Avec son concept abstrait de « l’art d’être français » Emmanuel macron annonce une intervention sans effet waouh, ni effet pschitt. Mais une forme d’oral pour examen de Grandes Écoles qui ne semble pas de nature à répondre complètement aux mouvements sociaux qui ont « agité » l’hexagone.
L’art d’être français : « c’est être enraciné, mais universel, c’est sa capacité à débattre de tout et en permanence, et porter un projet de résistance et d’ambition pour aujourd’hui et pour demain »
Mais c’était pour mieux dérouler ses quatre « orientations » pour ce « nouvel acte » que le président souhaite proposer aux Français. Reste à savoir si tous ses mots sauront guérir les maux quotidiens de citoyens en colère.
Replacer l’humain au centre
Le grand débat semble avoir aussi servi de thérapie au Président qui a déclaré être transformé et pouvoir : « toucher plus clairement l’épaisseur des vies. » Emmanuel Macron affirme ainsi avoir « beaucoup appris, » et c’est dans cet état d’esprit qu’il présente ses quatre « orientations » qui portent sur la représentation démocratique, la justice fiscale, l’écologie et le projet national français.
En présentant le grand débat comme le révélateur « d’un profond sentiment d’injustice, fiscale, territoriale, sociale », avec toutes ces « vies oubliées de nos politiques publiques qui nous disent : je travaille, je participe, mais je vis mal.» Emmanuel Macron pose d’entrée de jeu la question : « Est-ce qu’il faudrait tout arrêter ? Je me suis posé la question : est-ce qu’on a fait fausse route ? Je crois tout le contraire », affirme-t-il, car « les résultats commencent à être là. »
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 25, 2019
Les quatre orientations
Changements « en profondeur » de notre démocratie et de notre administration. Emmanuel Macron lance l’idée d’une part significative de proportionnelle à l’Assemblée et une limitation du nombre de mandats dans le temps. Et en même temps, pour le référendum d’initiative citoyenne, il dira : « je ne le souhaite pas. » L’autre réponse négative aux Gilets Jaunes, en plus de ne pas mettre en place le RIC : pas de reconnaissance du vote blanc. En revanche il dit vouloir « aller plus loin sur le référendum d’initiative partagé en simplifiant les règles ».
Du service public partout
Emmanuel Macron affirme urgent, de mener un « nouvel acte de décentralisation ». En matière de logement, de transport, de transition écologique, il « faudra s’appuyer sur quelques principes : responsabilité, lisibilité et financement ». Il définit l’aveuglement du centre : « nous avons trop de monde à Paris qui prend des décisions sans voir le problème ou les gens. Il n’y a plus assez de monde sur le terrain, près des gens, pour apporter des solutions. Je veux qu’on remette des fonctionnaires sur le terrain…» Et le chef de l’État évoque la remise du service public sur tous les territoires, en assurant que tout service serait « à moins de trente minutes », et aussi plus de fermetures d’hôpitaux ni d’écoles sans accord du maire. Autre changement : les maisons de services publics s’appelleront « France service » avec des services de l’état, des collectivités locales et des opérateurs. « L’État doit repenser son action sur le terrain en cessant la fermeture des services publics ». À propos de la suppression de l’ENA : « il faut repenser la formation » de la haute fonction publique, annonce le président. « Je souhaite que nous mettions fin aux grands corps. »
La justice fiscale
L’impôt sur la fortune, dont les Gilets Jaunes demandent depuis plusieurs mois le retour, Emmanuel Macron explique : « L’ISF est apparu comme une injustice fiscale. Je veux rappeler que ce n’était pas une suppression, mais une transformation vers le patrimoine immobilier pour encourager l’investissement dans l’économie réelle, puisque, sans ça, il y a une économie qui se vend aux investisseurs étrangers. Je me fais un devoir de la défendre et s’il n’est pas efficace nous en ferons le bilan. C’est une réforme pour produire, pas un cadeau pour les plus fortunés. » Certaines niches fiscales seront visées, mais pas de hausse d’impôts : « Je veux des baisses pour ceux qui travaillent en réduisant significativement l’impôt sur le revenu », précise le Président, sans donner d’autres précisions. Pour exprimer ensuite : « les vraies inégalités ne sont pas fiscales. » Autre angle, le chef de l’État établira une liste de thèmes sur lesquels le gouvernement devra travailler pour : « lutter contre les vraies inégalités, qui sont celles d’origine, et de destin.» Occasion pour Emmanuel Macron d’éclairer à nouveau son plan pauvreté, ainsi que ses mesures en matière d’éducation.
