La dégradation de la santé mentale des français n’est plus à prouver, surtout chez les jeunes.
Selon Santé Publique France, les états dépressifs ont ainsi augmenté de 23% entre janvier et février et de 32% pour les troubles de l’anxiété des jeunes (entre 18 et 25). Les causes sont connues : isolement social, désenchantement, inquiétude quant à l’avenir, précarité et difficultés à trouver des stages. Zoom sur la situation des étudiants en Occitanie !
À titre de comparaison, sur 31 étudiants de Montpellier interrogés, 41% ont été fortement impactés sur le plan psychologique, 45% ont été particulièrement touchés par le stress, 22% ont rencontré des difficultés financières et près de 10% sont tombés en dépression.
Si ces témoignages ne peuvent refléter avec précision la situation régionale, les résultats de l’ambiance anxiogène actuelle sont bien représentés. Si tous les jeunes ne tombent pas en dépression, plus de la moitié de ceux rencontrés perdent leur motivation et ont du mal à suivre les cours.
Anonymement, certains témoignent, « le hashtag étudiant fantôme reflète bien les difficultés des étudiants : sensation d’isolement, difficulté à se projeter dans l’avenir, impression de passer à côté de sa jeunesse, stress sans issue, et la sensation que cette crise n’aura pas de véritable fin » .
« Je me sens privée de liberté culturelle. Je suis bien consciente des faits, mais les politiques tiennent des discours totalement contradictoires. »
Cette dissonance constitue l’un des facteurs principaux de l’augmentation de l’anxiété ou de la dépression comme a pu l’expliquer, à sa manière, la psychologue clinicienne Marie-Estelle Dupont dans l’émission Apolline Matin. « Un être humain est programmé pour faire face à l’épreuve, à la famine, à la guerre, à la pandémie. »
« En revanche, on n’est pas fait pour gérer les injonctions paradoxales. En effet, les gens se sont sentis pris dans des injonctions très contradictoires avec des informations qui changeaient tout le temps et cette incertitude, à partir du moment où elle s’est installée dans le temps, a épuisé les ressources adaptatives. »
Un point de vue partagé par l’une des étudiante interrogée, « on rassemble 400 collégiens ou lycéens dans un self, des équipes de sport de haut niveau entassées dans des bus ou des salles de sport pour l’entraînement, et nous étudiants, travailleurs, jeunes et moins jeunes, ne pouvons pas nous retrouver pour manger autour d’une table dans un restaurant où tous les gestes barrières peuvent être respectés et contrôlés ou seulement déambuler dans un musée. »
En paralléle, l’entraide entre les étudiants se démocratise : exemple à l’appui avec Tarik Oukil qui prépare des plats pour les étudiants en situation précaire à Montpellier.
Etudiant en master de droit et passionné de cuisine, Tarik Oukil a tout misé sur la solidarité pour soutenir ses camarades en leur préparant de bons petits plats. « Comme je savais que c’était compliqué pour pas mal d’étudiants, j’ai posté sur le groupe étudiant avec des images de quelques uns de mes plats en proposant pour ceux qui galéraient, de venir se servir gratuitement à la maison quand ils le voulaient », explique-t-il.
« Certains me racontaient qu’ils avaient un budget de 3 à 5 € par jour. Ce que je faisais les soulageait beaucoup », poursuit-il. « Au delà de ça, ça leur permettait de voir du monde et de ne pas rester bloqué dans 10m2. J’ai reçu pas mal de monde, mais souvent les mêmes têtes revenaient car elles ne pouvaient pas assumer les conditions dans lesquelles elles étaient. »
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« Entr’Etudiants », quésaco ? Du porte à porte pour donner la parole aux jeunes en souffrance et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls.
En effet, ce sont souvent ceux dans le mal-être le plus profonds qui se replient et s’enfoncent dans l’isolement. Par honte, par culpabilité ou par crainte, ils peuvent se couper du monde extérieur.
« Entr’Etudiant » a été établi en partenariat avec le CROUS. Il porté par le PEPA de Montpellier (point écoute parents-adolescents), un établissement du GROUPE SOS. Il s’agit d’un programme de prévention santé lancé en 2021 destiné aux étudiants de 3 cités universitaires : la cité universitaire du Parc à Montpellier, Matisse à Nîmes et Moulin à vent à Perpignan.
« L’idée, c’est d’envoyer sur chaque résidence universitaire, un binôme de deux étudiants qui ont pour fonction d’aller à la rencontre d’autres étudiants au porte à porte pour voir si tout va bien, pour faire de la prévention santé, pour vérifier qu’ils ne soient pas trop en souffrance. Mais, en effet, ils ont rencontré des étudiants qui étaient beaucoup en souffrance, dont certains qui n’ont pas mangé durant 3 jours ou encore d’autres qui étaient en dépression », explique Marie Riondel du GROUPE SOS.
« L’objectif est de rendre visite à tous les étudiants au moins une fois, afin de repérer les besoins et de montrer que malgré la situation, on peut dépasser toutes ces barrières et qu’on peut s’en sortir. »
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Ces étudiants, appelés « étudiants-pairs », organisent deux permanences par semaine entre 17h et 20h sur place, où les jeunes peuvent venir les voir. Le fait de choisir des étudiants pour répondre à cette mission semblait logique. Ces derniers connaissent en effet concrètement les problématiques soumises aux jeunes de leur âge.
Ces jeunes sont formés et accompagnés par le PEPA de Montpellier. Ils sont embauchés en CDD sur un temps partiel. C’est par ailleurs toujours le même binôme qui est présent sur la cité universitaire.
Quel est le profil type d’étudiants dans le mal-être ?
Marie Riondel a répondu : « C’est au cas par cas, donc c’est très difficile de définir un profil type. On s’est rendu compte qu’il y avait un gros mal-être dû au fait que ces jeunes sont inquiets pour leurs études et pour trouver un stage. Ils se disent qu’ils sont en train de perdre leur année, et ça c’est toutes catégories mélangées.
« Le mal-être est un peu plus fort sur ce point là pour ceux qui sont en fin d’études, mais pour les jeunes qui sortent du bac et qui se retrouvent tout seuls dans leur cité universitaire, le choc est également présent. »
Infos pratiques : Aide psychologique pour les étudiants montpelliérain – contacter le PEPA par mail : pe.montpellier@groupe-sos.org ou par téléphone au 04 67 60 86 46