Lors d’une conférence de presse en ce début de semaine, Patrick Vignal candidat aux municipales a présenté ses deux nouveaux colistiers dans le cadre de son programme Santé et Solidarités : Tal Anahory, chef de service au CHU de Montpellier, et Robert Le Stum, médecin généraliste et référent soins palliatifs à la clinique Clémentville.
« Le dépassement politique, » c’est son expression. Il y avait le, ni gauche ni droite, comprendre le En Marche ! Aujourd’hui au local Patrick Vignal lance la notion du « dépassement politique ». Réunir Marie-Thérèse Mercier qui roule pour la majorité de Carole Delga au conseil Régional, et l’opposition avec Tal Anahory, conseillère régionale au sein du Groupe Union des Élus de la Droite et du Centre, le député de l’Hérault en est assez fier : « franchement quand je dis ça à mes collègues parisiens, ils me disent, mais comment tu fais ? Comment je fais ? Simplement, on agrège les talents, les compétences […] avec des gens qui veulent voir Montpellier au centre du jeu. »
Puis précision technique : « ce ne sont pas des ralliements, c’est mieux que ça. Ce sont des gens qui veulent faire ensemble et qui sont capables de fendre leur armure politique. J’appelle cela le dépassement politique. » Et dans ce dépassement, la séquence semble presque surréaliste.
Aux côtés du député LaREM, dont l’ex-ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn est restée figée face une crise hospitalière sans précédent, et a aussi plié devant Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, intervient Tal Anahory : « aujourd’hui, il pleut. Moi quand je rentre dans le hall du CHU Arnaud-de-Villeneuve, je vous assure, faite l’expérience, j’ouvre mon parapluie et je rentre. Puis, je traverse parce qu’il pleut à l’intérieur… » Elle poursuit : « les médecins s’épuisent […] quatorze médecins et trois agrégés sont partis ces dernières années. Il y a un réel problème : les urgences sont engorgées à tous les niveaux. On ne peut plus évoluer […] Nous avons un projet entre les médecins, les hospitaliers et les chercheurs pour donner un nouvel élan à l’hôpital ».
La nouvelle colistière est sincère, elle veut développer la restructuration du CHU, et dit-elle : « après discussions avec Patrick, il m’a dit, ben banco ! Ça m’a plu […] j’ai accroché. »
Le marcheur n’hésitera pas à se transformer en campeur
Le candidat à la mairie qui fait partie de la majorité présidentielle est décidé : « il faudra qu’on y mette les moyens parce que les médecins sont à bout […] on ne peut plus continuer à traiter le monde médical comme on le traite. Alors oui ça coute de l’argent, mais il faudra le trouver. Je pense que c’est une des priorités… » Le candidat déclinera d’entrée de jeu la fonction de Président du CHU en tant que maire, au prétexte de ne pas être « un chef à plumes », l’une de ses expressions fétiches.
En revanche, le marcheur n’hésitera pas à se transformer en campeur pour la bonne cause. Et il l’explique ainsi dans cette tirade : « quand on est maire, on s’ouvre le ventre pour sa ville […] Dès qu’on sera élu, on tapera auprès du ministère […] et on attend le temps qu’il faut devant le Ministère pour avoir gain de cause […] La politique c’est un rapport de force […] Moi je me suis engagé auprès de Tal et de Robert, ma priorité, dans les 100 jours, c’est de prendre en compte le CHU, et d’aller taper aux portes qu’il faudra. Et s’il faut aller manifester, je serai capable de manifester avec mon écharpe […] Ce CHU est en danger […] Je mettrai Tal sur mes épaules et tous les deux on ira au ministère de la Santé, on ira chercher Olivier Véran qui est un de mes amis […] Et je resterai le temps qu’il faudra avec ma tente Quéchua, devant le ministère pour avoir gain de cause, parce que c’est comme ça que ça marche ».
[AUDIO] Extrait-conférence de presse : “quand on est maire, on s’ouvre le ventre pour sa ville … c’est comme ça que ça marche.”
Tal Anahory fera de la surenchère en égrenant les exemples : « est-ce que vous croyez que Douste-Blasy n’a eu aucun rôle dans la construction du CHU de Toulouse ? Est-ce que vous croyez qu’Alain Juppé n’a eu aucun impact dans la construction du CHU de Bordeaux ? Est-ce que vous croyez que Mattei n’a eu aucun impact sur la construction du CHU de Marseille ? » Mais très vite dans cette logique d’influences qui verrait notre Patrick Vignal campeur à Paris, pour obtenir son CHU, un confrère du média Le Métropolitain offre à ce raisonnement une mise en abime judicieuse : « est-ce que madame Belloubet n’a eu aucun impact sur l’attribution de la nouvelle cour administrative d’appel à Toulouse ? » Rires pincés… Et un temps de silence.
Reste que le candidat tête de liste de « Montpellier en Capitale » est déterminé, et que sa priorité est de « se battre pour le CHU de Montpellier qui est en danger […] Pour obtenir des choses pour sa ville, il faut se battre, » dira-t-il encore.
Montpellier en Capitale de la Santé
Pour Robert Le Stum, l’autre colistier : « 20% des Montpelliérains ont renoncé aux soins. » Alors sa priorité, c’est la prévention dans un premier temps. Mais surtout faciliter l’accès aux soins pour ceux qui sont dans la précarité. Son urgence faire face, et aider « toutes les personnes isolées socialement […] il nous faudra prendre en charge les SDF. Ils ont une espérance de vie pour la femme de 48 ans, pour l’homme de 53 ans. » Autres zones d’action : le désengorgement des urgences avec un médecin régulateur, et en proximité la volonté d’agir pour réduire la toxicomanie. Selon lui, Montpellier serait la ville où il y a le plus d’addictions à la cocaïne et au cannabis.
Les grands axes du programme Santé pour Patrick Vignal sont : la prévention équitable pour tous, l’aide aux personnes vulnérables (précarité, isolement social), l’égalité de l’accès aux soins avec une simplification des parcours. Côté dynamique, l’idée serait de renforcer le lien entre le public et le privé. Formation, plus de filières autour de la santé et des services à la personne, et point fort : création de la cité des sciences du vivant et de la médecine. Puis avec force : la restructuration et la modernisation du CHU. Le député candidat précise : « je suis un combattant et l’hôpital sera une priorité à Montpellier.» Il entend bien en faire une ville pilote avec l’application du projet du professeur Olivier Claris qui a pour mission d’étudier « la gouvernance et la simplification des hôpitaux » dont les conclusions sont attendues, pour le mois de mars.