Même si la date officielle de la saison printanière n’est pas encore là, le printemps des poètes est ici avec sa 20e édition placée sous le signe de « L’ardeur ».

Au théâtre Molière de Sète à l’heure où le soleil est au zénith, le printemps des poètes, s’est invité en la personne de Jacques Bonnaffé pour dire des poèmes, ravir l’ouïe et le cœur des spectateurs.

Allez ! suivez-nous pour un petit tour poétique, et touristique en bicyclette guidé par Georges Dezeuze, (peintre français né le 28 décembre 1905 à Montpellier et mort en 2004.)

Bicyclette à Amsterdam

Fi de tout ce qui passe et lasse
Dans mon cœur demeure un grand dam
Un seul amour y tient la place
Les bicyclettes d’Amsterdam.

Celle que conduit le bourgmestre
Si raide malgré son bedon
Tenant un cigare en la dextre
Et de l’autre main le guidon

Celle que monte une pucelle
Plus douce que sucre candi
Ou bien que mène une Lady
Juchée très haut dessus la selle.

Celles des Altesses Royales
Laissant leur Rolls à leurs valets
Et roulant à toutes pédales
Oublieuses de leurs palais
Pour faire leurs achats aux halles.

Celles des facteurs des laitières
Des écoliers des écolières
Des clergymen des salutistes
Des chenapans et des juristes

Des Javanais et des cubistes
Des ferrailleurs sur des tricycles
Des poissonniers qui font l’article.

Toutes raides, dignes et noires toutes pareilles,
Sans histoire, hautes sur roues le guidon droit un peu sinistres puritaines
Et délaissant la prétentaine
Pour choisir les chemins étroits.

Corps de métal, mais non sans âme
O bicyclettes d’Amsterdam
De tout mon temps en Néderlande
Délaissant les choses gourmandes

Les œuvres d’art, les jolies femmes,
Je n’eus d’yeux que pour vous mesdames,
Et soupirais de ne pouvoir aussitôt vous posséder toutes
Casanova des grandes routes
Dans l’alcôve des macadams.

Partager l'article :