Tribune de Julien Colet, militant La France insoumise à Montpellier et ancien candidat aux élections législatives de 2017, dans la 1ère circonscription de l’Hérault
Les scooters des livreurs sont accusés de tous les maux : ils sont bruyants, ils polluent, ils sont dangereux pour les piétons.
Forts de ces arguments, la municipalité de Montpellier a mis à l’amende les livreurs en scooter de plate-formes de livraisons de repas : 135 euros pour des travailleurs qui sont payés en deçà du SMIC, la leçon est raide et selon les mots Ludovic Rioux (collectif national des syndicats de livreurs de la CGT), « complètement déconnectée de la réalité ».
Mais le débat ici n’est pas juridique.
Qu’une municipalité veuille assurer le bien-être et la tranquillité de ses habitants, est bien sûr tout à fait louable et souhaitable.
Mais un maire devrait aussi avoir le souci de protéger les travailleurs les plus précaires et les plus pauvres de son territoire.
Il le devrait d’autant plus le faire que depuis près d’un an, nous sommes dans une crise sanitaire inédite par son ampleur et sa durée, qui plonge nombre de nos concitoyens dans une extrême pauvreté.
Il devrait d’autant plus, qu’à Montpellier c’était déjà la crise avant la crise. Notre ville détient l’un des taux de pauvreté le plus important du pays. Avec vaillance, Montpelliéraines et Montpelliérains se débattent tant bien que mal pour boucler les fins de mois. Il faut les aider, les accompagner et non pas les enfoncer.
Il le devrait d’autant plus que d’autres solutions existent.
À Nantes, à Tours, à Asnières… et dans bien d‘autres villes encore des solutions ont été trouvées : aménagement d’espaces dédiés à l’attente des livreurs, aide à l’équipement de vélos électriques, développement des coopératives respectant le droit du travail… Toutes ces solutions ont été mises en place après de nombreuses rencontres et concertations entre livreurs, plate-formes, riverains et pouvoirs publics.
Concernant les coopératives de livreurs qui essaiment un peu partout en France, qui peut croire un seul instant que la fameuse French tech de Montpellier dont on nous a tant vanté les mérites, n’aurait pas les moyens humains de développer des logiciels et des applications numériques qui seraient mises au service de coopératives solidaires de livreurs ?
L’uberisation de nos villes est un sujet complexe dont nous commençons à peine à mesurer l’étendue des dégâts sociaux, économiques et écologiques. L’autoritarisme envers les salariés ubérisés, ne sont pas des réponses adaptées sur le long terme. Il faut au contraire davantage de bienveillance et d’empathie envers celui qui se couche tard pour travailler et qui se déplace à notre place.