« Les citoyens ne sont pas des irresponsables, adressons-nous à leur intelligence collective, ne les enfermons pas dans des interdits, » c’est ainsi que René Revol défend toute la légitimité de ses propositions pour éviter un nouveau confinement. « Il y a une alternative au moyen-âge, il a une façon moderne de répondre à la pandémie » ; « Ne retournons pas au procédé médiéval, d’enfermer tout le monde chez soi. »
Pour le maire de Grabels et vice-président de la métropole de Montpellier : « la bonne pratique nécessite un réel partenariat entre les autorités de l’État et les communes. » L’idée forte : c’est plus d’autonomie. Objectif : équilibrer et adapter la vie de la commune, pour continuer à vivre avec cette pandémie, et pour éviter un nouveau confinement. Ses 5 propositions ont été présentées à Jacques Witkowski, préfet de l’Hérault.
René Revol souhaite pouvoir endiguer la troisième vague, en faisant appelle à l’action, et « à l’intelligence collective, » à l’échelle de la commune. Pour rendre possible cette nouvelle forme de gestion de la crise sanitaire : « je voudrais que nous nous saisissions tous d’une alternative qui permette à la fois de lutter contre l’épidémie, de nous protéger sur le plan sanitaire, mais en même temps de maintenir une vie sociale active, » défend le maire de Grabels. Un souhait aussi : « mobilisez-vous pour que cette alternative au confinement soit présentée publiquement par tous. »
Le vice-président de la métropole de Montpellier tient à souligner : « on vient encore de fermer dans la région parisienne, depuis le mois d’août 5.000 lits de réanimation, on va à nouveau nous enfermer, parce que les capacités médicales ont été diminuées, donc je dis : il y a une autre façon de faire. »
[VIDEO] Interview avec René Revol, maire de Grabels et vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole : « Ne retournons pas au procédé médiéval, d’enfermer tout le monde chez soi… Il y a une alternative au moyen-âge, il a une façon moderne de répondre à la pandémie. »
L’appel de René Revol, « mobilisez-vous pour que cette alternative au confinement soit présentée publiquement par tous » :
Comme vous le savez, la ville de #Grabels a fait 5 propositions pour éviter un nouveau confinement. Oui la société du roulement est possible !
🔴 Mobilisez vous pour que cette alternative au confinement soit présentée publiquement partout
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— René Revol (@RevolRene) February 1, 2021
Texte des 5 propositions de René Revol :
Proposition 1 : maintenir les écoles ouvertes en organisant la rotation des élèves
Nous l’avons expérimentée avec les petits moyens de la commune entre le 11 mai et le 22 juin 2020. Chaque classe fonctionne en demi-effectif, autour de 12 élèves avec leur enseignant. Pendant ce temps, des personnels communaux, étatiques ou associatifs assurent des études surveillées ou des activités d’éveil, y compris en extérieur. Dans notre commune, il y a 31 classes élémentaires et maternelles avec une moyenne de 25 à 26 élèves par classe il s’agit de trouver 31 salles (ou 25 si on tient compte de parents qui souhaiteraient garder leurs enfants dans cette demi-période). En réquisitionnant également toutes les salles associatives, nous disposons, avec les salles supplémentaires des écoles, des locaux nécessaires. Pour l’encadrement de ces demi-groupes en dehors du cadre scolaire proprement dit, nous proposons un partenariat préfecture, commune et associations éducatives pour recruter ce que nous pourrions appeler de nouveaux emplois jeunes, ce qui leur permettrait de valider une première expérience éducative formatrice. Les emplois civiques financés par l’État nous ont donné satisfaction et nous constatons qu’ils sont loin d’avoir été tous mobilisés nationalement. Si nous avons pu le faire seuls dans notre commune en mai juin de l’année dernière, cela peut être fait partout avec la bonne volonté de tous et le soutien de l’État. Naturellement les personnels affectés à ces demi-groupes travailleraient sous le contrôle pédagogique des enseignants référents. Nous pourrions organiser les demi-groupes hors du champ scolaire avec des horaires aménagés qui nous permettraient de diviser par deux la présence dans les salles de restauration scolaire. Toute la communauté éducative a pu constater depuis septembre les ravages causés sur la majorité des élèves par plusieurs mois d’interruption de l’école. Nous avons aussi le retour d’expérience des pays qui ont fermé leurs écoles pendant plus de six mois avec de véritables générations sacrifiées. Nous ne pouvons pas renouveler cette expérience et nous proposons ici une solution alternative raisonnable.
Dans la même optique, le fonctionnement en demi-groupes présentiel/distanciel alternés adopté pour les collégiens et lycéens porte ses fruits, pourquoi refuser de l’appliquer à l’échelle des étudiants ? Les étudiants, ces jeunes, nos jeunes, oubliés dans toutes les réflexions du gouvernement crient aujourd’hui leur désarroi. En situation de précarité et d’isolement pour la plupart, ils doivent redoubler d’efforts, faire preuve de volonté, de courage et de ténacité pour suivre au quotidien, des cours en distanciel, auxquels s’ajoutent des réunions de groupes de travail, toujours en distanciel, comment ne pas craquer, comment ne pas abandonner ? Quelles perspectives d’avenir pour ces jeunes qui passent leurs journées à “regarder les murs et leur écran” ?
