La MÉR de Combaillaux : L'affaire est très très loin d'être terminée (CR CDS)

[VIDEO] À peine plus de 24 heures après la démolition aussi brutale que rocambolesque de la MÉR à Combaillaux, une kyrielle d’associations et mouvements citoyens plutôt à gauche et tous écologistes tenait un point presse devant les grilles de la Préfecture de l’Hérault.

Tous ces militants associatifs étaient accompagnés de la dynamique avocate montpelliéraine, Me Sophie Mazas, par ailleurs, avocate de la Ligue des Droits de l’Homme dans l’Hérault.. Pourquoi ? Quelles suites à cette destruction ?

« Quand cela s’est produit, tous, on dormait tous. La veille au soir, on avait fait ensemble, un vrai dîner aux chandelles. On avait aussi fait un atelier menuiserie avec des produits de récupération. Il y avait une vraie bonne ambiance. Ensuite, chacun est allé se coucher de son côté, tranquillement, et puis il y a eu tout ça ». Ces mots sont de Cathy, trentenaire héraultaise et militante écologiste. Elle était dans la MÉR, hier peu après 7 heures du matin quand a eu lieu ce qu’elle considère être « une opération commando » de la gendarmerie. L’objectif était clair : détruire le lieu… et permettre ainsi la poursuite du chantier du dernier tronçon du L.I.E.N.

[VIDEO] Interview Cathy Aberdam, militante associative : « il est encore possible de se battre, et il est encore possible de faire entendre raison à ceux qui défendent ces solutions d’un autre âge. »

Pour le retour sur le déroulement des faits, Cathy Aberdam et la juriste, Me Sophie Mazas se répartissent les rôles. « On était tous en train de dormir comme je vous disais et en quelques minutes, je me suis retrouvée allongée par terre, menottée dans le dos et je ne devais surtout pas parler », explique la jeune militante avant d’ajouter qu’« ils étaient venus en nombre voire clairement en surnombre. On a su après, qu’en fait, il y en avait encore autant voire plus, à l’extérieur, des gendarmes. Tous, ils encerclaient totalement le bâtiment. Comme si, on allait s’enfuir comme des voleurs ! »

La trentenaire complète son propos en se souvenant qu’un camarade à elle qui « dormait dans son propre camion, s’est retrouvé à être réveillé par les coups que donnaient les gendarmes sur la porte. Il n’a pas entendu la moindre sommation et s’est vite retrouvé en caleçon à leur ouvrir la porte. Il a lui aussi été plaqué au sol, comme nous, et menotté. Je crois que lui n’a pas eu trop de chance. Ils l’ont maintenu avec du serflex autour des poignets ».

L’étrange impression laissée par ceux qui ont vécu de l’intérieur, ou via leurs proches concernant cette intervention laisse apparaître qu’elle a été mise en place rapidement, et préparée de façon à ne pas laisser la moindre chance à la poignée d’occupants de la MÉR, au point d’aller les chercher, au moment où ils dorment, pour la plupart en sous-vêtements, et qu’ils n’avaient pas jusqu’alors présenté jusque là, le début d’une once d’intention de passer à des actions violentes pour défendre leur « Maison ».

Si la jeune femme reconnaît qu’il n’y a pas eu de violences policières, son visage marqué ne laisse que peu de doutes sur le choc émotionnel qu’elle a pu ressentir devant le déferlement d’hommes en armes aux premières heures de la journée, ce jeudi 22 octobre.

Pour la suite, l’avocate Sophie Mazas prend le relais. « Sur les lieux, il y avait beaucoup de gendarmes. Ils ont menotté tout le monde. Puis, certains ont été mis en garde à vue dans différents lieux sur la métropole. On leur reproche différentes choses. Juridiquement, l’expulsion d’hier semble complètement illégale », s’agace la juriste avant d’ajouter que « les gardes à vue ont été fondées de façon totalement disproportionnée. Ils se sont basés sur des faits d’escroquerie, car les jeunes occupants ont produit un faux document pour bénéficier de l’électricité dans la bâtisse. Sachant que cette électricité, ils s’étaient engagés à la payer, donc il n’y a pas d’escroquerie vu qu’ils voulaient payer le prix annoncé ».

[VIDEO] Pour Sophie Mazas, cette opération constitue « un fait grave ». Pourquoi ?

Sollicité à plusieurs reprises en tout début d’après-midi, le Département de l’Hérault a fait savoir que dans l’immédiat, le Président Kléber Mesquida ne fera aucun commentaire. La collectivité ne souhaite en effet pas rajouter de la polémique à la situation actuelle.

Quid de la MÉR ? 

Présents sur place en toute fin de matinée, ce jeudi 22 octobre, certains militants associatifs ont pu constater à leur grand regret que la « maison » avait été entièrement rasée et que la MER n’était plus qu’un tas de gravats, promptement récupéré par les ouvriers de l’entreprise de démolition présente sur place, quelques minutes à peine après l’arrivée des gendarmes qui ont procédé à l’expulsion de « la dizaine d’occupants écologistes et pacifistes » pour reprendre les mots de deux militants présents cet après-midi devant la Préfecture de l’Hérault.

Quid de la suite des travaux ? 

« Sur ce dossier vieux de vingt ans au moins qu’est celui du L.I.E.N, on assiste à un important déploiement de la force publique hier matin », s’étonne l’avocate Sophie Mazas. Très au fait sur les affaires environnementales comme celles-ci, la juriste s’agace de voir que « les pouvoirs publics ne veulent clairement pas s’occuper des soucis environnementaux sur notre territoire ».

Même si le dossier du L.I.E.N. semble bien plus vieux que les occupants énergiquement délogés hier matin de la MER, les travaux devraient donc se poursuivre dans les prochains mois sur le tracé du dernier tronçon prévu au nord de Montpellier.

« Le terrain où c’était situé tout ça, la MER, appartient au Département de l’Hérault. C’est de notoriété publique. Mais, concrètement, ces dernières années, le  budget des investissements, donc incluant les travaux sur ce terrain, du Conseil départemental a augmenté ces dernières années, de plus de 200 millions d’euros de façon à prendre en compte ces travaux pour le L.I.E.N. Celui qui était en charge du budget dans l’institution jusqu’à tout récemment, n’est autre que l’actuel Maire de Montpellier, Michaël Delafosse », s’amuse une source proche du dossier, fin connaisseur de la vie politique locale.

On n’a donc clairement pas fini d’entendre parler du L.I.E.N. routier autour de Montpellier. Par contre, le lien entre les pouvoirs publics et les associations écologistes semble lui définitivement rompu !

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