouvement (@lemouvementinfo) March 17, 2021
« Le promoteur veut passer par là pour aller beaucoup plus vite, » affirme M. Menichetti. Délais de livraison, rentabilité et écologie : une équation peut-être difficile à résoudre pour Les Nouveaux Constructeurs qui promettent à leurs clients de vivre dans un « quartier paisible et verdoyant » ?
[VIDEO] Interview de Christophe Menichetti de l’association « Le chêne et handicap de Salaison » :
Victime de la barbarie de l’urbanisation à la parcelle
On l’oublie trop souvent dans cette affaire, Christian Bedos : « je ne suis pas contre le progrès, mais on ne peut pas construire tout et n’importe comment. » Véritable victime de la barbarie de l’urbanisation à la parcelle, il est déjà fortement impacté par le début des travaux. Une petite maison, un chemin de terre étroit, en avance sur son temps. En effet : pas d’artificialisation et d’imperméabilisation des sols. Mais pour combien de temps encore ? Toutes les précautions qui devaient être prises pour les riverains comme pour le chêne n’ont pas été déployées. « Je n’ose imaginer quand il faudra amener des grues et une bétonnière, » confie M. Bedos.
[VIDEO] Interview de Christian Bedos, bénévole de l’association France Handicap, habitant de la rue de Salaison et propriétaire du chêne Anathémis :
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Un bouclier humain pour protéger le chêne
Pour Carine Barbier, conseillère municipale : « ce chêne devrait faire l’objet d’une protection par la mairie de Castelnau, et faire en sorte qu’il n’y ait pas de circulation de poids lourds sur ses racines. » Mais pour l’heure rien n’est fait. Alors un bouclier humain s’installe pour protéger l’Arbre Remarquable. C’est l’action qui est menée depuis le 4 mars dans le quartier. Une action qui n’est pas du goût du promoteur qui a porté plainte dès le 5 mars, alors qu’il tente, selon la conseillère municipale du groupe Ensemble pour Castelnau, un passage « en force, » et teste « la possibilité de pouvoir passer par la rue de Salaison. » Vidéo, explications sur « l’intimidation » exercée par le promoteur.
[VIDEO] Interview de Carine Barbier, conseillère municipale de Castelnau-le-Lez :
Le comité Arbre s’arrête aux frontières de Montpellier
Subtilité politique ? « Je ne préfère pas m’exprimer sur ce dossier, moi je suis élu que sur Montpellier, pas sur Castelnau. Et je ne suis même pas élu métropolitain, » annonce Stéphane Jouault lorsqu’on lui demande une réaction face à cette situation. Pourtant l’adjoint de Michaël Delafosse est bien le Président du Comité Arbre.
Pour rappel, le comité Arbre a pour vocation de donner un avis : « sur tous les projets d’aménagement qui impacteraient le patrimoine arboré existant. » Plus fin dans sa définition, il est précisé : « la richesse végétale doit être un élément structurant à conserver dans l’urbanisation et ainsi trouver en permanence un équilibre entre constructibilité et préservation des arbres. » Et très sérieusement, concernant son organigramme, il est bien noté que : « le Comité Arbre est composé d’élus et d’associations reconnues dans le domaine de la protection de la nature. »
Pour justifier l’impossibilité de réagir sur le cas de ce chêne bicentenaire, Stéphane Jouault explique aussi que la compétence du comité Arbre s’arrête aux frontières de Montpellier. Certes ce détail n’a échappé à personne, concernant ce nouvel outil politique et sa nouvelle charte de l’arbre. Mais il existe un autre détail : Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez et vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, délégué à la Voirie et à l’Espace Public fait partie des membres de ce comité, « mais que pour la ville de Montpellier » souligne Stéphane Jouault.
Si la parole politique donne parfois ce sentiment qu’elle protège et qu’elle construit l’avenir, il est bon de savoir qu’elle a ses subtilités, ses limites et ses frontières. Frontières dans l’espace et dans le temps, il paraitrait que « le clos des oliviers, » on n’y peut rien ! C’est une autre époque ! Une époque où il semblerait selon un élu d’opposition de ce temps-là, que certains responsables politiques, du dit village pouvaient lâcher : « une fois que c’est fait, ils ne pourront plus rien faire. Et ensuite quand c’est fait, ils oublient. » Aujourd’hui pour Christophe Menichetti « ni la mairie de Castelnau ni la Métropole » ne font face à leur responsabilité de devoir protéger cet Arbre Remarquable.
À suivre, l’avenir de ce 6e arbre classé dans le département de l’Hérault, et seul arbre classé Remarquable dans toute la métropole de Montpellier.
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