Proposition 2 : maintenir tous les commerces de proximité avec des jauges strictes et des dispositifs de distanciation et de lavage des mains.
Cela implique par ailleurs que la grande distribution soit beaucoup plus contrôlée pour que lui soient imposées des limitations de fréquentation comme cela a été le cas au printemps dernier et qui malheureusement n’a guère été maintenu alors qu’en même temps le commerce de proximité se mourait. À l’échelle des communes, nous avons su l’organiser et tout le monde a pu constater qu’à l’époque ce ne sont pas les commerces de proximité qui provoquaient les rassemblements. Parmi eux, pourquoi ne pas imposer que les lieux de restauration et de convivialité puissent aussi s’organiser en accueillant le quart de leurs capacités et en répartissant dans tout leur espace la présence de chacun avec le port du masque en dehors des périodes d’alimentation et les distances réglementaires. Cela a été expérimenté dans plusieurs villes du monde sans que soit constatée de contamination. Quant au marché de plein vent, nous sommes très fiers, dans notre commune, de l’avoir maintenu en permanence, envers et contre tout, avec des règles très strictes suivies par toute la population, particulièrement heureuse de garder ce lieu d’approvisionnement et de vitalité locale.
Proposition 3 : une nouvelle organisation du travail négociée collectivement
D’abord, pour les métiers qui le peuvent, maintenir le télétravail sur deux à trois jours par semaine. Sa généralisation à 100 % s’est avérée très dangereuse par l’isolement que cela a provoqué. Il faut donc maintenir une ou deux journées permettant aux collectifs de travail de se rencontrer. Mais ayons conscience que la majorité des activités ne peuvent pas appliquer le télétravail. Il faut donc trouver un système de décalage des horaires qui permette le moins de brassages possibles. Là aussi nous avons expérimenté des rotations dans nos administrations qui se sont avérées efficaces tant dans le maintien de l’activité que dans la protection des salariés. Instituer des heures de pause, notamment méridienne, décalée doit être quand même possible pour les adultes quand on le fait déjà pour les enfants. On peut faire cela très rapidement dans le secteur public (en tout cas notre commune y est prête) et le mettre en oeuvre dans le secteur privé avec des dispositions réglementaires que l’inspection du travail sera chargée de vérifier. Nous pouvons accompagner ce processus avec notre police municipale.
Proposition 4 : imposer une jauge dans les transports en commun et généraliser les mobilités actives douces.
La rotation des horaires des activités économiques, commerciales, administratives et scolaires peut parfaitement être planifiée à l’échelle intercommunale et faire ainsi baisser les flux au moment des heures de pointe de manière drastique. Plusieurs métropoles mondiales ont mis cela au point et nous pouvons parfaitement les imiter. Dans le même temps, les transports en commun doivent appliquer une jauge en organisant entrées et sorties avec l’aide d’un personnel adapté. Nous l’avons très bien mis au point dans les transports scolaires et nous pouvons parfaitement nous y préparer pour tous les types de transport. Par ailleurs, la gratuité des transports peut s’envisager pour faciliter le recul de l’engorgement automobile, mais cela nécessite un soutien financier de l’État aux collectivités concernées qui ne se seraient pas engagées dans ce processus.
Par ailleurs, le soutien financier et logistique aux déplacements doux est essentiel dans cette période comme le prouve l’expérience de la métropole de Montpellier.
Proposition 5 : pour le maintien de la vie culturelle et sportive.
La culture au sens large et le sport sont des éléments intrinsèques de la vie sociale et doivent cesser d’être la variable d’ajustement des mesures sanitaires. Pour le sport, nous allons progressivement vers des jours plus longs et un climat plus clément à partir de fin février. Nous pouvons parfaitement mettre au point le maintien, le développement d’activités sportives en plein air en utilisant les semaines qui viennent à le préparer minutieusement. Les clubs et les associations concernés ne manquent pas de propositions et d’imagination, et on se doit de tous les prendre en compte.
Nos concitoyens sont indignés de voir les grandes surfaces bondées ainsi que les transports en commun aux heures de pointe, et qu’en même temps un concert, une pièce de théâtre ou un film ne peut, lui, être projeté. Il suffit d’installer un spectateur tous les deux sièges avec l’obligation de se laver les mains à l’entrée et à la sortie pour que cela soit possible. Par ailleurs l’accompagnement des projets artistiques et culturels de plein air (art de rue, infrastructure à ciel ouvert…) est essentiel à la relance de ce secteur d’activité en grande difficulté aujourd’hui tout en facilitant l’accès au plus grand nombre. Plus personne dans ce pays ne comprend ces interdits dont les effets sociaux sont catastrophiques tant sur les professionnels du spectacle et de la culture que sur la population qui se voit ainsi scotchée à ses ordinateurs et à sa télévision dans une absence totale d’interaction. Là aussi du 22 juin au 15 octobre, nous avons appris de l’expérience sur le plan local et nous avons su mettre en place des dispositifs protecteurs efficaces. Pourquoi ne pas s’en inspirer ? – René Revol en ligne.