La campagne de Jean-Michel Blanquer en faveur de ce qu’il perçoit comme étant la laïcité a fait vivement réagir organisations syndicales, élus, ainsi que la Vigie de la Laïcité formée récemment par les anciens responsables de l’observatoire de la laïcité dissous par le gouvernement.
En effet, on y voit des affiches présentant, pour aller vite, des enfants noirs ou arabes, avec des prénoms tels que Aliyah, Tidiane, Malia, Irmane etc, expliquant que le fait qu’ils se côtoient avec d’autres, jouent ensemble ou portent le même maillot « c’est ça la laïcité ».
Difficile de faire plus insistant, rétrograde et niais. Ce que sous-entend assez lourdement la campagne de Blanquer c’est que les musulmans sont des séparatistes en puissance, qu’ils menacent l’égalité homme femme, l’école, et même l’amitié voire l’amour, et donc « la laïcité ».
Ceci s’inscrit dans un large courant où la laïcité est invoquée à tort et à travers, en premier lieu contre les musulmans. Or non, ce n’est pas « cela la laïcité ». Quand on cherche à la voir partout, elle n’est finalement nulle part.
Car dans les écoles privées confessionnelles catholiques financées par l’argent public, on peut aussi jouer ensemble et porter le même maillot. A l’inverse, on peut être dans le cadre de la laïcité et avoir des écoles non mixtes où garçons et filles sont séparés.
Encore une fois : la laïcité, inscrite dans la loi de 1905, c’est la séparation des Eglises et de l’état, la neutralité des institutions et des élus vis-à-vis des questions religieuses. Concernant l’école, cela devrait être : fonds publics à la seule école publique. Si combat il doit y avoir en faveur de la laïcité à l’école, il se situe là.
Il est clair que la vision politique qui sous-tend cette campagne est une conception « anglo-saxonne » du multiculturalisme. Ce n’est pas la séparation, c’est l’addition des communautés. La France n’est pas : un arabe, un blanc, un noir, un juif, un bouddhiste. Mais c’est ce que disait Ernest Renan : « un plébiscite de tous les jours sur un projet et une vision : la Nation ». Tout cela montre que la loi contre « le séparatisme » ne procède pas d’une conception républicaine et laïque basée sur le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, mais sur la mise en place d’un communautarisme séparatiste « blanc et occidental » contre les présupposés musulmans. C’est la conception d’une « laïcité plurielle » qui encense les différences, au lieu de respecter la liberté de conscience de chacun. C’est la guerre civile qui se prépare par l’apologie du communautarisme le plus éhonté.
Mais pourquoi cette campagne tombe précisément maintenant ? Il ne s’agit pas uniquement d’une posture idéologique. La rentrée verra indéniablement se dessiner l’inégalité dans la différence de traitement entre les élèves vaccinés et non vaccinés, accompagnée d’une pénurie de moyens en particulier en postes. Alors que dans le même temps, la loi Debré continue à déverser des fonds publics à l’école privée.
Pour faire oublier les raisons de la colère, il faut divertir, détourner l’attention, même en faisant vibrer les cordes chères à l’extrême droite. De l’islamo gauchisme dans les universités, à la stigmatisation dans les écoles, c’est toujours la même œuvre préparant des incidents et des affrontements. Cela n’empêchera pas les mêmes d’aller stigmatiser toutes manifestations d’ampleur, comme les Gilets Jaunes ou celles pour le retrait du passe sanitaire, comme étant le creuset de « l’extrême droite ».
Mais les laïques ne sont pas isolés. Le congrès de La FNLP à Voiron fin août 2021 a pu marquer l’attachement de très nombreuses organisations aux principes laïques telles qu’inscrits dans la loi.
Nous nous félicitons donc des multiples réactions, en particulier la Vigie de la laïcité, de la FSU34 ou celle de la députée Ressiguier. L’école doit retrouver la place qu’elle n’aurait jamais du quitter. Les moyens humains et matériels doivent lui revenir en exclusivité. En cette rentrée, elle est là la laïcité, et tôt ou tard, la remise en cause de la loi Debré sera à l’ordre du jour.
Libre Pensée
Fédération Unie de l’Hérault