Un revenu universel d’activité
Le président parle alors d’une « meilleure association des salariés à l’intéressement, une répétition cette année de la prime exceptionnelle entrée en vigueur l’année dernière, et de la mise en place d’un revenu universel d’activité ». Action aussi sur la réindexation des retraites de moins de 2 000 euros. Pour lui, la crise des Gilets Jaunes prouve qu’il « faut aller plus loin » en matière de travail.
Écologie, projet national, et 250 personnes tirées au sort
C’est une annonce importante : la création d’un « conseil de défense écologique ». En matière d’écologie, le Président estime que « l’on a beaucoup de solutions, mais trop complexes et peu utilisées. » Il veut la création d’une « convention citoyenne de 250 personnes tirées au sort, qui aura pour mission de travailler sur ce sujet, définir d’autres mesures incitatives ou contraignantes, et proposer des financements pour se faire ». Et question timing, « pour donner de la clarté sur toutes nos actions » Emmanuel Macron parle d’un horizon 2025.
Un système de retraite juste
Une réalité : le vieillissement de la population, Emmanuel Macron estime que « nous devons mettre en place un système de retraite juste, par points, présenté à l’été et qui doit remettre de la confiance ». À propos de situations de dépendance, et de la charge énorme que cela représente pour les familles des personnes âgées : « nous finaliserons, pour cet automne une stratégie pour restructurer une filière qui va embaucher pour qu’à horizon 2025, elle doit être appliquée »
Retrouver les permanences du projet français
C’est cash : « il faut savoir dire ce qu’on veut garder et consolider, sinon, je l’ai bien senti, tout est cul par dessus tête. » Pour parler du fait de mieux accompagner les familles, définies par son expression : « profondément transformées. » Emmanuel Macron relance encore le thème des « mères seules », et annonce vouloir donner : « une prérogative de puissance publique à la Caisse d’allocations familiales pour qu’elle puisse recueillir les impayés des pensions familiales ». Il reliera aussi l’engagement associatif, et le service national universel. Selon le chef de l’État, « le service national universel est la matrice indispensable, vers ce qui fait très précisément cette nation citoyen, je souhaite qu’on en accélère le développement. » Et Emmanuel Macron a foi dans le tissu associatif qui « joue un rôle formidable ».
Sa Conclusion sera sur la laïcité et sur l’Europe avec : « la loi de 1905 est notre pilier, pertinente, fruit de bataille, doit être renforcée et appliquée. » Puis le président enchaine rapidement sur la politique migratoire : « l’Europe doit repenser sa coopération avec l’Afrique pour limiter la migration subie et doit renforcer ses frontières, quitte à avoir un espace Schengen avec moins de pays […] Je crois très profondément à l’asile, mais nous devons renforcer la lutte contre ceux qui en abusent ».
Premier de cordée
À noter : la notion de “premier de cordée” réexpliquée en long, en large, et en travers, pour finir par dire que : être en cordée, c’est la responsabilisation et la solidarité, en rappelant que si le dernier décroche, toute la cordée peut décrocher, « et c’est un peu ça les Gilets Jaunes. »
Reste un mois avant les élections européennes, les annonces d’Emmanuel Macron donneront-elles de nouvelles orientations à la suite de son quinquennat ? Représentation démocratique, justice fiscale, climat et « projet français » : à suivre…