Haut symbole spirituel, la sorcière n’est pas nécessairement une femme. Elle représente d’abord tout être humain résistant aux influences politico-religieuses, et demeurant relié à sa nature.
La sorcière incarne en réalité la sourcière ; celle qui se souvient des origines, et refuse d’obéir à l’ordre établi.
La chasse aux sorcières, épisode historique réel ou fictif, raconte comment des femmes désireuses de vivre libres ont été persécutées par l’Église. Plusieurs dizaines de milliers d’entre elles auraient alors péri sur le bûcher.
Vol et balai
Au cœur du monde spirituel, le ciel évoque l’esprit. La maîtrise des cieux n’est autre que celle de la psyché. Mais l’essentielle spécificité du vol de la sorcière réside dans son singulier véhicule. Le balai est à la fois symbole de conscience (bâton) et de nettoyage (purification) : laver l’esprit de l’absurde culture d’État qu’on l’a forcé à ingérer, pour laisser place à la vision de la réalité.
Le grimoire
Le livre est avant tout objet de mémoire. Comme le pharmakon des Grecs anciens, concept de poison/remède, cette mémoire peur être conservée ou perdue, pour qui ne réfléchit pas suffisamment.
Issu du vieux francique “grima“ signifiant le masque, le grimoire exprime à la fois la maîtrise des apparences et celle de la grammaire. Ce masque présent dans nombre de cultures possède aussi ce double sens de mensonge et vérité.
La grammaire révèle le sens profond du langage, point central de la spiritualité que dogmes et doctrines tentent par tous les moyens de nous faire oublier. Aum, alpha et oméga, verbe du commencement … l’esprit n’est perverti que par le langage, et ne retrouvera sa pureté que par l’intelligence.
Chaudron et potion
Les flammes et la cuisson représentent le feu détruisant l’illusion, menant à la transformation. La sorcière elle-même détient le pouvoir de se métamorphoser. Méta-morphe, comprendre au-delà de la forme, c’est-à-dire des apparences. Les potions qu’elle concocte figurent le remède pour le corps et l’âme, autant que la connaissance des médecines naturelles. Cet élément trouve un sens crucial à notre époque, quand tout ce qui est naturel disparaît à coups d’interdictions pour laisser place aux saints produits chimiques.
Le chat noir
Ce compagnon félin évoque d’abord l’indépendance. L’autonomie spirituelle. De couleur noire, capable de voir dans la nuit, il exprime comme la lune la découverte de ce qui est caché. Grand chasseur, le chat représente aussi la seule loi naturelle que nos dirigeants et religieux, toujours moralisants, mais jamais exemplaires, s’escriment tant bien que mal à nous faire oublier : la prédation.
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