Une semaine sainte débutant par l’incendie de Votre-Dame (puisqu’elle semble devenue responsabilité de tous les français). Voici l’opportunité de se tourner vers le sens perdu des traditions et fêtes populaires, qui au fil du temps rythment notre existence.
Toute nature de connaissance acquise dont nous ne maîtrisons pleinement le sens, nous possède. Et c’est bien le cas pour ce qui a trait au sacré. Ainsi politiciens et médias peuvent-ils ignorer le principe de laïcité en exploitant la tragédie parisienne au seul profit du christianisme, sans susciter d’opposition manifeste. La cathédrale appartient à l’Etat français, rappelle l’opulent Vatican qui de ce fait ne contribuera pas financièrement à la restauration du lieu de culte. Régulièrement, la frontière séparant le religieux du laïc devient une ligne imaginaire, s’adaptant à certaines réalités. Cette confusion se retrouvant jusque dans notre connaissance inexacte des traditions mérite éclaircissement. Notamment, nos fêtes de Pâques ne sont pas d’origine biblique, mais païenne.
Si la religion chrétienne fait correspondre une partie de sa théorie à la période pascale, cette dernière repose d’abord sur une conjonction astrale particulière. Après l’équinoxe du printemps, la première pleine lune doit précéder le dimanche de Pâques. Notre sensibilité naturelle, certes amenuisée par la vie moderne, perçoit ces influences externes, les traduisant généralement en une certaine agitation intérieure, et parfois en colère. Ces jours particuliers favorisent les prises de conscience, invitant à méditer au sens littéral, c’est à dire à réfléchir sur le monde et sur soi.
Pâques signifie “le passage“. L’étude des cultes anciens devenus tardivement Pâques, ou la Pessa’h juive, révèle la substance de ce passage spirituel, relié à la déesse mésopotamienne Ishtar, ancêtre de la Vierge Marie.
Les représentations auxquelles nous ne pouvons échapper, omniprésentes dans les décorations et la forme des chocolats, sont dignes d’intérêt. Oeufs, cloches, et petits lapins ont une histoire à raconter.
L’œuf cosmique symbolise notre monde intérieur ; le moi pensant, corps-âme, ou l’être intelligent. Les cloches célestes représentent la musique de l’esprit, allégorie de la pensée. Leur voyage vers Rome, au cours duquel elles se délestent des empreintes de l’Egypte, indique le nécessaire entendement des deux mythes, égyptien et romain. Le lapin incarne la fertilité, le pouvoir de soi prisonnier d’obligations qu’il entretient au lieu de s’en libérer. Rappelez-vous Alice de Lewis Carroll, et ce lapin courant après le temps sans savoir pourquoi ! Son petit, le lapereau, symbolise l’enfant exempt de conditionnement.
Les vacances associées à ce moment de l’année invitent à la vacuité de l’esprit, en le débarrassant de son encombrement. De cette façon non athée ni religieuse, nous pouvons vivre consciemment la période de Pâques.