Sète, grève des pêcheurs décembre 2021 (©JPV)
Sète, grève des pêcheurs décembre 2021 (©JPV)

Restrictions du nombre de jours de pêche, un plan de gestion européen, un chômage partiel prolongé, et les criées comme les pêcheurs sont en danger.

En Méditerranée, ce samedi 11 décembre, les ports d’Agde, du Grau-du-Roi, de Port-la-Nouvelle et de Sète ont été investis par les pêcheurs qui se mobilisent pour s’opposer au plan de gestion de l’Union Européenne. Un plan qui vise entre autres à la réduction du nombre de jours en mer des chalutiers, une mesure qui met la profession en danger. Travailler selon les quotas implique une forte immobilisation des navires. Avec un plan européen adopté, la baisse des jours de sortie en mer par an pourrait passer dès janvier : de 183 jours à 167 jours. Cette chute devrait atteindre les 145 jours en 2026. Des restrictions aux conséquences multiples, sachant qu’un emploi en mer génère environ quatre emplois à terre, et que le seuil de rentabilité est évalué aujourd’hui à 177 jours. Toute une filière risque rapidement d’être déstabilisée.

« On nous empêche de travailler »

Pour Bernard Di Maio prud’homme chalutiers et armateur, « on nous empêche de travailler, les employés se dirigent vers d’autres métiers, et on se retrouve avec des bateaux sans équipage, ça devient très difficile ! » Une dizaine de chalutiers ont accosté devant la capitainerie du port de Sète, et un peu plus d’une trentaine d’armateurs et de pêcheurs sont venus contester les prochaines nouvelles mesures de l’Union Européenne.

Interview Bernard Di Maio, armateur :

Des restrictions « largement excessives » selon Sébastien Denaja

« Tous les conseillers régionaux, quel que soit leur bord politique, soutiennent les pêcheurs parce qu’aujourd’hui les restrictions qui sont apportées à leurs métiers sont largement excessives » explique Sébastien Denaja, conseiller régional PS, en précisant :  « on ne peut pas à la fois réduire les jours de pêche, alors qu’on atteint difficilement le seuil de rentabilité avec la hausse des carburants, et en même temps réduire potentiellement des zones de pêche. »

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie assure son total soutien pour les négociations que la profession va mener dans les prochains jours, et souligne : « il en va de la pérennité de plus de 2 000 emplois, dont 1 300 emplois directs sur notre littoral. Il s’agit également de sauvegarder la chaine de production pour l’alimentation des habitants d’Occitanie. »

Interview Sébastien Denaja, conseiller régional d’Occitanie :

« Les pêcheurs ont décidé de se battre, ils ont raison, » assure François Liberti

Les décisions à venir lors du Conseil des ministres de l’Union européenne concernant le plan de gestion « West Med » avec notamment la réduction à 167 jours de pêche par an, s’appliqueront à tous les chalutiers d’Espagne, de France et d’Italie. Question environnement, deux espèces seraient menacées : le merlan et le rouget. Les armateurs souhaiteraient en collaboration avec l’Ifremer une évaluation des stocks de pêche de façon annuelle. Et selon eux, la fermeture choisie de certaines zones à différentes périodes suffirait à rééquilibrer les populations de ces espèces.

« Les pêcheurs ont décidé de se battre, ils ont raison, » assure François Liberti, ancien maire de Sète. Il dénonce les grands groupes de l’industrie alimentaire qui développent « une surexploitation sur toutes les mers du monde » en faisant fi des quotas, alors « qu’on désigne comme coupable la pêche artisanale. Ça, c’est absolument scandaleux ! » François Liberti, note « le savoir-faire, et l’intelligence » de la filière au fil des années, avec « des efforts importants qui ont été faits pour préserver les ressources. » Et il affirme que « les mesures prises d’en haut, n’ont aujourd’hui aucun sens, sinon que de faire disparaître cette activité. »

Interview François Liberti, ancien maire de Sète :

Dégradation des ressources en mer, et pollutions terrestres

« L’Ifremer comme d’autres instituts scientifiques, ont prouvé dès le tournant 2008, que la dégradation des mers et de la ressource halieutique, provenait d’une origine terrestre […] c’est aux pêcheurs de demander des dommages et intérêts à tous ceux qui ont pollué nos mers et détruit nos ressources et leur espace de travail » défend France Jamet députée européenne.

Face à un constat, « de 40 chalutiers il y a une dizaine d’années à Sète, à 17 aujourd’hui » Frédéric Bort, Conseiller régional d’Occitanie et délégué départemental du Rassemblement National soutient : « on marche sur la tête, parce que l’Europe applique un plan dans lequel elle ne veut plus voir de pêcheurs. Elle considère que la pêche est nocive pour l’environnement. Je crois que c’est une erreur, et on doit se battre avec les pêcheurs pour éviter qu’ils soient remplacés. »

Interview France Jamet, Député français et membre de la commission de la pêche du Parlement européen :

Selon les choix et décisions à venir, les pêcheurs envisagent d’autres actions plus importantes, avec cette fois des grèves qui pourraient perturber toute la filière, des distributeurs aux consommateurs. À suivre donc dès le mois de janvier, où les chalutiers pourraient engager un blocus illimité, avec des mobilisations suivies par l’Espagne et par l’Italie.

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