pompiers communion

Invités, samedi 9 décembre, à la fête « sacrée » de la Sainte-Barbe de Saint-Jean du Gard, nous vous proposons une promenade dans ce monde, si peu connu de ces sapeurs pompiers généreux, solidaires et conviviaux.

Fin d’après-midi, chaleureusement reçus par le Chef du Centre de Secours, le Lieutenant Jean-Claude SKAFF et son épouse, nous avons le plaisir d’être conviés à visiter un chef-d’œuvre de Musée « Cévenol », nouvellement inauguré. Vrai plaisir des yeux qui rappelle à notre mémoire, ces extraordinaires richesses que nous ont révélées nos profondes Cévennes. Nous comprenons mieux dans ces terres arides, combien nos aînés, qui vivaient si modestement, pâtissaient à extraire le fruit de toute une vie de labeur. Imaginez ces centaines d’ouvrières, affairées dans les filatures de soie, qui travaillaient des heures durant dans le froid et l’humidité. Oui, un excellent musée pédagogique, instructif pour les nouvelles générations. Il présente un éventail de métiers, aux pratiques ancestrales où un savoir-faire extraordinaire se conjuguait avec transmission, créativité et respect des valeurs. Un magnifique sujet à lui tout seul.

Le curé, bras tendus au ciel tel un oiseau prenant son vol invite ses fidèles à la « Messe de la Sainte Barbe »

Finie la visite; à l’instinct, une puissante lueur nous invite à prendre le chemin en direction de l’église, près de la mairie. Un choc à l’arrivée : nous découvrons une impressionnante mobilisation de véhicules de secours en tout genre, tous feux et gyrophares éclairés dans cette nuit tombante, bien fraîche. Dans une ambiance « catastrophe », la caserne s’était déplacée au cœur même du village. Le temps d’un petit bonjour à quelques connaissances, voilà Monsieur le Curé, sous le porche de son église, bras tendus au ciel tel un oiseau prenant son vol, enveloppé dans son aube d’hermine, invitant ses fidèles à la messe du soir, baptisée pour l’occasion : « Messe de la Sainte Barbe ».
Quelle surprise !!, en guise de fidèles, dans son église, s’engouffre tout d’abord l’imposante « Garde au Drapeau » – des pompiers aux allures magistrales – quel meilleur symbole de notre belle République !! – suivie d’un bataillon de plusieurs dizaines de sapeurs pompiers venus de la localité et de tout le département, puis les familles et les habitants, mobilisés pour la circonstance. Ferment le banc : les autorités municipales, quelques élus du département, la police et la gendarmerie des lieux. Une vision curieuse à vous faire perdre nos repères !!!

Nos hommes de l’urgence en tenue de feu, tous agglutinés aux premiers rangs comme de bons élèves, écoutent en silence, attentifs, cette Messe d’un autre temps. Nous vivons là, peut-être, une exception française, et à ma connaissance, l’unique du département. À l’époque, seule la Sainte-barbe de Pont-Saint-Esprit était assurée à l’identique, avec en plus, une procession dans les rues de la ville où se confondaient bon enfant, religion et république.

Mr le Curé en vient même, dans son homélie très puissante à égrener l’identité de chaque pompier nom après nom, une sorte « d’appel aux morts » de l’année écoulée, tous retraités, comme un général d’armée aurait pu le faire dans la cour d’honneur de sa caserne. Curieuse cette transposition, ce décalage de rituels. À ma grande surprise, une façon de rendre la politesse dans le respect des lieux, trois de nos pompiers ont lu une homélie chrétienne pour « Préparer le chemin du Seigneur, Il viendra le Sauveur, et Tout homme verra le salut de Dieu » !!!

Durant toute cette messe de plus d’une heure, nos hommes du rang, gardiens de nos valeurs, le costume impeccable, drapeau baptisé, pointé au chœur de l’église, étaient fiers, entourés de leurs officiers, dans cette ambiance embaumée d’un parfum d’encens généreusement distribué. Puis vint l’offrande de l’hostie où quelques-uns de ces sapeurs se présentèrent.

Discrets, plus à l’écart dans l’église, nos élus du Conseil Départemental suivaient la cérémonie : Monsieur Alexandre PISSAS, Conseiller départemental, Président du Conseil d’administration du SDIS et son confrère Michel SUAU, Conseiller départemental du Canton, Vice-président du CA du SDIS ainsi que l’adjoint de Mr le Maire de Saint-Jean du Gard figuraient parmi les invités.

La messe terminée, l’autorité républicaine représentée par la « Garde au Drapeau » reçut tous les honneurs de sortir la première, tel un couple marié le ferait à l’issue de la cérémonie. Bien vite, tout ce beau monde engourdi se regroupa dans la salle de réception proche, où discours des autorités et remises de médailles feront honneur à la profession.
Une anecdote tout de même : Mr le curé des lieux, étudiant studieux à l’époque, était un ancien élève de Mr PISSAS, chirurgien-enseignant à la Faculté, permettant au prêtre d’affirmer tout haut: « Je soignais les corps, maintenant je soigne les âmes ».

Un apéritif convivial et un repas traditionnel clôturèrent les festivités, libérant ainsi les énergies ; oublié le vin de messe. À l’heure du débat sur la laïcité, une invitation à méditer sur le sens d’une telle cérémonie, de surcroît catholique, au cœur même de nos Cévennes protestantes ?

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