Perquisitions : au siège de la La France Insoumise, du Parti de gauche et au domicile de tous les responsables du mouvement LFI.
« Ne laissez pas une seule seconde croire, que l’on puisse nous intimider.» C’est la phrase de conclusion du premier Facebook Live, de Jean-Luc Mélenchon ce matin. Un Live motivé par une perquisition à son domicile parisien. Ironie, Christophe Castaner délégué général de La République en marche depuis novembre 2017, qui lui aussi a fait face à des « remous de comptabilité », se retrouve en ce mois d’octobre 2018, ministre de l’Intérieur.
Une double enquête
16 octobre 2018, jour de remaniement : l’entourage de Jean-Luc Mélenchon d’hier, et d’aujourd’hui est passé au « scanner » de la justice. Cela pour une double enquête : la première en mai dernier, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire sur les comptes de LFI. Objet : « procéder à des vérifications sur une éventuelle violation » des règles et lois sur le financement des campagnes électorales. La seconde : en tant qu’ex-député européen, le président du groupe parlementaire de La France est aussi victime d’un signalement fait par Sophie Montel. Cette députée européenne RN a produit en mars 2017, une liste des élus français au Parlement européen qui selon ses dires, auraient : « à leur service des assistants ayant par ailleurs des fonctions au sein de leurs formations politiques respectives. »
Rendre l’adversaire inaudible
Dans son appartement, puis sur un balcon, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé via un deuxième Facebook Live de 12 minutes et 25 secondes. « Nous allons publier, mettre en ligne tous nos comptes. » Face à ce qu’il juge comme une agression politique, il invite le plus grand nombre, à faire du « buzz » : « Je vous demande à tous, de faire le plus de bruit que vous pouvez, je vous demande à vous d’être mes témoins de moralité […] Ce nouveau gouvernement, c’est le gouvernement des perquisitions, c’est le gouvernement du viol de la démocratie […] nos comptes de campagne ont été validés. »
Communication fine, rendre l’adversaire inaudible : une maîtrise des images, et de la perception que l’on se doit de semer dans l’esprit du contribuable, une règle incontournable. L’un est perquisitionné, l’autre devient ministre, certes en binôme avec comme secrétaire d’État un ancien patron de la DGSI (Direction générale de sécurité intérieure), Laurent Nuñez. Retour des hirondelles, place Beauvau. Le premier flic de France va démissionner de son poste de délégué général du mouvement LRM, moins d’un an après y avoir été élu. Le personnage emblématique des insoumis quant à lui lance un appel : « les gens, je compte sur vous, parce que je n’ai que vous, pour me défendre. C’est mon honneur d’homme qui va être mis en cause, et je n’ai que vous parce que vous êtes les garants de mon honneur. Et vous avez ma parole d’homme, ma parole d’honneur que je n’ai passé aucun acte qui puisse vous faire honte. Je n’ai rien fait qui soit illégal. » En joueur d’échecs, Emmanuel Macron pourrait dire pour l’heure : « échec et pat ». Jean-Luc Mélenchon ajoute : « n’en faites pas une affaire juridique, n’en faites pas autre chose que ce que c’est : un problème politique. » Reste à observer les effets qu’auront la synchronisation volontaire ou pas, de ces « événements » du 16 octobre.