Quelle déception que le Maire et Président de la Métropole de Montpellier n’ait pas entendu les remarques des architectes urbanistes Paola Vigano et Bernardo Secchi, tous deux grands prix d’urbanisme, et qui avaient dans une étude sur l’avenir de la métropole de Montpellier (« Montpellier 2040 » publiée en 2013) donné un avis très négatif pour une urbanisation de ce secteur.

En plus d’être inondable, le secteur de la gare Sud de France, est surtout excentré. Excentré en kilomètres (6 km du centre-ville et de la gare Saint Roch), mais surtout séparé du reste de la ville par une ligne à grande vitesse, une autoroute (A9) et un boulevard urbain (A709). Cette séparation physique du reste de la ville fait qu’il est très cher de relier ce quartier au reste de la ville : une prolongation de la ligne de tram 1 (qui sera indispensable pour relier le quartier) devra enjamber deux autoroutes et une LGV, donc trois ponts très coûteux et complexes à construire. Et il en sera de même pour toute route, chemin, pistes cyclables. Ce genre de quartier, connu des urbanistes, a vocation à rester excentré, car séparé physiquement du reste.Faut-il dans ce cas tourner le quartier vers Lattes afin de le relier au reste de la métropole ? C’est là que se situent les principales zones inondables. Alors on va se retrouver avec un quartier coincé entre d’un côté trois infrastructures à traverser et de l’autre une zone inondable qui restera non construite.À Montpellier, les études de qualité de l’air montrent que l’essentiel de la pollution est focalisé le long de l’A9 et de l’A709. Car ces voies rapides en plus de générer des nuisances sonores, génèrent un niveau de pollution de l’air important. Ce quartier sera donc le plus pollué de la ville.Comment dans ce cas, vendre des logements de qualité à des habitants qui subiront une pollution sonore (aussi grâce à la LGV) et atmosphérique ?Mais la Métropole pense avoir tout prévu pour attirer le chaland : un déplacement de l’école de commerce (ESC Montpellier) afin d’attirer des jeunes ; un déplacement du stade de la Mosson, au prétexte que ce dernier est en zone inondable on prévoit de le déplacer dans une nouvelle zone inondable ! La création d’une zone hôtelière et de bureaux, surtout sur les endroits qui seront trop bruyants pour y construire des logements.Et en lisière des logements. Et cela reste inquiétant, lorsqu’on voit que l’hôtel qui est situé sur le parvis de l’Hôtel de Ville n’arrive pas à être bénéficiaire et que la totalité du parc hôtelier de Montpellier souffre de la concurrence avec Airbnb et autres locations d’appartements. Lorsque l’on voit que le secteur de l’immobilier de bureau est sur le fil du rasoir dans la ville, avec de la vacance d’immeubles construits récemment.Le quartier Cambacérès va-t-il devenir une zone défavorisée dès sa construction ? Ou la gare SDF (ce sont ses initiales Sud De France) va-t-elle rester longtemps une gare au milieu des champs avec un stade à moitié vide (au mieux la fréquentation du stade de la Mosson est de moitié le nombre de places prévues dans le futur stade Nicollin), une école de commerce et un lycée (lycée Pierre Mendès France déjà construit depuis 6 ans) dans l’attente d’une meilleure conjoncture de l’immobilier hôtelier et de bureaux à Montpellier ? C’est tout un pan de la ville qui risque de souffrir pendant des dizaines d’années qui est prévu.L’exemple de la Mosson avec de beaux équipements (lycées, stade de foot, piscine, parc, école de commerce…) aurait pourtant dû mettre la puce à l’oreille des décideurs locaux : les équipements ne font pas un quartier qui réussit. Un quartier excentré pose en soi un problème de développement urbain. Le marché immobilier actuel à Montpellier, très demandeur de logements, risque d’orienter le quartier Cambacérès vers une zone-dortoir polluée, excentrée et peut-être socialement défavorisée, car qui va vouloir habiter là, du moins tant que le tram ne permettra pas une bonne desserte ? Essentiellement des locataires qui n’auront pas réussi à se loger ailleurs. Ce scénario négatif pend au nez des Montpelliérains et qu’est-il prévu pour éviter cela ? Ne faudrait-il pas mieux repenser tout le projet ? Remettre à plat en fonction des besoins, voire même geler toute construction dans ce secteur tant qu’il ne sera pas étudié pour être relié en tram et en TER ?Les gares excentrées en France créent des secteurs difficiles en terme urbain : une petite visite à Avignon TGV, Valence TGV, etc. aurait été bénéfique, avant de créer ce funeste équipement. Maintenant qu’il est là, il va falloir cogiter et mettre la main au portefeuille afin de rendre ce projet viable. Car c’est l’avenir de la métropole qui est en jeux. L’agglomération ne peut pas se permettre de créer un nouveau quartier qui pourrait cumuler autant de dysfonctionnements que ceux existants actuellement à la Mosson (situation excentrée, difficultés sociales, économiques…). Il faut dès à présent repenser le projet et y investir en infrastructures de transports. Ne pas répéter l’erreur de la Mosson où il a fallu attendre 30 ans, avant d’avoir une desserte en transports en commun correcte grâce au tram.Voici des pistes de réflexion à étudier pour améliorer ce projet mal ficelé :

  • Relier la gare SDF au TER, ce qui permettrait d’aller en 5 min à la gare St-Roch, 10 min de
    Baillargues, 15 min de Lunel, 20 min de Sète : là il devient envisageable de construire un secteur de bureaux autour de la gare.
  • Relier le quartier au tram 1 : pour envisager de construire des logements avec une mixité sociale qui attire ceux qui veulent rester connectés au centre-ville.
  • Relier le quartier en tram 1 à l’aéroport de Montpellier, ce qui permettrait à l’aéroport d’être mieux desservi et à ce quartier d’accueillir en terme hôtelier, ou locatif les voyageurs de l’aéroport.
  • Relier en pistes cyclables et en transport en commun rapide le quartier au futur écoquartier de bureaux Eureka de Castelnau-le-Lez.
  • Relier en pistes cyclables et en transport en commun rapide le quartier aux secteurs de l’avenue de la mer de Lattes et Pérols et surtout les zones de bureaux.
  • Revoir les projets hôteliers en fonction de l’état réel du marché. Envisager peut-être directement des résidences hôtelières locatives de type Airbnb plus en lien avec la demande.
  • Ne pas déplacer le stade de la Mosson, mais le rénover sur son quartier historique de La
    Paillade. Proposer un autre grand équipement sur ce quartier.
  • Et pourquoi pas, déplacer l’ESC, voire d’autres infrastructures d’enseignement pour donner une connotation « jeune » au quartier.

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