[VIDEO] L’évacuation du campement dit « Zénith 2 », menée par les effectifs de la direction départementale de la sécurité publique, a débuté à 7 heures.
Mardi 31 août, les bidonvilles du Mas Rouge 1 et 2 à Montpellier sont démantelés sur décision du préfet de l’Hérault. Mercredi 8 septembre, c’est au tour de « Zénith 2 » d’être démantelé.
« Lors de l’intervention de police de ce matin, des éléments de nature particulière ont pu être relevés, susceptibles de constituer des infractions », explique le Préfet de l’Hérault, « comme l’existence de chiens détenus dans des conditions de grande souffrance, nous avons saisi la SPA, également la présence plus inquiétante de cadavres d’animaux dépecés, laissant penser à des pratiques d’abattages clandestines constitutives normalement de délit, je précise que ces animaux, ne sont pas totalement identifiés pour le moment ». Des faits difficilement constatables, l’opération étant en grande partie interdite à la presse, malgré les invitations du Préfet à aller voir sur place…
Pour le moment impossible d’accéder au site du campement dit « Zénith 2 » à #Montpellier. pic.twitter.com/7tqln6kUbB
— Le Mouvement (@lemouvementinfo) September 8, 2021
Une opération rendue nécessaire en raison « des risques importants pour ses occupants en termes de salubrité et de sécurité »
« Cette opération repose sur une double base juridique », explique Hugues Moutouh, « tout d’abord celle d’un concours de la force publique en exécution d’une décision de justice qui a été sollicitée afin de procéder à l’évacuation de ce campement insalubre, autre base juridique, celle d’une situation de danger révélée par la survenance mardi 31 août dernier, en fin d’après-midi, d’un incendie particulièrement grave dont l’origine tient vraisemblablement à la grande vétusté des installations électriques et à des comportements à risques de la part des habitants, comme l’entreposage de détritus à proximité des habitations et le stockage sans aucune précaution de bonbonnes de gaz ».
Opération d’évacuation du campement dit « Zénith 2 », sur la commune de #Montpellier, le Préfet de l’#Hérault, Hugues Moutouh fait le point devant la presse. pic.twitter.com/YWNq7yPzPg
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Sur les occupants, le Préfet dresse un portrait effroyable, « des relevés sur place effectués dans la journée d’hier par la PAF, la police de l’air et des frontières, compétente pour intervenir au sein de ces bidonvilles permettent de dire que le campement du « Zénith » est occupé ce jour, par 75 personnes, il y en avait davantage encore hier, mais suite au passage des policiers de la police de l’air et des frontières, une vingtaine de personnes en situation irrégulière ont quitté précipitamment le campement, donc 75 personnes vivent aujourd’hui et font l’objet de l’opération de démantèlement, essentiellement de nationalité roumaine pour 72 d’entre eux, nous comptons 18 mineurs, qui vivaient jusqu’à ce matin dans ce campement dont 7 sont en partie, scolarisés. Nous avons 11 adultes sur ces 75 personnes qui ont déclaré avoir travaillé ou travailler encore aujourd’hui, 11 personnes, après vérifications effectuées auprès des services de police, il est ressorti que sur ce total de 75 personnes présentes sur le campement, 49 personnes sont connues des services de police pour des délits allant du vol simple, de la conduite sans permis, au vol réunion, à des activités également de recel, à des violences avec armes sur personne, et pour des agressions sexuelles sur mineur de 15 ans ».
Une position de la Mairie qui laisse perplexe.
Par le biais d’un communiqué, la Maire a souhaité rappeler que « la municipalité n’a pas formulé de demande d’expulsion de bidonvilles et demeure extérieure à ces opérations initiées par la Préfecture, en application d’une décision de justice et sur la base d’une demande formulée sous le précédent mandat ». Pour le moment, la Mairie n’a pas indiqué si elle allait contester cette évacuation, le Maire n’a pas non plus souhaité se prononcer sur ce sujet, bien que la police municipale ait participé indirectement aux missions de sécurisation des abords.
Pourtant dans le cadre du Plan Pauvreté, un projet de sanitation du bidonville de Zénith 2 avait été lancé. Ainsi, depuis avril 2021, un travail avait été mené pour prévoir des modules sanitaires avec toilettes et douches, des branchements à l’eau potable, une évacuation des eaux usées, la mise en place de branchements électriques sécurisés, en parallèle un projet de création d’une maison commune était aussi prévu. Des projets que la Préfecture a rendu caduques.
Destruction des #bidonvilles du Mas Rouge 1 et 2 à #Montpellier, le collectif Alerte #Hérault #Occitanie dénonce « la politique du bulldozer, antithèse de l'insertion » @Abbe_Pierre @MdM_France @Cimade34000 #AREA
Ce matin, le campement dit « Zénith 2 » a été évacué. pic.twitter.com/6N9RtnSsAJ— Le Mouvement (@lemouvementinfo) September 8, 2021
Destruction des bidonvilles, le collectif Alerte Hérault Occitanie* dénonce « la politique du bulldozer, antithèse de l’insertion »
« À ce jour, près de 800 personnes vivent dans ces conditions sur la Métropole de Montpellier », explique Sylvie Chamvoux, directrice Occitanie, Fondation Abbé Pierre, « le problème des bidonvilles est un problème du mal-logement, alors qu’il y a 26 000 demandes de logement en attente dans la Métropole ».
Damien Nantes, coordinateur régional Languedoc Roussillon de Médecins du Monde, complète « dans ces lieux de vie, 50% sont des Français nés en France, et la plupart sont Européens, 82% (Roumains, Italiens) ».
« Enfin, toutes les planètes étaient alignées et paf Moutouh arrive… » précise Catherine Vassaux, directrice AREA, comme pour synthétiser l’état d’esprit général, « les gens ne disparaissent pas, un nouveau bidonville va se constituer, comment accompagner les familles et les enfants, si on les disperse ? »
« Le Préfet n’a pas mis en œuvre l’intelligence républicaine », concède Christophe Perrin, délégué national en région Languedoc (Occitanie Sud) de La Cimade, « on est en train d’abîmer tout ce qui est fait, ce sera très dur de reprendre le travail une fois que le Préfet aura détruit tous les campements, car ils vont juste se disperser et être plus nombreux dans les quatre coins de la Ville ».
*Collectif Alerte Hérault : AREA, groupe local ATD Quart Monde de Montpellier, Comité des Droits de l’Homme Romeurope, Confédération Paysanne 34, Droit au logement, FCPE 34 et les parents FCPE du CL du collège Joffre, Fédération des Acteurs de la Solidarité Occitanie, Fondation Abbé Pierre, Habiter Enfin, I.PEICC, La Cimade, La Petite Cordée, Luttopia, Médecins du Monde, Secours Catholique de l’Hérault, Secours Populaire de l’Hérault, Uriopss Occitanie.