Mohed Altrad, Rémi Gaillard, Alenka Doulain et Clothide Ollier en visite au quartier Saint-Martin à Montpellier (© Charles Dos Santos)

Le point presse avait été prévu quelques jours à l’avance. C’est peu dire qu’il avait été minutieusement anticipé et préparé par les équipes de Mohed Altrad. Reportage.

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Les derniers chauds rayons du soleil caressent Montpellier en ce jeudi soir. Les journalistes sont venus en nombre et attendent l’arrivée du candidat en discutant entre eux, les soutiens de celui-ci s’agglutinent toujours plus nombreux autour de l’imposante pharmacie du quartier, les trois autres colistiers échangent sur les derniers bruits de couloir de cette campagne complètement folle. Il ne manquait plus que le fléchage au sol voire le ruban rouge et blanc le long des boutiques à faire impérativement, et on avait le quinté dans l’ordre, dans le domaine du point presse tout sauf improvisé.

« dans ce quartier, il y a tant de problèmes entre l’insécurité, la précarité, le chômage, la délinquance, le trafic de drogue »

Tout sourire, chemise blanche impeccable, petit cigarillo à la main, Mohed Altrad fait son apparition, entouré de plusieurs membres éminents de son équipe de campagne. Très vite, les amis-militants-soutiens l’entourent et font une kyrielle de photos, tels des fans devant leur idole sacrée.

Rapidement, le petit groupe s’active. Ils ne sont pas là pour prendre le soleil, malheureusement. Ils sont là pour rencontrer les courageux commerçants du secteur. Le candidat avance, serre des mains, garde son large sourire en toutes circonstances. Il s’arrête et discute avec un jeune homme sans emploi. Ce dernier raconte la situation délicate de sa famille entassée dans un appartement visiblement bien trop petit. Le candidat écoute. Il est concentré. Il échange, répond, soutient le regard de son interlocuteur. Soucieux d’aider son prochain, Mohed Altrad se garde bien de promettre quoi que ce soit. Il est là « pour comprendre pourquoi dans ce quartier, il y a tant de problèmes entre l’insécurité, la précarité, le chômage, la délinquance, le trafic de drogue »

Constamment flanqué d’un de ses trois colistiers, Mohed Altrad veut s’imprégner, ressentir, sentir le terrain pour mieux le comprendre.

Proche d’Alenka Doulain, Rhany Slimane, dynamique communicant de la candidate « Nous Sommes Montpellier » avant le 1er tour, prend très vite les choses en main. Ce terrain-là, Saint-Martin, c’est son terrain. C’est son quartier. Il joue à domicile. Il ne s’en cache pas. Il n’est pas peu fier d’accueillir dans ce quartier populaire de Montpellier, celui qu’il veut voir comme maire dans une poignée de jours.

À peine sorti de la pharmacie, le candidat salue un soutien de l’autre côté de la rue, comme s’il le connaissait depuis 6 ans. Il tourne les talons et enchaîne. Le lieutenant d’Alenka Doulain lui indique déjà la prochaine boutique. Une pizzéria exigüe où les pizzaïolos ne sont pas trop de trois pour suivre le rythme des commandes. Le milliardaire y entre, toujours souriant. Cette fois, c’est Clothilde Ollier qui l’accompagne. Elle écoute tout. Le candidat échange avec le patron durant de longues minutes. L’échange semble s’éterniser. Puis, subitement, le patron de l’entreprise éponyme sort. Il tombe nez à nez avec deux soutiens, arborant fièrement un tee-shirt blanc un peu trop grand pour eux, floqué d’un slogan à la gloire de leur candidat. L’échange est bref, mais chaleureux.

« Moi, Mohed, la boucherie, tu y vas sans moi ! »

La prochaine boutique à visiter n’est autre qu’une boucherie. Accueillante, achalandée, bien éclairée, la boutique est une boucherie comme il en existe des milliers partout dans le pays. Mais, là, ça coince. Dans cette déambulation jusqu’alors sans fausse note, Rémi Gaillard, présent sur place, grince des dents, traîne des pieds puis lâche, sur le ton de l’humour grinçant « Moi, Mohed, la boucherie, tu y vas sans moi ! ». Soucieux que les journalistes présents autour de lui aient bien compris le message, l’humoriste, arborant un tee-shirt pour l’association PETA, répète plusieurs fois sa petite pique. Le farouche soutien à la cause animale se voit mal être photographié dans une boucherie. Cohérent.

Calme, mais inflexible, l’homme connu grâce à ses hilarantes vidéos sur YouTube soutient le regard de son chef de file, puis tourne vite les talons pour marquer son désaccord. Il a sans nul doute réussi son coup d’éclat. Le staff de Mohed Altrad ne l’avait sûrement pas vu venir. Dommage…

Trois questions à Mohed Altrad, 72 ans, candidat à la Mairie de Montpellier.

CDS : Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre présence ce soir dans le quartier Saint Martin ?

Je suis dans tous les quartiers de Montpellier. C’est d’ailleurs la troisième fois que je viens ici. Je connais bien les gens. Mais, je cherche à comprendre les problèmes sur ce territoire. Les problèmes sont sérieux, mais ils sont bien souvent communs à tous les quartiers. On me parle du chômage, de la propreté, de la drogue, de précarité, de l’insécurité… Je veux essayer de trouver une réponse appropriée à chaque quartier. Avec la gouvernance Saurel et la possible future gouvernance Delafosse, on décide quelque chose dans un bureau et on dit que c’est valable dans tous les quartiers. Mais, non, ce n’est pas vrai.

CDS : On est désormais à moins de dix jours du second tour. Quel est votre état d’esprit ? Comment vous le sentez ce second tour ? et cette fin de campagne ?

Il faut faire le travail. Chaque heure compte. Il faut faire ça jusqu’au dernier jour à minuit. Il faut ne rien regretter dans notre action. Notre message doit être approprié à chaque territoire et précis à la fois. Quoi qu’il arrive, dans cette campagne, j’aurai fait tout ce que j’ai à faire pour convaincre les Montpelliérains de la nécessité d’arrêter le système actuel et choisir franchement autre chose, avec un homme que je suis et qui a prouvé par le passé qu’on peut lui accorder sa confiance et qui a connu déjà une vraie réussite dans le monde des affaires. Alors, il faut jusqu’au bout, faire le travail auprès des quartiers.

CDS : Un premier sondage est sorti en milieu de semaine. Il vous donne battu, en 3e position derrière Michaël Delafosse et Philippe Saurel. Comment avez-vous réagi en découvrant ces premiers chiffres ?

Techniquement, lorsque vous sondez 600 personnes, la marge d’erreur est énorme. En plus, il faudrait connaître l’échantillon choisi, les questions posées…  Je sens un rejet sévère du système actuel et un rejet du système Delafosse qui sera le même ou quasiment du système Saurel. Moi, j’ai un programme crédible, des atouts très clairs, un plan économique pour le territoire qui se tient et qui est connu. J’ai un plan pour la propreté, un plan très clair pour l’écologie. Les sondages, vous savez, combien de fois, ils se sont trompés. Alors, bon, les sondages…

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