Soucieuse de montrer qu’elle est proche de ceux qui vivent de la terre, Marine Le Pen avait prévu une après-midi de visites dans le Gard, aux côtés du candidat Rassemblement National Jean-Paul Garraud, composée d’une visite d’une rizière, d’un vaste vignoble précédant un long point presse, dans un salon d’un hôtel chic du coeur de ville de Nîmes. Le planning a été respecté à la lettre. Reportage en pleine Camargue.
#Politique : Visite d’une rizicultrice près de Saint Gilles dans le #Gard pour @JPGarraud en présence de @MLP_officiel Présidente du @RNational_off et de @jsanchez_rn maire de #Beaucaire. @louis_aliot et @GilbertCollard sont également présents. #regionales2021 pic.twitter.com/ngem9xYyA7
— Le Mouvement (@lemouvementinfo) May 20, 2021
Proche des producteurs locaux, la présidente du Rassemblement National prend le temps de les écouter. Elle pose très peu de questions, écoute les diverses doléances et plaintes des propriétaires terriens. Elle se sait observée, scrutée et maitrise chacun de ses gestes et de ses propos. L’animal politique n’est jamais bien loin et elle ne manque aucune occasion de marteler que « quand [elle, ndlr] sera élue à la Présidence de la République, les choses changeront vraiment, après des décennies d’inaction. » Mais, prudente, la Présidente du parti n’a jamais détaillé, à aucun moment, le contenu de son programme pour l’agriculture hexagonale. Les producteurs présents cette après-midi auraient sûrement aimé l’entendre ébaucher une esquisse de programme. Il n’en sera rien.
Insécurité, ouverture et procès en sorcellerie
Après deux bonnes heures passées au grand air, dans la Camargue, sous un soleil estival, Marine Le Pen, accompagnée de Jean-Paul Garraud, candidat du parti nationaliste aux Régionales, Louis Aliot, maire de Perpignan, Julien Sanchez maire de Beaucaire, Gilbert Collard député européen et avocat pénaliste, a tenu un long point presse dans une salle de réunion d’un grand hôtel du centre-ville de Nîmes.
« C’est simple, Jean-Paul Garraud et Marine Le Pen s’expriment puis ensuite questions-réponses » avait précisé un membre du staff de la Présidente du Rassemblement National, auprès des nombreux journalistes présents. C’est effectivement dans cet ordre-là que s’est déroulé le point presse.
Disert, le candidat frontiste a fait le point en toute franchise sur la campagne qu’il mène et mènera sur les 6 semaines à venir.
« Tous les jours, on entend des crimes, des drames, des policiers pris pour cible, ici, mais aussi partout en France, des jeunes qui se font agresser sans raison. L’insécurité est latente, partout, omniprésente et notamment dans les transports régionaux. C’est d’autant plus vrai pour les femmes, partout, dans toute l’Occitanie, » entame le candidat qui annonce d’emblée qu’il « nommera dès sa prise de fonction, un vice-Président spécifiquement chargé de la Sécurité sur tout le territoire, » sans toutefois donner plus de détails sur les prérogatives de ce futur poste sensible.
« Le chaos règne dans le pays. Les médias nous annoncent chaque jour de nouveaux drames, » claque le candidat pour bien insister sur l’insécurité « persistante » dans l’hexagone, dans le débat de la conférence de presse, et notant à ses yeux, une « délinquance de plus en plus puissante sur Nîmes et les environs, » sans toutefois donner de chiffres précis, permettant clairement de corroborer ses propos.
Soucieux de ne pas trop s’éloigner de son objectif sur ces Régionales 2021, Jean-Paul Garraud est très vite revenu sur la campagne électorale en cours. « Je ne suis pas encarté au Rassemblement National et je ne souhaite pas l’être. Je reste proche de la Droite Populaire. Je suis donc bien une candidature d’ouverture, une ouverture qui est plus que jamais nécessaire sur ce territoire, » a argumenté le candidat.
À défaut de fournir des chiffres sur l’insécurité, l’ex-magistrat s’est montré plus concis sur cette « ouverture » qu’il affirme incarner.
« Tout récemment, à Montpellier, dans l’Hérault, Frédéric Bort, ex-proche de Georges Frêche à Montpellier nous a rejoint. Son soutien est une joie pour nous et c’est un ralliement précieux pour nous, qu’il assume clairement, très clairement et fièrement. Je l’en remercie publiquement, devant les médias cette après-midi, » a précisé le candidat. Présent dans la salle de conférence, le principal intéressé a du apprécier le remerciement appuyé.
Évoquant Georges Frêche, l’ancien magistrat a profité de l’occasion pour critiquer les autres partis politiques. « Frédéric Bort était membre du Parti Socialiste. Il a été proche collaborateur de Georges Frêche, lorsque celui-ci était l’homme fort de Montpellier. Il a finalement été exclu du Parti Socialiste. Aujourd’hui, je me demande ce qu’il reste du parti socialiste, » a affirmé le candidat d’extrême-droite. Après avoir critiqué la gauche, Jean-Paul Garraud n’en a pas pour autant oubliÉ la droite. Et il a taclé « Les Républicains » en une phrase cinglante. « Chez LR, ils sont séparés en deux camps. Les LR d’en haut, les dirigeants et les élus sont incapables de diriger quoi que ce soit. Les militants, ceux d’en bas, sont déboussolés, perdus. Ce qui fait que clairement, aujourd’hui Les Républicains ne sont plus un parti de gouvernement. » Les principaux intéressés apprécieront.
« Nous allons gagner des régions. J’en suis convaincue. Nous sommes présents sur 1645 cantons cette année, c’est 8 fois plus que le Parti Communiste Français et 4 fois plus que Les Républicains, » attaque d’emblée Marine Le Pen, prenant le relais, au micro, de son candidat. La Présidente du parti enfonce le clou en précisant que « le Rassemblement National est le premier parti de France sur ces départementales, » tandis que son voisin aux pupitres, candidat aux Régionales en Occitanie, n’avait lui, parlé que des Régionales.
« Face à l’effondrement général du pays, nos propositions pour ce territoire comme pour la France sont justes, responsables et sages, » a plaidé la femme politique, sans toutefois préciser d’elle-même le moindre détail sur les fameuses « propositions. »
Présente en terre gardoise toute l’après midi avant de rentrer en soirée en Île de France, Marine Le Pen n’a pas manqué l’occasion en or qui lui était offerte de nationaliser la campagne électorale en cours et s’est lancée dans un long argumentaire contre l’exécutif en place et le parti présidentiel : La République En Marche dans son ensemble. Un argumentaire in fine favorable au Rassemblement National. « Les Républicains et le parti de M. Macron ne rassemblent plus. Ils ne rassemblent rien. Ils fusionnent ou tentent de le faire comme on l’a vu en région Provence Alpes Côte d’Azur, » a commenté Marine Le Pen.
Citant nommément Eric Dupond Moretti, l’actuel Garde des Sceaux, la Présidente du « RN » a assuré que l’actuel ministre de la Justice comme les proches du Président de la République « usent pour nous attaquer, de phrases longues, certes, mais n’argumentent rien du tout. Donc, c’est clair, ces gens nous injurient, » a conclu la Présidente du parti. Venue de Paris, Marine Le Pen a probablement marqué des points auprès des agriculteurs rencontrés en Camargue. Mais une chose est sûre : elle a tenté de nationaliser, par sa présence, une campagne régionale. A voir si, dans quelques semaines, les électeurs occitans seront sensibles à cette stratégie politique… ou pas.