À quelques jours d’échéances décisives pour la grande région Occitanie, France Nature Environnement et la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports d’Occitanie conviaient la presse ce vendredi 4 juin au Club de la Presse à Montpellier pour relancer le débat sur la Ligne Nouvelle régionale ferroviaire Montpellier Perpignan. Un débat ancien qui risque de perdurer bien après l’été 2021.

« Le choix de la date de ce point presse n’est en rien dû au hasard. Bien au contraire. On ne veut pas que la LNMP passe inaperçue durant la campagne des régionales et on compte sur vous (les journalistes, NDLR) pour en parler et relayer le fait que beaucoup de choses ne vont pas sur ce tracé comme il est évoqué aujourd’hui par SNCF Réseau ». Il a peut être d’autres défauts, mais on ne peut pas faire le reproche à Louis Grandjacquet de la Coordination Régionale Inter-associative de ne pas mettre les pieds dans le plat dès le début de la conférence de presse.

Comme son voisin de tribune Simon Popy de France Nature Environnement, le représentant des associations locales est favorable à la future grande ligne ferroviaire. Et pour cause, comme il le dit lui-même, « on parle là, d’un vrai grand corridor ferroviaire qui dépasse la France, c’est un corridor européen qui va s’ouvrir tant pour le fret que pour les voyageurs du quotidien comme les touristes. »

Rappelant qu’en 2040, « selon plusieurs enquêtes récentes sérieuses, il y aura près de 20 000 poids lourds vers le Perthus », le responsable associatif estime qu’il est impossible que tout ne passe que par la route, d’où l’importance d’avoir à cette période-là, une ligne ferroviaire capable d’accueillir à la fois le fret et aussi les voyageurs.

Pour y parvenir, SNCF Réseau comme les différents acteurs associatifs présents ce matin sont d’accord sur un point : il faut de nouvelles gares sur le tracé entre la cité catalane et la capitale de l’ex Languedoc-Roussillon.  Comme sur d’autres sujets, les désaccords sur celles-ci sont nombreux.

« SNCF Réseau nous annonce une gare nouvelle ultra moderne près de l’A75 et une autre près de Narbonne. »

« Cette dernière serait une gare pont avec un étage, etc. La première est estimée, selon eux, à environ 80 millions d’euros pour la construction et la seconde à côté de Narbonne est évaluée à un peu plus de 100 millions d’euros« , détaille par le menu, Louis Grandjacquet.  Une fois détaillé, le militant claque qu’ « aucun des deux projets n’est sérieux ni respectueux de l’environnement« .

« On avait parlé d’un lieu alternatif près de Béziers qui est près d’un canal, qui serait bien plus judicieux, mais ce site-là a vite été abandonné », regrette le militant. Visiblement irrité par l’attitude et les réponses qu’il obtient de la SNCF, Louis Grandjacquet poursuit en expliquant qu’à proximité de la cité audoise, « on construirait une gare pont toute neuvesur ce tracé entre Montpellier et Perpignan, mais qui ne permettrait pas de repartir vite vers Narbonne. En fait, les trains devraient faire marche arrière ou quasiment pour pouvoir repartir ensuite vers la capitale régionale. « C’est une aberration », peste Louis Grandjacquet. Le militant héraultais conclut son propos en reprenant de façon grinçante une affirmation de SNCF Réseau expliquant qu' »avec deux gares nouvelles, il y aura plus de trains entre les deux villes de l’ancien Languedoc et l’Espagne, etc. ». Mais lorsque le responsable associatif questionne l’entreprise chargée de gérer, maintenir et développer le réseau ferré national pour le compte de la SNCF sur le nombre de trains en plus, les dirigeants de SNCF Réseau deviennent mutiques et sont incapables de fournir le moindre chiffre. Au grand regret des associations languedociennes.

Probablement le plus jeune, mais pas le moins disert des 4 membres associatifs présents ce matin à Montpellier, Simon Popy, Président de France Nature Environnement Languedoc-Roussillon, surprend son monde en affirmant qu’ « au sein de France Nature Environnement, après de longues discussions, on est favorable à cette future ligne ferroviaire » avant de préciser que cet « accord » ne peut être envisagé que si et seulement si « ce futur tracé est conçu en respectant l’environnement sur la totalité de la ligne« .

Mais à l’entendre, le compte n’y est pas, d’un point de vue environnemental. « SNCF Réseau se trompe dans sa façon de penser. Il ne pense pas en termes de durabilité ni d’environnement. Ils ne réfléchissent qu’en termes de coûts financiers moindres et c’est regrettable », entame Simon Popy. « Notre bassin de vie qu’est l’ancien Languedoc Roussillon est un hotspot magnifique pour la biodiversité, une zone de nature ultra sensible », argumente le jeune homme, expliquant par la suite que de nombreuses familles d’oiseaux pourraient être amenées à disparaître si le projet présenté actuellement par SNCF Réseau venait à se concrétiser.

« Le point noir du dossier tel qu’on nous le présente aujourd’hui, c’est clairement vers les basses Corbières. On nous parle d’une tranchée, d’une travée à travers champs. C’est vraiment la pire idée d’un point de vue écologique« , peste le jeune président qui plaide lui pour un projet un peu plus onéreux, mais « bien plus moderne et surtout respectueux de l’environnement ». Son idée ? « Un tunnel, ou à minima une tranchée couverte sur une bonne douzaine de kilomètres dans cette zone des basses Corbières. C’est un ouvrage qui peut être réalisé et qui permettra surtout d’éviter d’éclater des noyaux de population de certains animaux rares dans notre région« , plaide le jeune militant associatif.

Soucieux de rassembler le plus grand nombre de ses concitoyens autour de ce sujet sensible pour l’avenir des mobilités en Occitanie, Simon Popy rappelle que l’association qu’il préside au niveau local, à côté d’autres associations, a lancé une pétition qui vise à « ce que l’on soit le plus possible à interpeller les pouvoirs publics en faveur d’une ligne ferroviaire moderne, mais surtout respectueuse de l’environnement« .

Même s’il ne fait pas, pour l’heure, partie des débats majeurs évoqués par les différents candidats dans la campagne des élections régionales en cours, les militants pro-nature de l’ancien Languedoc-Roussillon, eux, ne relâchent pas la pression pour éviter qu’un tel projet ne soit dévastateur pour l’écosystème naturel languedocien.

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