Manifestation devant Carrefour (© JPV)

À Saint-Clément-de-Rivière, sous la pluie, lundi 5 février à 8h00 du matin, l’inquiétude se lit sur les visages. Débrayage. Une vingtaine de salariés du groupe Carrefour, tract dans une main, parapluie dans l’autre, occupe la rue Font Froide qui permet d’accéder au rond point de l’entrée de leur hypermarché.

L’action ralentit la circulation. Énervés, certains automobilistes passeront sur la voie de gauche frôlant salariés et syndicalistes au milieu de la route. L’un d’entre eux, Roland Saez aura ce mot juste : « ils ne se rendent pas compte qu’avec le renforcement du dialogue social, qui n’a rien de social et qui n’a rien d’un dialogue, ça va bientôt être leur tour. » L’homme est lucide sur cette réforme du droit du travail dont l’appellation aux pouvoirs hypnotiques : renforcement du dialogue social, a figé toute opposition. La magie des mots semble aujourd’hui s’effriter. La formule incantatoire du ministère du Travail : « la confiance dans l’entreprise est la clé de la réussite d’un dialogue social de qualité » risque de voler en éclats.

Rappel : le 23 janvier, Alexandre Bompard PDG de Carrefour annonce une importante transformation du groupe. Ce groupe est numéro 1 européen et numéro 2 mondial de la grande distribution.On retrouve parmi ses principaux actionnaires : Galfa, Stanhore Trading International, JP Morgan Chase & Company, Bank of America Corporation. Et ce 23 janvier avec son plan-choc, Alexandre Bompard patron depuis seulement un semestre fait bondir l’action de 3%.

Avec un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros en France et 134 millions de CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité et Emploi) uniquement pour 2016, comment un tel groupe a-t-il été incapable d’installer une innovation permanente ? Comment est-il possible de rater le virage du digital et devoir opérer une transformation en catastrophe ? Comment se fait-il qu’il se retrouve devant un tel chantier ? Où sont donc passés les pin’s de Pierre Gattaz ? Quid de cette promesse de l’organisation patronale de créer « 1 million d’emplois » en cinq ans en  contrepartie de la baisse de charges mise en place par Hollande ?

2 400 suppressions de postes annoncées (en départs volontaires), c’est sous-évalué, indiquent les syndicats. Selon la CGT, les suppressions toucheraient 10 000 postes et 273 magasins devraient fermer en France. 79 devraient passer en location-gérance.

Fermetures et cessions, 23 magasins sont concernés en Occitanie. Pour François Alddrin Délégué syndical CGT : « le groupe Carrefour a fait près d’un milliard de bénéfice en 2017 dont 40% vont aux actionnaires… Ils ont également une réserve de 8,5 milliards d’euros de bénéfice. Donc ! ils ont de quoi investir dans les nouvelles technologies sans toucher à l’emploi. »

Priorité au digital, pour l’humain l’avenir est incertain. François Alddrin explique : « … dans notre magasin cela se traduit par des primes de plus en plus petites, des augmentations de salaire infimes toujours en deçà de l’inflation. La suppression des hôtesses de caisse de la station-service. Les salariés en maladie ou en accident de travail ne sont pas remplacés, les outils de manutention sont vieillissants et non adaptés aux taches à effectuer. »

Face à cette situation, la CGT a inauguré ce lundi une semaine d’actions syndicales. Des appels au rassemblement et à la grève sont prévus toute la semaine partout en France, contre le plan de transformation du groupe. FO manifestera normalement jeudi devant le siège social de l’entreprise dans l’Essonne.

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