Jacques Witkowski, représentant de l’État, n’aime décidément pas trop rester dans ses bureaux de la Préfecture de l’Hérault. Il effectuait ce lundi 16 novembre, une longue visite au sein d’un hébergement d’urgence dans le centre de Montpellier. Attentif, le Préfet avait prévu de nombreuses questions pour voir les évolutions possibles d’un site que lui, souhaite « clairement pérenniser ». Reportage
L’imposant bâtiment blanc ne paie pas de mine en plein coeur du quartier des Rives du Lez. Il est sûrement connu de vue, de tous les Montpelliérains, mais très très peu savent ce qu’il se passe à l’intérieur. L’écriteau présentant le site comme appartenant à un institut pour la formation professionnelle est trompeur, et pour cause.
Visite de Jacques Witkovski @Prefet34 au centre d’hébergement d #urgence situé près des Rives du Lez à #Montpellier durant 80 minutes cette après-midi. #accompagnement #social #reinsertion pic.twitter.com/HqG3PHYiOB
— le mouvement (@lemouvementinfo) November 16, 2020
Depuis le début du premier confinement, les locaux sont occupés par l’association Gammes. « Vendredi soir, nous accueillons 83 résidents, principalement des hommes seuls, mais pas seulement« , détaille d’emblée, le directeur adjoint du site héraultais. Reconnaissant quelques instants plus tard que ces occupants « ont des profils très variés, des situations sociales complexes, et certains sous curatelle renforcée », le responsable ne nie pas la situation globale, pour le moins délicate, des gens qui y sont accueillis.
Les personnes recueillies sont des gens ayant connu diverses « avaries de la vie« , explique le préfet de l’Hérault Jacques Witkowski. Le directeur précise que la moyenne d’âge des locataires « se situe entre 35 et 42 ans« . La population hébergée est majoritairement assez jeune. Là où l’on pourrait penser que les gens qui ont besoin de cette aide sont souvent à la fin de leur carrière professionnelle.
« Il y a des profils très différents« , confirme Samah Benarabi, éducatrice spécialisée et coordinatrice CHU des Rives du Lez, avant d’ajouter qu’on est « là de 8h à 20h, voire 20h30 pour les gens hébergés ici. Et que la nuit, il y a une équipe de 6 veilleurs de nuit. Ils se relaient. Ils sont 2 par nuit« .
« Un travail au quotidien, vraiment pas facile tous les jours…«
« On les écoute et on les aide autant qu’on peut« , reprend le responsable. Pas moins de 13 personnes sont nécessaires au bon fonctionnement du site héraultais. Six éducateurs spécialisés sont là au quotidien, et se relaient auprès de la centaine de locataires.
« Souvent en fin de matinée et en début d’après-midi, on travaille entre nous. Les équipes se réunissent. C’est dans ces créneaux horaires là que la situation est la plus calme. Cela nous permet d’avancer sur les projets au sein de l’équipe et pour les gens hébergés ici, car le matin et le soir, ce n’est pas vraiment la même histoire« , décrit, souriante malgré tout, Samah Benarabi.
Interview Samah Benarabi, coordinatrice Centre d’Hébergement d’Urgence :
Un site bien situé, mais avec un avenir à construire
« On sait qu’on travaille ici jusqu’au 31 mars 2021. Après, il faudra voir avec l’État, le propriétaire et certaines collectivités locales pour prévoir la suite, et continuer de pouvoir accueillir tous ces gens. Ils sont tous envoyés par le Samu social de l’Hérault, qui fait un formidable travail tous les jours« , affirme, concret, le directeur du site montpelliérain.
Interrogé par la presse locale, le Préfet se saisit du problème et affirme que « si ce site a pu ouvrir dans l’urgence au début du mois d’avril dernier, ce n’est pas pour le fermer tout de suite. Je souhaite qu’il soit pérennisé, et c’est en ce sens que je veux que l’on travaille. C’est en cours. Même s’il y a de menus travaux juridiques à mener, nous nous en occupons. »
Si tant est qu’ils aient pu être inquiets pour leur avenir au coeur de Montpellier, les employés de l’association sont ainsi rassurés. « On est une équipe qui ne se connaissait pas, il y a un an, mais clairement, il y a et nous avons plein de belles choses à construire ici pour aider tous nos résidents« , conclut, sur une note d’espoir, Samah Benabari.