L’Insoumis sortira en salle le 21 février 2018.
À Montpellier vous pourrez retrouver ce film à l’affiche du cinéma Diagonal (5 rue de Verdun).
Avec ses hauts, ses bas, sa tendresse, son humour et sa virulence, Jean-Luc Mélenchon est un vrai personnage de cinéma. De sa campagne présidentielle de 2017, Gilles Perret nous fait tout ressentir : du souffle d’espoir, de la course sur le terrain, jusqu’à une fin, tragique pour les uns, réaliste pour les autres. Rien que pour cela, on ne pourra vous donner qu’un conseil : celui d’aller voir ce film.
Sur la forme, le film de Gilles Perret n’est pas à proprement parler un documentaire. C’est avant tout une suite de plans et de saynètes collectés au cours de la campagne présidentielle – parfois discrètement, parfois ostensiblement -, sans filtre ni voix off.
Si l’« œil-caméra » de Gilles Perret peut parfois sublimer Jean-Luc Mélenchon, elle retranscrit avant tout un point de vue. Il n’y a pas de tromperie. On sait d’où parle le réalisateur de La Sociale et des Jours heureux. Mais sa subjectivité – peu déplaisante tout au long du film – pourra parfois faire entendre différemment, d’où l’on se situe, certaines des complaintes du tribun…
Comment parler du film sans parler du personnage du film : Jean-Luc Mélenchon ?
Gilles Perret le confessait, lors de sa conférence de presse à Montpellier : « mon plus gros problème depuis qu’on a fait ce film, c’est d’arriver à parler d’un film et pas du personnage du film ». Une question demeure donc : pourquoi un film sur Jean-Luc Mélenchon ?
Pour répondre, il faut revenir au moment de la rencontre du réalisateur avec Jean-Luc Mélenchon, au cours du tournage des Jours heureux, lors de la campagne présidentielle de 2012 : « avec lui je me suis retrouvé à discuter pendant une heure et demie après, avec une discussion très personnelle ». Mais surtout, pour le réalisateur, Mélenchon est un personnage taillé pour le cinéma : « c’est un personnage qui ne laisse pas indifférent ». « Il y a des gens qui regardent ce film-là, et qui se disent : il est vraiment con, ce n’est pas possible ? Et d’autres qui se disent, il est vraiment super, c’est génial. », en somme pour Gilles Perret : « chacun se fait son opinion avec ce film-là. »
Fortement centré sur Jean-Luc Mélenchon, le documentaire présente l’homme politique, naturel, sans calcul ou stratégie de communication, mais avec une attention marquée à montrer son entourage, son équipe de campagne. Le réalisateur présente ici un insoumis, tout à la fois tribun humain et jubilatoire devant les foules venues soutenir sa campagne, presque étonné de pouvoir gagner et quasiment terrassé par sa défaite.
Un film contre les médias ?
S’il existe bien un fil rouge tout au long du film, c’est une certaine « exaspération » devant la presse française. On reprochera à la presse, tour à tour, de ne pas avoir voulu rendre compte d’un point de vue objectif des enjeux de la campagne et d’avoir diabolisé à dessein Jean- Luc Mélenchon, notamment lors de son passage sur France 5. Mais pour le réalisateur : « c’est un sujet récurrent dans mes films, après c’est vrai que c’était tellement caricatural que cela aurait été difficile de passer outre ». En somme, comprenne qui pourra…
L’insoumis, un instantané « historique » ?

Ce film s’inscrit dans un moment politique fort : « je pense que ce film va rester longtemps, parce qu’il marque une époque… on a filmé un moment politique… cette recomposition du paysage politique français, l’effondrement des partis, cette grande coalition », expose le réalisateur.
Et, il n’a pas tort, ce film en évoquera un autre, sur une autre campagne à un autre moment historique : « 1974, une partie de campagne ». Documentaire de commande de Raymond Depardon, qui retrace la campagne de Valéry Giscard d’Estaing, « premier » Macron de la Vème République.
À l’époque, c’était inédit : personne n’avait jamais filmé les coulisses d’une campagne et encore moins l’intimité d’un homme politique français. Aujourd’hui, c’est commun, commode, voire complaisant.
L’Insoumis de Gilles Perret arrive tout de même à reproduire cet incroyable coup de force : créer un document pour demain, pour comprendre, pour expliquer.
« L’Insoumis » a été présenté en avant-première au cinéma Diagonal, qu’en retenir ?
Il faut reconnaître une chose : le public, plus de 400 personnes, était presque conquis avant même que le film ne débute. Si l’on a remarqué, quelques forces politiques différentes dans la salle – dont un premier fédéral du Parti socialiste – ce sont les insoumis qui composaient la majorité du public.

Cette avant-première fut suivie d’un débat avec Gilles Perret et Muriel Ressiguier, députée La France Insoumise de l’Hérault, et animé par Maryse Baute, enseignante cinéma. C’était une belle occasion pour Muriel Ressiguier, députée de l’Hérault (La France insoumise), de revenir sur son expérience des campagnes, écho vibrant à celle de l’Insoumis : « c’est la première fois que je vote pour quelqu’un qui fait 19%, c’est la première fois que je tracte et qu’on ne me rigole pas au nez », « peut-être que certains qui sont jeunes ou pour qui c’était les premières campagnes n’en ont pas conscience, mais c’est assez extraordinaire ». Elle explique : « on a brassé des gens, notamment sur Montpellier, qui ne s’étaient jamais côtoyés avant, des gens qui ne croyaient plus à rien, des jeunes qui s’éveillaient », « on a prouvé que nos idées sont crédibles : quand on fait 19%, on est crédible ». « Pour la première fois, on a des élus » et « des gens qui commencent à s’intéresser, à décortiquer, à s’élever. On est dans une période, où clairement l’histoire se fait et se défait devant nos yeux ». Elle conclut sous les applaudissements du public : « je trouve que ce que l’on a fait est assez extraordinaire. Comme tout le monde, moi aussi, j’ai versé ma petite larme au premier tour, mais en même temps, c’est pour nous, le début de quelque chose. »
Certains militants de La France insoumise sont sortis conquis de leur séance, reboostés… Pour les autres, seul l’avenir nous le dira …