Si vous passez sur la place de la Comédie, le dernier week-end du mois, et plus précisément le samedi à partir de 19h, vous risquez de les croiser. Ils distribuent gratuitement pour tout le monde, à boire et à manger. Vous pouvez ne faire que passer, mais si vous voulez discuter, ils sont toujours disponibles. Ce sont les membres du collectif Végabouffe.
Le vendredi, c’est jour de marché pour ce collectif. Quartier plan cabane, un caddy plein de fruits et légumes. Résultat de la « récup » du jour. Cyril l’un des plus anciens membres de Végabouffe, nous explique : « facilement, on arrive à récupérer en général de quoi faire une centaine de repas ».
Collectif auto géré, c’est à dire : un mouvement spontané de personnes de bonne volonté qui ont décidé de défendre l’entraide, le véganisme et de lutter contre le gaspillage. Cyril : « nous ne préparons que des produits invendus et végétaliens, la distribution est ouverte à tous sans distinction de ressources, nous ne sommes pas une association, juste des gens qui prennent librement de leur temps. Notre objectif est de montrer le gaspillage aux gens, de lutter contre directement, et d’aider les autres en proposant des repas véganes accessibles à tous. »
Un recrutement de bénévoles, difficile
L’organisation, bien que rodée, demande beaucoup d’énergie, et, aujourd’hui, ils ne sont que trois à être des réguliers. Ils rencontrent de vraies difficultés pour trouver des personnes disponibles. Cyril aimerait vraiment faire beaucoup plus : « On pourrait faire des récupérations tous les jours, il y a toujours des produits à récupérer. Le problème est que nous ne sommes qu’une dizaine au maximum et la récupération, la cuisine et la distribution, cela prend beaucoup de temps. » Un recrutement de bénévoles, difficile : « La plupart des membres du collectif viennent du milieu de la protection animale, mais oui, c’est difficile de trouver de nouvelles personnes. Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux à motiver les gens et à les relancer. Il y en a plus qui sont volontaires pour la distribution que pour la récupération ou la cuisine. »
La réaction des commerçants des marchés est encourageante. Souriants, ils donnent leurs invendus avec une grande générosité. Aux associations, mais aussi à des particuliers de toutes origines sociales qui se battent pour s’en sortir. Cyril est toujours agréablement surpris par leur comportement : « Ils sont habitués. Ils commencent à nous connaître, et vu le nombre de personnes en difficulté sur Montpellier, nous ne sommes pas les seuls à venir, certains viennent récupérer pour eux même. » Inquiétante illustration, de la progression de la précarité à Montpellier.
Cela fait maintenant presque 5 ans que ce collectif est en place. Quelles sont les raisons qui poussent Cyril à s’accrocher et à tenir ce concept toujours en vie ? Certainement, la recherche d’une parcelle de bonheur chez et avec les autres : « Le retour des gens que nous avons pendant les distributions. Les gens sont heureux, ils restent là, on discute et cela crée des liens entre des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées. »
Cyril, homme généreux, tient à faire passer un message : « le partage, c’est encore possible. Il y a beaucoup de progrès à faire au niveau du gaspillage. On peut manger sans créer de souffrances (NDLR : souffrances des animaux) et la gratuité, c’est possible. »
Magnifique initiative citoyenne et populaire, interview lors de la distribution :