Julien Sanchez a plusieurs casquettes, à la fois Président du groupe RN au Conseil régional d’Occitanie, Maire de Beaucaire et Porte-Parole du Rassemblement National (Ex Front National), il était à Montpellier pour une conférence de presse sur « Les scandales de l’été ».
Celui qui a travaillé pendant 10 ans au service communication du Front National s’en tient à ses méthodes éprouvées, caractéristiques du RN municipal : proximité et visibilité avec un art consommé de la provocation contrôlée.
En ligne de mire, la politique régionale conduite par Carole Delga, – « incompétence, amateurisme et impréparation à gouverner » –, avec d’une part l’augmentation, après deux ans de négociations, des coûts de transport, notamment pour les abonnés IllimiTER, qui ont enregistré après de multiples couacs des augmentations de 7 à 137,5 %. Le retour de Mme Négrier sur le plan politique deux ans après sa condamnation pour abus de confiance, apparue début juillet pour représenter la Région à la présentation officielle de l’Equipe de France des Métiers 2018 au Ministère du Travail. La politique de l’emploi en Occitanie « Plan Marshall pour l’emploi », qualifiée de plan « marche mal » et de « communication outrancière ». Et enfin, la politique d’accueil de migrants de la Région, 370.000 € votée au mois de juillet pour l’accueil des migrants et la proposition « en plein délire » de Jean-Claude Gayssot, président du port de Sète, d’accueillir l’Aquarius.
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Sur la politique régionale de Carole Delga, Julien Sanchez déplore « une absence de vision pour le territoire, une absence de projet et de programme »
Pour l’élu, Mme Delga « crée des parlements pour essayer de se faire des programmes, encore deux ans et demi après, elle en est à se faire son programme », « un problème avec la Démocratie ».
Un point a plus particulièrement choqué l’élu RN, l’inauguration de la Grande Mosquée de Toulouse en juin dernier en présence de Carole Delga et de l’imam Mohamed Tataï, contre lequel une information judiciaire est aujourd’hui ouverte pour notamment, « provocation publique, par parole, à la haine ou à la violence ». Le chef de file des élus régionaux RN se fait ainsi, assez étrangement, le défenseur de la laïcité, « il y a une séparation très nette, normalement, de la religion et des institutions », « elle rentre dans la mosquée et elle fait un discours dans la mosquée, ça, ça nous pose un gros problème en matière de laïcité, je ne crois pas qu’elle aurait fait pareil dans une cathédrale, ce qui vaut pour les uns, doit valoir pour les autres ». « Nous ne serions pas allés à l’inauguration de cette Grande Mosquée, sachant en plus la personnalité de l’imam de cette Mosquée ».
A contrario, l’élu est moins catégorique concernant la présence des maires au cours des cérémonies religieuses catholiques, notamment la présence du Maire-Président de Montpellier, Philippe Saurel, en écharpe tricolore, à la procession de la Saint Roch, « il faut distinguer deux choses, vous avez la Saint Roch, comme la Sainte Marie Madeleine à Beaucaire, qui est la sainte patronne de la ville, ça c’est le patrimoine, c’est l’histoire, ça existait avant nous, ça existera après nous, c’est lié à l’identité de nos villes, à l’identité de nos régions », « c’est différent de fêter le Saint de sa ville et aller dans une mosquée ». « Je pense que Monsieur Saurel a bien fait d’aller à cet événement parce que ça fait partie de l’histoire de la ville qu’il administre ».
Sur l’Aquarius, le conseiller régional et Porte-Parole du Rassemblement National, dénonce « l’irresponsabilité » de la proposition d’en accueillir les passagers, « je suis persuadé qu’une très nette majorité des habitants de la Région sont opposés à l’accueil d’une immigration supplémentaire, l’immigration quand elle est massive entraîne l’insécurité, on l’a encore vu à Montpellier près d’un lycée ». « Nous sommes aujourd’hui les seuls à ne pas être d’accord avec cette immigration massive et clandestine, qui change le visage peu à peu de notre région ».
