En Occitanie le début de la saturation des services de réanimation, oblige à organiser des transferts de patients vers les régions : Hauts-de-France, et Grand Est.
Cette donnée qui concerne la 4e vague épidémique a été communiquée ce 10 août 2021, lors d’un nouveau point presse sur l’évolution de la situation en Occitanie avec aux commandes Jean-Jacques Morfoisse, Directeur Général Adjoint de l’Agence Régionale de Santé Occitanie (ARS), le Pr Vincent Bounes, Chef de service du SAMU 31, et le Pr Jacques Reynes, Chef du Service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier.
Rappel : une zone est définie en alerte épidémiologique lorsqu’elle atteint les 50 cas pour 100.000 habitants. Aujourd’hui, le taux d’incidence est de 400 pour 100.000, avec « une moyenne régionale qui va notamment impacter l’ensemble du système de santé, » note Jean-Jacques Morfoisse.
La situation devient alarmante pour les 20 à 29 ans, où l’on observe un taux d’incidence de plus de 1.000 nouveaux cas par semaine pour 100.000 habitants. Le Directeur Général Adjoint de l’Agence Régionale de Santé Occitanie insiste sur « l’importance de cette troisième cible de vaccination que sont les jeunes, et où il y a encore beaucoup de travail à faire. »
Brutalité de l’augmentation d’admission en soins critiques
Jean-Jacques Morfoisse (ARS) souligne : « la brutalité de l’augmentation que l’on observe depuis quelques jours sur le terrain […] notamment en réanimation est d’un niveau d’admission en soins critiques inconnu en Occitanie lors des vagues précédentes. » Et devant le niveau actuel de contamination, avec l’aide des prévisions de l’institut pasteur à 15 jours, que le Directeur Général Adjoint de l’ARS considère comme « particulièrement robustes, » il indique donc que « ces prévisions nous amènent à un point de rupture, c’est-à-dire à un nombre de patients qui dépasse notre capacité de réanimation sur toute la région Midi-Pyrénées, théoriquement avant la fin de la semaine. »
Début des évacuations sanitaires
Deux décisions importantes ont été prises, d’une part passés en Plan blanc le 4 août dernier pour « pousser les murs, et faire en sorte que l’ensemble des établissements de santé ait la capacité de répondre aux besoins. » D’autre part « commencer les évacuations sanitaires hors de la Région Occitanie, vers notamment les Régions Grand Est et Hauts-de-France. » Ces deux régions ont été identifiées par le ministère, et le centre de crise national pour organiser les transferts. « La capacité en nombre de lits autorisée habituellement en Occitanie pour être précis, c’est 462 […] et aujourd’hui on est à 588 lits, donc proches de 600 lits de réanimation, » constate Jean-Jacques Morfoisse (ARS).
Sur l’état des évacuations, trois sont en cours aujourd’hui. Une patiente est évacuée de Narbonne vers le CHU d’Amiens. Et deux personnes ont été évacuées du CHU de Montpellier vers le CHU de Lille.

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De son côté le Pr Vincent Bounes, Chef de service du SAMU 31 détaille que « beaucoup de patients nous appellent ces temps-ci pour des symptômes de Covid, beaucoup de cas graves en l’occurrence et des patients qui sont effectivement plus jeunes que lors des vagues précédentes. »
90% des patients qui entrent en soins pour Covid grave ne sont pas vaccinés. Le Chef de service du SAMU 31 alerte sur le fait qu’il y a désormais « un risque de rupture des services de réanimation. » Autres difficultés évoquées, « la pénurie des soignants, ça, c’est clair » et aussi « la fatigue des soignants. »
Vincent Bounes tient aussi à faire remarquer « quelques phénomènes un peu marginaux de manque d’empathie pour les personnes qui ne sont pas vaccinées. Là, on a du mal à comprendre pourquoi une personne qui a tous les facteurs de risque n’est pas vaccinée […] c’est compliqué pour quelques soignants. »
« Le pass sanitaire, ce n’est pas une autorisation à faire n’importe quoi ! » Pr Jacques Reynes
Raison et bons sens, le Pr Jacques Reynes, Chef du Service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier formule un message important : « le pass sanitaire, ce n’est pas une autorisation à faire n’importe quoi ! »
« On est vraiment en situation de tension […] il est évident que le pass sanitaire a fait faire un bond à la vaccination, et c’est un bien. C’est majeur et crucial, je pense que ce serait un désastre sans la vaccination du mois de juillet. » Le Pr Jacques Reynes souhaite vraiment faire comprendre à propos du pass sanitaire : « on a l’impression que c’est la sécurité absolue, mais ce n’est pas la sécurité absolue […] On a bien quelques cas de personnes qui sont vaccinées ou qui ont eu une détection dans les trois jours, mais avec les délais d’incubation maintenant très courts du variant Delta, on peut avoir des personnes qui se croient négatives et qui ne le sont pas. » Le Chef du Service des maladies infectieuses et tropicales demande une vraie vigilance face à ces paramètres de dépistage, instables.
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