« À Montpellier les Roms sont expulsés par le feu, » c’était l’intitulé de la conférence de presse animée par Sophie Mazas avocate et présidente de la Ligue des droits de l’Homme de l’Hérault, ce vendredi 17 septembre, devant la préfecture, entourée de familles qui avaient subi la destruction de leurs habitations.
Le mot est fort : « fasciste, » mais pour l’avocate, il est juste. « Ce sont des méthodes fascistes. Mettre le feu a des hébergements la nuit, pour faire partir des gens, dont on pense qu’ils ne sont pas dignes de l’humanité que nous on aurait, ce sont des méthodes fascistes […] on demande à ce que ces procédés cessent. » Pour Sophie Mazas, il n’y a pas que les incendies, il a aussi de la violence, de l’intimidation et de l’indifférence : « on a des politiques qui détournent les yeux […] le silence des politiques qui composent la majorité municipale est assourdissant […] Pourquoi cela se fait dans l’indifférence de la bonne société montpelliéraine ? »
Dans une ville qui se voudrait à « hauteur d’enfants, » pour reprendre une expression chère à Michaël Delafosse, maire de Montpellier, ces derniers jours, il y a des enfants qui n’ont plus de vêtements de rechange. Le peu qu’ils avaient a été détruit avec le démantèlement de leur campement. C’est Rosa* qui témoigne : « j’ai dormi sur la route, j’ai dormi à la croix rouge, au gymnase. Et mon enfant, il va tous les jours au collège, il travaille bien. Et moi je travaille au ménage à l’hôtel. Comment je fais, on a plus rien ? » Elle ne sait pas toujours où elle va dormir avec les siens. Elle préfèrerait retourner dans son camp. Même précaire, celui-ci était bien organisé pour s’occuper de son fils. Aujourd’hui, il y a un petit gars courageux en classe de 5e qui étudie et qui dort comme il peut, et qui se rend à ses cours avec les mêmes habits, les seuls qui lui reste. Mais lui est chanceux, d’autres copains du bidonville ne peuvent même plus aller à leur école.
Conférence de presse « à Montpellier les Roms sont expulsés par le feu » Sophie Mazas avocate et présidente de la ligue des droits de l’Homme #Herault fait le constat de l’usage de la violence, 3e incendie sur un bidonville. Certes, où est la ville apaisée ? pic.twitter.com/CPEm8I3NPy
— Le Mouvement (@lemouvementinfo) September 17, 2021
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« C’est le troisième incendie sur un bidonville, et bizarrement on ne leur demande pas s’il y a une origine criminelle. » Sophie Mazas
Plus surprenant, « le SDIS* n’aurait pas été saisi de demande afin de savoir si le départ de l’incendie était criminel ou pas, » souligne la présidente de la LDH-Hérault. « C’est quand même incroyable, on leur a demandé d’intervenir pour éteindre un feu, c’est le troisième incendie sur un bidonville, et bizarrement on ne leur demande pas s’il y a une origine criminelle à l’incendie […] Ça ne choque personne ! C’est hallucinant, » et Sophie Mazas précise « il y a là, une utilisation de la violence, pour imposer une domination illégale. »
« Politiquement, ça veut dire quoi une ville où un préfet indique qu’il va éradiquer les bidonvilles et derrière un incendie, une évacuation ? Puis un incendie avec deux départs de feu où l’on a de grosses interrogations, avec des pressions et des tentatives de violence sur les habitants. Incendie, expulsion, rebelote un incendie qui nous est décrit comme étant d’origine criminelle et une nouvelle expulsion qui se prépare, » Sophie Mazas avoue être très inquiète. Mais la présidente de la LDH-Hérault qu’elle est reste déterminée : « maintenant on va prendre le temps du droit, après avoir été dans la réaction militante de terrain. »
« Mon objectif n’est pas de vous expliquer comment le préfet peut contourner les pouvoirs du maire. » Grégory Bozonnet
Il y a parfois des concordances de temps qui s’imposent d’elles-mêmes. Grégory Bozonnet, le directeur de cabinet de Michaël Delafosse sortait d’une réunion à la préfecture, ce même jour. Occasion parfaite pour lui poser quelques questions.
Alors qu’après ce nouvel incendie dans un camp de Roms, les associations humanitaires réclament une enquête, Grégory Bozonnet explique : « on vient de réaffirmer avec l’équipe du préfet qu’il y ait un plan de résorption de ces bidonvilles sur le long terme. » Le directeur de cabinet précise aussi « on a été consulté pour savoir qu’elle était notre seule exigence pour éventuellement une mise à l’abri des personnes qui étaient sur la parcelle Mas Rouge 3, et la réponse de la ville a été très simple, c’est du temps. » Ensuite concernant les compétences du maire ou du préfet en fonction des différents cas de figure, Grégory Bozonnet est direct : « je ne commenterai pas davantage les procédures, mon objectif n’est pas de vous expliquer comment le préfet peut contourner les pouvoirs du maire. »
[VIDEO] Grégory Bozonnet, directeur de cabinet de Michaël Delafosse, maire de Montpellier :
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Rosa* : Le prénom a été changé pour préservé l’anonymat de la maman et du jeune collégien
SDIS* : Service Départemental d’Incendie et de Secours