Illustration (CR)

Mercredi 30 septembre, le SCUM était invité, en tant qu’organisation étudiante représentative, par le directeur du CROUS-Montpellier Occitanie.

Cette réunion, regroupant le Rectorat, les élus étudiants du CROUS, les vice-présidents étudiants et plusieurs représentants du CROUS (dont le directeur du conseil administratif du CROUS, le directeur du CROUS, la responsable de communication, la responsable sociale, la DSI du CROUS, la responsable des assistantes sociales…), avait été appelée suite au suicide de Doona, étudiante transgenre précaire le 23 septembre.

Rappelons que suite à la sollicitation immédiate de ses proches, nous avions demandé un rendez-vous avec la direction du CROUS afin d’avoir des explications sur les défaillances dans l’accompagnement de Doona. Lors cette la réunion ce 30 septembre, nous pouvions envoyer jusqu’à deux représentants. Nous avons fait le choix de permettre à l’un des proches de Doona de venir avec nous lors de cette réunion.

Les explications du CROUS.

La réunion a débuté par une minute de silence en hommage à Doona. Puis un long moment où le directeur du CROUS a justifié l’accompagnement dont aurait bénéficié Doona. En effet, à partir du 24 août – suite à l’intervention des pompiers, dans la cité universitaire, suite à une tentative de suicide – le CROUS a proposé à Doona d’aller à la permanence d’aide de la cité u. Il y a d’ailleurs eu plusieurs échanges entre la permanence d’aide et elle, ainsi qu’une proposition de rendez-vous avec l’assistante sociale et le service de médecine préventive, rendez-vous impossible avant le début septembre puisque les services mentionnés n’étaient pas ouverts avant la rentrée universitaire.

À ce moment-là, d’après le CROUS Doona aurait refusé, justifiant par le fait qu’elle était déjà suivie par des professionnels extérieurs au système universitaire. Par ailleurs, le CROUS a également fait la proposition de contacter Le Refuge –association d’aide pour les jeunes LGBTQ+ sans domiciles (notamment suite aux ruptures familiales) – proposition que Doona aurait également refusé. Puis, suite à la tentative de suicide du 19 septembre, le CROUS a proposé à nouveau un rendez-vous avec le service de la médecine préventive de l’université Paul Valéry (Montpellier 3), cette fois ci acceptée par Doona. Le rendez-vous a été fixé au 21 septembre avec l’assistante sociale ainsi qu’un médecin. Un second rendez-vous a été pris le 23 septembre avec les mêmes services. Le CROUS affirme qu’il n’y aurait pas eu d’évocation ni du logement en cité universitaire, ni de la bourse, mais qu’il serait possible que le sujet de la santé mentale de Doona ait été évoqué, incluant ainsi le fait qu’elle ne serait peut-être plus capable de suivre les cours et donc de bénéficier du statut d’étudiante avec ce que cela comporte au niveau de la bourse et du logement. Le CROUS reconnait que l’équipe qui a reçu Doona n’était pas forcément formée pour faire face à la situation et de pouvoir l’accompagner correctement. Suite au dernier rendez-vous, Doona aurait pris deux nouveaux rendez-vous avec l’équipe de la médecine préventive les semaines suivantes.

Le CROUS doit changer ses pratiques, il y a urgence !

L’absence totale de remise en question de la part du CROUS est au mieux choquante, au pire irresponsable. Depuis plus d’un an, Doona avait signalé auprès de sa cité universitaire le harcèlement transphobe de la part de ses voisins –notamment durant la période de confinement – dont elle était victime. Aucune suite n’a été donnée, le CROUS a même répondu n’avoir jamais eu connaissance de ses signalements. La façon dont les personnels du CROUS se sont adressés à elle, en mentionnant son logement en cité universitaire, a été interprétée comme une menace par Doona.

Pire, à un problème structurel, le CROUS ne répond que par des solutions cosmétiques. L’enjeu ici, au-delà du drame vécu, est la façon dont le CROUS, en tant qu’institution, interagit avec ses usagers. Le mépris et l’infantilisation systématiques envers des personnes subissant précarité et discriminations ne peut qu’encourager ce type de drame à se répéter. Lors de la réunion de ce 30 septembre, il a été proposé de mettre en place des commissions sur les discriminations, ainsi que de généraliser le porte-à-porte auprès des étudiants identifiés comme fragiles. A la demande de la représentante du SCUM concernant la création d’un bureau de signalement, le CROUS a accepté la mise en place d’un groupe de travail afin de réfléchir à sa mise en œuvre.

Excellente nouvelle, mais QUID de la façon dont les personnels du CROUS traitent les dossiers des étudiants ? A aucun moment n’a été évoqué cette question cruciale, pourtant soulevée par Doona elle-même quelques heures avant de se jeter sous un train.

Prendre conscience de ce qu’a vécu Doona, et de ce que vivent des centaines d’étudiants précaires confrontés au CROUS, ne peut se matérialiser par une minute de silence au début d’une réunion d’auto-congratulation. Le nombre impressionnant de témoignages recueillis en quelques jours démontre qu’il est urgent que le CROUS entame un véritable travail sur son rapport à ses usagers.

Les pauvres ne sont pas des numéros, qu’on peut traiter comme des mouchoirs jetables.

Nos vies comptent, et le SCUM continuera à se tenir aux côtés des étudiantes et étudiants précaires afin d’obtenir de meilleures conditions de vies, et garantir à toutes et tous un droit à un véritable avenir.

Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – SCUM

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