Christian Assaf n’est pas connu du grand public*, il vient pourtant de faire publier dans le Midi Libre une tribune qui illustre bien la tentative de cléricalisme ambiant : l’ingérence du politique dans le religieux, et l’instrumentalisation de celui-ci. Ceci n’est pas propre à M. Assaf : avant lui, la candidate de la République en Marche, Nathalie Loiseau, a invité la presse à une messe le 14 avril sur l’île de la Réunion.
Rien de contraire à la loi de 1905, puisque l’ancienne ministre n’est que candidate, mais assurément tentative d’utiliser la religion pour gagner des voix, sur fond de communautarisme à des fins électoralistes.
Christian Assaf a donc décidé de partir en croisade, mais sans nommer quiconque (la technique dite « suivez mon regard ») ni donner le moindre fait, contre ceux qui pourraient critiquer le don du Conseil Régional Occitanie/Midi Pyrénées à la restauration de Notre- Dame de Paris. Les mots sont choisis : « ont-ils en mémoire la cité antique de Palmyre saccagée par les bombes ou les Bouddhas de Bamiyan détruits par les talibans ? »
Comprendre donc : ceux qui pourraient s’indigner de l’argent coulant à flot sur fond d’opération politique d’union nationale autour de Macron, sont soupçonnés d’être des complices passifs des terroristes. Mais également de dangereux xénophobes ! Ainsi plus loin : « ce sont les mêmes [mais qui donc ?, ndlr] qui lorsque l’on vient en aide aux réfugiés le dénoncent ». Ce Monsieur aurait pu rajouter, tant qu’on y est, des accusations d’antisémitisme, de transphobie, de misogynie etc. Comme personne n’est nommé, on peut donc accuser ses critiques d’à peu près tout et n’importe quoi, et surtout de n’importe quoi.
Le style, c’est l’homme : incapable de déployer des arguments valables ni de nommer clairement les choses, l’homo politicus médiocratus, pour se faire bien voir par ceux qui lui accorderont peut-être une place sur la future liste pour les régionales, se doit de manier l’outrance ; et contre l’indignation du peuple, on peut y aller : les faiseurs d’opinion aiment toujours beaucoup.
Bien entendu, nous transmettrons aux réfugiés que la France leur vient en aide (hélas, sans doute est-elle bloquée dans son élan par les hordes de Gilets Jaunes?), ils sauront apprécier cette information ! Chez Assaf, chaque phrase est l’indécence caractérisée ! Soyons clairs : sans le dire ouvertement, on peut quand même comprendre que la bile de Christian Assaf est dirigée, en creux, contre les Gilets Jaunes, qui, il est vrai, ont pour beaucoup été indignés de ces flots d’argent subitement débloqués de partout, dans une France que l’on nous dit asphyxiée, aux caisses soit disant vides, où il est impossible d’augmenter le moindre salaire sous peine de ruine générale de l’économie.
Comme beaucoup, les gilets jaunes ont été attristés de voir partir en fumée un bâtiment aussi beau et contenant autant d’heures de travail que Notre Dame de Paris. Mais comme beaucoup, nous avons été indignés de l’instrumentalisation qui en a été faite, en particulier par Macron, comme il a l’a fait dans le passé récent avec l’antisémitisme.
Monsieur Assaf : nous partageons cette indignation devant ces sommes qui se chiffrent en milliard d’euros, devant cette nouvelle opération pour tenter assez vainement de sauver le président actuel, qui vient d’ailleurs de battre un nouveau record d’impopularité, malgré une faible marge de manoeuvre !
Monsieur Assaf, quand l’Arabie Saoudite bombarde avec des armes françaises les Yéménites, hommes femmes et enfants confondus, où est donc le don du Conseil Régional, ou au moins l’indignation quant au rôle de la France ? Où sont donc vos mots si durs à l’encontre du gouvernement du fait de son rôle dans cette boucherie ? Quand donc ces vies fauchées pourront-elles regarder les étoiles et prendre de la hauteur, comme vous nous y invitez, vous qui en avez pris tant et qui nous éblouissez de votre sagesse ?
Monsieur Assaf, quand des immeubles partent en fumée du fait des marchands de sommeil, comme ce fut le cas à Marseille, avec des morts à la clef (et pas uniquement des dégâts matériels), où est donc votre tribune ?
Monsieur Assaf, à part jouer les premiers de la classe pour montrer que vous défendez votre clan d’élus locaux pour avoir votre place dans un quelconque hémicycle, quel est donc votre utilité sociale ?
Alors Monsieur Assaf, faites passer le message à vos amis : continuez votre vie de politicien provincial sans envergure, mais s’il vous plait, ayez un peu de décence !
Libre Pensée
Groupe Universités et Citoyens de Montpellier
Fédération Unie Libre Pensée Hérault
PS : Monsieur Assaf, nous reproduisons en intégralité votre billet paru dans le Midi Libre en date du 21 avril afin que tout le monde puisse se faire une idée de toute l’étendue de vos talents. Chacun pourra estimer si votre place est dans les étoiles ou ailleurs.
1 et on ne peut pas dire qu’il gagne à être connu. Ex candidat sur la liste de Jean Pierre Mourre, laminée aux dernières municipales, il fut également candidat aux dernières législatives de 2017. Député sortant ayant récolté 5% des inscrits, score que l’on peut qualifier de modeste, il fait partie de ces « socialistes » qui ont réussi à faire le vide dans et hors de leur parti.