Quoiqu’il eût fait un peu frais… ce samedi 9 décembre à midi, un milliardaire en peignoir de bain sortant de son yacht amarré au quai d’Alger aurait eu le plaisir de pouvoir partager un pique-nique avec les Sétois du Collectif marina Sète, avant d’aller faire un plongeon dans la piscine du yacht-club, et une partie de tennis, pour mieux profiter de sa sieste. D’un coup d’hélico, il serait allé dans la soirée, dîner dans un resto de l’arrière-pays, pour découvrir la bistronomie occitane. Un dernier décollage et on aurait eu la joie de pouvoir le croiser dans un club du Cap d’Agde. Bref, cet homme formidable ferait ainsi profiter toute la région de son ruissellement.
Fantasme assumé puisque le contrat aurait été signé entre EPR Port Sud de France ( Jean-Claude Gayssot, président de cet établissement public régional ) et IGY Marinas ainsi que P&O Marinas.
Plus réaliste, on parle d’équipages en goguette dans la ville, des dizaines d’employés par bateaux, parait-il ? Ne communiquer que sur une nième nouvelle dynamique économique, n’est-ce pas le signe que l’horizon est moins rieur qu’il n’y parait ?
« des projets signés et créés, il y en a plein qui sont tombés à l’eau… »
Pour le Collectif marina Sète qui ne se laisse pas berner par une photo montage avec yachts, piscine et tennis qui illustre le projet : agir reste d’actualité. Ils sont ancrés dans le réel : l’argent, les nuisances, les emplois, la privatisation totale du lieu, l’environnement, le stationnement, autant de questions à aborder, alors que dès janvier P&O Marinas, et IGY Marinas devraient créer, et gérer 12 postes au quai d’Alger, pouvant accueillir des navires jusqu’à 100 m de long. Notons que l’on ne parle jamais de hauteur, c’est mieux pour le voisinage, un mégayacht peut facilement atteindre 2 à 3 étages.
La mobilisation reste active avec une volonté de débattre en toute transparence sur l’avenir étonnant de ce quartier. Pour l’heure une consultation citoyenne des habitants est encore nécessaire et rien n’est terminé, comme nous l’explique Gabriel, membre du collectif : « des projets signés et créés, il y en a plein qui sont tombés à l’eau… » Interview :
Le vrai risque pour Sète est de rester un garage à yachts, avec des rotations permanentes. Les promesses d’emploi risquent de ne briller qu’au large, les destinations privilégiées par ce genre de clientèle sont la Côte d’Azur, la Corse, la Sardaigne avec Porto Cervo, voire Ibiza. Et les chantiers, bien moins couteux que ceux installés sur le sol français, ne sont qu’à quelques milles nautiques.
Restons optimistes : Sète deviendra peut-être une nouvelle destination pour les milliardaires propriétaires de yachts et leurs équipages qui viendront manger et tremper des Zézettes dans le muscat du pays. Mais avant ce doux rêve et ce ruissellement miracle, une analyse collective et objective de la situation semble justifiée.
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