En immersion, avec l’Association du Quartier Haut pour découvrir « les balades surprises de Kriss ». Vous êtes prêts ! Suivez-moi dans cette randonnée citadine sétoise.
Sète – Rendez-vous « quinzomadaires », prochains rendez-vous les 16 février, 2 et 16 mars 2018 – Inscriptions au 06 45 87 31 79 – groupes limités à 12 participants.
Anorak et chaussures de rando, sac à dos, carnet à mots, manuscrits, « photophone ». Rendez-vous à 10 h devant le conservatoire rue Jean Moulin ce vendredi 2 février. Kriss et Michela sont déjà là. Kriss est à l’initiative de cette nouvelle activité de randonnée citadine, mise en place par l’association du Quartier Haut. Michela y anime des activités artistiques et tisse des liens entre voisins.
Exit l’obsession et la pression horaire
L’impro ne sera pas musicale, juste une petite bande de nanas qui vont « jaser » (comme disent les Québécois) en marchant. Nous attendons Agnès et Noëlle, elles arrivent. Présentations. Voici les quartiers temporairement décloisonnés pour l’occasion : le Quartier Haut, côtoie le Barrou et les Quilles.
— Où va-t-on demande Noëlle ?
— surprise ! Répond Kriss.
— Pour combien de temps ?
— Environ une heure trente.
Exit l’obsession et la pression horaire, jetons le balancier de l’horloge affolée par le temps. Direction la voie de chemin de fer, la Plagette et la piste cyclable qui encercle l’étang de Thau avec son bras long et immobile. Le soleil nous réchauffe pendant que le vent nous glace. Une variante de douche écossaise naturelle chaude et froide à la fois, stimulante.
Noëlle reprend la marche. Agnès a toujours fait du sport. Partageant son temps entre Sète et Lyon, elle me décrit une action lyonnaise de lutte contre la sédentarité menée par une femme en partenariat avec des collectivités locales. Marche et rencontre, l’isolement s’y rompt, le corps se remet en mouvement. La vie circule mieux de nouveau. Les trois autres marcheuses, dont je fais partie ont pratiqué ou pratiquent encore la randonnée.
Le hasard a le sens de l’humour
Le quartier des pêcheurs, leurs pavillons proches de leurs embarcations. Pour Noëlle : « le hasard a le sens de l’humour« , elle marche et revisite son propre quartier ! Elle partage volontiers avec nous, certaines de ses connaissances historiques de résidente installée depuis de nombreuses années. La superficie du quartier du Barrou (mot signifiant amas de rocailles) a augmenté (12 hectares pris sur l’étang), pour y installer entre les deux guerres des chantiers de fabrication de wagons puis de grosses péniches, transportant du vin. Le lycée de la mer Paul Bousquet : parmi les personnes formées, des capitaines de navire. Des citronniers en fruits, difficile de savoir s’ils sont murs. Un chemin nous est interdit. Le territoire accessible réduit comme une peau de chagrin par la privatisation de certains petits passages de traverse. Nous voilà sur le port conchylicole.
« Oui des huîtres et des moules » me confirme une dame qui charge avec son mari des fruits de mer frais dans un véhicule utilitaire. Ceux-ci sont destinés aux restaurants, mais des particuliers peuvent aussi venir s’y approvisionner. Rideaux de roseaux, parfums végétaux. Les mas de l’ancien port. De jolies bicoques en bois où gîtent les barques qui pourraient atteindre le prix de vente de cinq mille euros.
L’école de voile. Sur un mur figure l’inscription : base Miaille-Munoz. « On dit que Miaille est le nom d’un jeune homme qui s’est tué en pratiquant la voile il y a environ vingt-cinq ans » , commente Noëlle. Nous atteignons l’île de Thau. Je remarque le nom d’un arrêt de bus qui m’intrigue : « Le fort des crans ». Noëlle explique que« cran » est la déformation du mot crabe en langage sétois.
Alors ce fort était-il habité par des animaux marins à pinces ou par ceux qui avaient « du cran » du courage ? Quand les noms des lieux d’aujourd’hui évoquent un fragment d’histoire tombée dans les oubliettes.
Arpenter la ville à pied… Ralentir pour y découvrir quelque curiosité… Deviser à son propos… S’arrêter pour prendre une photo… Sous une fenêtre éclaboussée par le soleil hivernal, Kriss sort de son sac quelques crêpes à la farine d’épeautre, et au sirop de canneberge confectionnées ce matin. Aujourd’hui c’est la Chandeleur, et le chant de l’heure du goûter apéritif. Deuxième surprise gourmande et délicieuse !
Noëlle propose de nous détourner de l’itinéraire initialement prévu pour nous faire découvrir une petite rue peu fréquentée, la rue Toussaint Mazel. Street Art : Kos Mos y a signé une peinture aux couleurs vives. Le mur de pierre parle un langage pictural muet. Libre à chacun d’y voir ce qu’il veut.
Midi, il est temps de nous séparer. Personne n’a mal pour avoir forcé. Fin heureuse de cette balade placée sous le signe du mouvement respectueux de soi et de la rencontre amicale.
Balades surprises de Kriss
Rendez-vous « quinzomadaires », prochains rendez-vous les 16 février, 2 et 16 mars 2018 – Inscriptions au 06 45 87 31 79 – groupes limités à 12 participants.
Tarif : 5 euros l’adhésion à l’Association du Quartier Haut.