Mercredi dernier, le Rassemblement National a obtenu une demi-victoire, sous forme d’une réduction de moitié de la saisie de deux millions d’euros d’aides publiques dans l’affaire des emplois fictifs au Parlement européen.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a ainsi validé le principe de cette saisie inédite, ordonnée le 28 juin par les juges d’instruction, mais a réduit son montant à un million d’euros. Le Porte-Parole du Rassemblement National nous explique, « on conteste et on a toujours contesté cette décision de justice », c’est « un argent auquel on a droit, ce sont les électeurs français qui aux élections nous ont accordé cet argent pour cinq ans », « ce qui nous est reproché dans l’affaire du Parlement européen, d’une part n’a pas été prouvé … et à titre préventif on nous saisit deux millions d’euros et maintenant un million, on considère que c’est totalement aberrant … il y a une dictature des juges et du Syndicat de la magistrature, des juges rouges qui avait fait le mur des cons ». Le parti a déjà annoncé qu’il se pourvoirait en cassation.
C’est la deuxième pomme empoisonnée du parti d’extrême-droite à huit mois des Européennes, qui est encore renvoyé en procès pour des soupçons d’escroquerie aux frais du contribuable lors des législatives de 2012.
Le Rassemblement National survivra-t-il aux Européennes ?
Le Porte-Parole du Rassemblement National est confiant pour les Européennes de mai 2019, « on est dans une dynamique déjà et paradoxalement, vous voyez que l’on n’a eu aucun moyen de fonctionner pendant trois-quatre mois, on a pas eu de compte bancaire aussi pendant plusieurs mois, il ne faut pas l’oublier, une banque a fermé nos comptes sans raison, on nous a confisqué l’argent sans raison », « malgré le fait qu’on ne puisse pas faire de politique », « on est donné à 21% ».
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Avec une forte ambition politique : « on se présente aux élections européennes, en se présentant en gagnant, aujourd’hui, partout en Europe, nos idées sont en train de monter, on a en Italie, plusieurs ministres, avec une cote de popularité très importante, on a en Autriche, des ministres également qui font partie de notre groupe au Parlement européen, on a dans beaucoup d’autres pays des partis souverainistes qui montent, y compris en Allemagne ».
« Avant chaque élection, on nous donne mort … Mais la réalité des faits, c’est qu’on n’a jamais été aussi vivant et eu autant d’électeurs ».
À Beaucaire, scandale sur la fin des repas de substitution
La décision prise à la toute fin 2017 par le premier édile de Beaucaire avait été révélée par le bulletin municipal. Le maire de Beaucaire avait ainsi fait supprimer les repas de substitution dans les cinq cantines de la commune, allant même jusqu’à instaurer, chaque lundi, un repas composé de porc. Le dispositif concernait alors 150 menus sur les 600 servis.
Pour l’élu régional et maire de Beaucaire, « si on autorise les repas de substitutions, avec tous les jours deux plats au menu, ça ne me choque pas, parce que c’est tous les jours, et ça concerne toutes les viandes et tous les menus, si ce n’est que les jours où il y a du porc ce qui était le cas à Beaucaire depuis 2009, depuis l’ancien maire, c’est parce qu’il y a un interdit religieux qui impose à certains de ne pas manger cette viande … donc j’estime qu’on n’a pas à demander à mon personnel municipal de prendre en compte la religion dans l’espace public … quoiqu’il arrive nous ne remettrons pas les repas de substitution ».
Mardi 25 septembre, devant le tribunal administratif de Nîmes, le rapporteur public a de demandé l’annulation de cette décision, non pas sur le fond polémique et politique du dossier, mais sur la forme : « Le maire a décidé seul, de manière isolée, sans tenir compte de la compétence du conseil municipal en la matière », a notamment dénoncé le rapporteur public dont l’avis est souvent suivi par le tribunal. Le tribunal de Nîmes a mis sa décision en délibéré, sans date fixe.
Amusé le maire de Beaucaire va plus loin, « le juge ne pourra pas annuler l’absence de repas de substitution dans les écoles, il pourra annuler ma décision qui a été prise en décembre de supprimer les repas de substitution, cette décision a couru du mois de janvier 2018 au mois de juin 2018. En juin 2018, le conseil municipal a décidé lui aussi de supprimer les repas de substitution … et il avait deux mois pour attaquer la décision, et personne n’a attaqué la décision au bout de deux mois ».