Depuis mon intervention lundi dernier sur le plateau de Cnews, les réseaux sociaux montpelliérains se déchaînent. C’est de bonne guerre à condition qu’elle se pratique à visage découvert.
Or les réseaux sociaux permettent à ceux qui prétendent faire de la politique autrement de la pratiquer lâchement, bassement, honteusement et de le faire en toute impunité. Ce n’est ni ma conception ni ma pratique, aussi je les laisse à leurs claviers et à leurs masques. Je ne suis pas dupe de ces petites manœuvres de ces hommes de l’ombre. Pour eux, la politique autrement se pratique anonymement.
J’ai été élu à Montpellier dans la majorité municipale de Georges Frêche en 2001, puis au Conseil général de l’Hérault, et enfin député en 2012. J’ai été réélu dans la majorité présidentielle en 2017.
Mon mandat de député de la nation ne me détourne pas de l’intérêt que j’ai pour ma ville. Il n’a échappé à personne que les élections municipales qui auront lieu en 2020 échauffent les esprits, excitent les convoitises des petits marquis et de leurs courtisans pour lesquels la chose publique consiste à protéger leurs acquis.
Je veux dire à cette meute de « toutous de maimaire » qu’ils perdent leur temps et qu’ils seraient bien inspirés de le consacrer à leurs mandats. Aucune de leurs attaques ne me décourage, ils devraient le savoir, l’effet est inverse. Ils me confortent dans l’idée que la vérité derrière laquelle ils se drapent sortira des urnes en 2020. Et il n’est pas sûr qu’elle leur convienne. En l’absence de bilan, quoi de plus efficace, à leurs yeux que de jeter le discrédit sur l’autre pour masquer leurs propres carences ?
Je suis Député La République en Marche de la 9ème circonscription de l’Hérault, un tiers de la circonscription est sur le territoire de Montpellier. À ce titre, je m’exprime sur ce qu’il s’y passe. Ou plutôt sur ce qu’il ne s’y passe pas. Car passé les effets de manche, que reste-t-il de ce mandat ? Des pratiques politiques qui ont desservi les habitants, des réalisations hasardeuses, un isolement et un appauvrissement de la ville… Je comprends que cette vérité dérange.
Mais au fait, de quoi suis-je la cible ? La question du mensonge en politique est de mon point de vue la cause de la défiance généralisée que tous les élus – ou presque – doivent affronter. Je ne vais pas me dérober ici. Mais au préalable, je veux remettre mes propos dans le contexte de l’émission, puisque c’est finalement la raison pour laquelle j’intervenais ce soir-là. Nous étions invités à débattre du mini remaniement et des propos que Sibeth Ndiaye, nouvelle porte-parole du gouvernement aurait tenu sur Tweeter. Nous savons depuis que son tweet sur le décès de Simone Weil est un montage grossier qu’elle a elle-même démenti et que son tweet sur le « mensonge assumé pour défendre le président » concernait la vie privée… du Président. Mon indignation et mon emportement concernaient cet aspect des attaques très virulentes de la part d’un chroniqueur de l’émission et plus globalement de l’opposition. En effet Sibeth Ndiaye dérange. Elle dérange parce qu’elle renvoie à ses propres échecs une classe politique dépassée et déconsidérée. Elle dérange parce que son parcours et sa réussite gênent ceux qui considèrent qu’être Secrétaire d’État et s’appeler Sibeth Ndiaye est une offense à la France. Il est probable qu’Éric Zemmour ne lui pardonne pas son prénom. Je laisse ces esprits étriqués à leur médiocrité et je préfère saluer le talent, les différences et dans une certaine mesure l’insolence. Et surtout, je préfère la juger sur pièces que la brûler sur place.
Maintenant mes propos sur la vérité en politique. On peut me faire beaucoup de reproches, mais pas celui-là. Parmi les critiques entendues, les plus nombreuses concernent mes passages fréquents sur les plateaux de télévision. Il est vrai que je les enchaine. Mais pour quelles raisons les journalistes m’invitent-ils ? Je tiens à disposition, puisque la vérité est le sujet de cette réponse, la totalité des mails et messages d’invitation que je reçois. Les journalistes m’invitent parce que je suis un homme libre. Ma parole est sincère, authentique, cash diront certains.
Je dis les choses au risque de déplaire. Et j’ai bien l’intention de continuer de le faire. Élevons ensemble le débat un instant. Tous les mensonges sont-ils de même nature ? Certains sont-ils légitimes et d’autres moins ? Dans notre vie politique récente, l’affaire Cahuzac, comme tant d’autres, ont laissé des traces. L’homme a menti au Président et à la nation entière.
Les anciens faisaient la distinction entre le mensonge véritable qui cherche à tromper en installant « l’erreur dans l’âme d’autrui » et l’autre mensonge plus vertueux, qui peut être un instrument utile entre les mains des gouvernants, selon Platon, à condition seulement qu’il soit utilisé dans l’intérêt de la Cité. Mentir dans son intérêt personnel pour dissimuler ses avanies au fisc relève de la première catégorie. Dissimuler la vérité concernant des affaires d’État dans l’intention de protéger les citoyens contre des dangers et des menaces extérieures certainement pas, vous me le concéderez. C’était le sens de ma comparaison malheureuse avec le terrorisme sur ce plateau de télévision.
Donner de l’espérance aux Français doit-il être considéré comme un mensonge ? L’attaque est à la fois idiote et perfide. Donner de l’espérance c’est montrer la voie et faire en sorte que tout le monde l’emprunte. Pour le bien commun, pas pour dissimuler je ne sais quelle difficulté. Notre pays souffre au moins autant de ses inégalités que de ceux qui s’en réjouissent pour vendre leurs illusions. Et je devrais m’interdire de chercher, de proposer, de débattre librement au nom de dogmes que l’histoire a déjà condamnés ?
Je tenais à dire ma vérité publiquement, à visage découvert, et je propose à tous ceux qui veulent en faire autant de débattre avec moi. Mais il est vrai que la calomnie anonyme est plus confortable, la vérité n’en est pas mieux servie, et la leur n’est pas plus reluisante.