L’entretien a été enregistré la veille, à Verdun avec le journaliste-animateur Nikos Aliagas, et a été diffusé le mardi 6 novembre, dans l’édition de la matinale d’Europe 1.
35 minutes d’une intervention du chef de l’État qui dit souhaiter une « vraie armée européenne, » mais pas uniquement, il a aussi parlé : chèque-énergie, carburants, nationalisme belliqueux, années 30 et peurs dans les quartiers.
Nikos Aliagas citera Ouest-France pour lancer la thématique de l’Europe qui protège : « le weekend dernier, dans Ouest-France, vous dites que vous êtes frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l’entre-deux-guerres, vous jouez à nous faire peur, ou c’est une conviction ? » Emmanuel Macron dénonce alors l’absurdité du nationalisme belliqueux, dans « une Europe de plus en plus fracturée » à cause de partis politiques qui « jouent sur les peurs. »
Macron, l’Europe qui protège, préserver la parenthèse dorée
« Nous devons nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie, et même des États-Unis d’Amérique. Quand je vois le président Trump annoncer, il y a quelques semaines le fait qu’il sorte d’un grand traité de désarmement qui avait été pris : je le rappelle après la crise des euromissiles au milieu des années 80 […] qui en est la victime principale ? L’Europe, et sa sécurité. Donc non, je n’exagère en rien, je suis simplement lucide. » Et le chef de l’état enchainera : « nous sommes dans une Europe qui depuis 70 ans, vit une parenthèse de paix inédite, mais qui est aujourd’hui fracturée par la montée des nationalismes. » Pour ensuite conclure : « on voit le tragique réapparaître avec la montée des réarmements, et des grandes puissances, et donc nous avons besoin d’une Europe plus forte, moi c’est le combat que je mène. Nous avons besoin de ne pas faire bégayer l’histoire et d’avoir une Europe qui protège, qui protège les travailleurs […] ce que je veux vous faire toucher du doigt, c’est qu’il ne s’agit pas d’agiter les peurs, mais il s’agit d’avoir conscience de ce que nous sommes, et de ce que nous vivons. La paix et la prospérité dans laquelle vit l’Europe depuis 70 ans : c’est une parenthèse dorée dans notre histoire. »
Front National en tête des dernières Européennes, au deuxième tour de l’élection présidentielle… L’Europe vit une parenthèse de paix inédite mais est fracturée aujourd’hui par la montée des nationalismes. #Europe1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 6, 2018
“Moi je crois dans un projet d’une Europe souveraine, d’une Europe Puissance.” De facto, l’Europe ne pourra pas se défendre sans « une vraie armée européenne », clame Emmanuel Macron. « Face à la Russie qui est à nos frontières et qui a montré qu’elle pouvait être menaçante […] on doit avoir une Europe qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des États-Unis et de manière plus souveraine.»
Transports et carburants, peurs à l’école et dans les quartiers
Une fois l’ambiance internationale installée, le Président est passé aux préoccupations internes. Carburants, blocages, violences scolaires et la peur toujours, mais cette fois dans les quartiers : « La peur va changer de camp », annonce Emmanuel Macron en précisant qu’il faudra faire « un travail de civilisation, moral, éducatif, culturel et sécuritaire. »
Transports et carburants
En reprenant l’idée des Hauts-de-France : extension à l’ensemble de la France, de la défiscalisation de l’aide au transport, pour ceux qui ont plus de 30 kilomètres de déplacement par jour. Compatissant le Président a précisé : « Il faut aider nos concitoyens les plus modestes qui n’ont pas le choix …. Parce que nos concitoyens qui sont dans cette situation, je comprends leur colère […] ils se sentent pris au piège en quelque sorte, et ils considèrent que c’est injuste. Ils me disent à juste titre que ceux qui restent à la maison, ceux qui ont la chance de pouvoir habiter à côté de leur travail, eux ne sont pas pénalisés. Moi c’est un peu la double peine, j’ai pas les moyens d’habiter à côté de l’endroit où je travaille. Je suis un courageux, une courageuse, je me lève tous les matins pour aller travailler, et moi on me pénalise. Donc eux, il faut pouvoir les aider, voilà. »
Hausse des taxes sur le diesel : j’entends nos concitoyens qui prennent la voiture tous les jours pour aller travailler, chercher les enfants. Il faut les aider et accompagner les collectivités locales et les employeurs qui y contribuent. #Europe1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 6, 2018
Blocage, le 17 novembre
Le 17 novembre c’est l’appel à bloquer les routes pour protester contre la hausse du prix du diesel, le chef de l’état dit être : « toujours méfiant sur ces grands appels à mobilisation pour tout bloquer, parce que généralement derrière, on trouve un peu tout et n’importe quoi, des choses qui n’ont rien à voir ensemble et des gens qui n’ont pas beaucoup de projets pour le pays, si ce n’est de le mettre à l’arrêt », a-t-il indiqué, en défendant l’augmentation des taxes sur le diesel. Ayant auparavant exposé que : “La voiture ce n’est pas innocent, en France comme le disait le président Pompidou, la bagnole c’est quelque chose,” et en même temps : “on doit davantage taxer ce qui pollue […] les Françaises et les Français, à juste titre, sont aussi attachés à ce que leurs enfants respirent un air qui soit plus pur […] ils veulent voir les émissions qui diminuent dans notre pays. Donc, il faut être cohérent, si on veut une politique de santé publique.”
Violences et peurs à l’école, comme dans les quartiers
En référence à la diffusion au mois octobre d’une vidéo montrant un élève qui menace son professeur avec une arme factice. Un plan d’action contre les violences à l’école doit être présenté d’ici le 15 décembre. Et « la peur va changer de camp et doit changer de camp », affirme Emmanuel Macron. « En matière de lutte contre les trafics et les stupéfiants, et contre les bandes, nous allons durcir très fortement parce qu’on a des quartiers, où se sont installés de la criminalité organisée et de vrais réseaux. On veut les éradiquer » a tenu à faire savoir le Président. Il a aussi indiqué la nécessité d’une « reconquête par les services publics […] et donc il faut rouvrir. Rouvrir de la présence républicaine, rouvrir parfois du commissariat, du bureau de poste, rouvrir des centres des impôts, tout bêtement […] c’est ce qu’on va faire dans les quartiers, je l’annoncerai dans les prochains jours », a-t-il dit.
Oui pour des policiers à l’école, mais : « il faut toujours que ce soit la communauté pédagogique qui en décide, mais il faut que cette possibilité soit ouverte ».
À six mois des élections européennes, le Président français donne le ton sur une Europe qui protège, dans un pays qui doit « retrouver le sens du travail, du mérite, de l’autorité à tous les âges, dans tous les niveaux » a conclu le chef de l’État.