Miné économiquement par une crise sanitaire dont la fin est bien difficile à prévoir ainsi que par le non paiement des sommes dues par Médiapro à la Ligue, le football français évolue actuellement sur une ligne de crête à tel point que nombreux sont ceux qui s’inquiètent d’une faillite de la ligue 1.
C’est dans ce contexte de fragilité économique que le maire de Montpellier, dans un souci d’allégeance à l’entreprise Nicollin, annonce le lancement de la construction d’un nouveau stade à Pérols sur le site initialement prévu pour la zone commerciale d’Ode à la mer.
Un stade surdimensionné
Le nouveau stade aurait une capacité de 25000 places alors que l’affluence moyenne pour les matchs de ligue 1 était en 2018 de 22584 spectateurs et seulement de 12977 pour le MHSC !
L’expérience des autres stades construits en France ces dernières années devrait servir de leçon. Le Groupama Stadium à Lyon, l’Allianz Riviera à Nice, le Matmut Atlantique à Bordeaux ou encore le Stade Pierre Mauroy à Lille accusent une capacité bien supérieure à la demande : entre 13 000 et 17 000 sièges vides à chaque match en moyenne. Même constat pour les stades rénovés à Saint-Etienne ou Marseille.
Le pari de Nicollin est d’attirer plus de spectateurs avec un stade plus moderne et plus accueillant.
Or l’affluence des spectateurs dépend avant tout de la qualité du spectacle et des résultats sportifs de l’équipe. En terme de spectacle, les matchs de ligue 1 sont loin de rivaliser avec ceux des autres grands championnats européens. Les difficultés financières du football français qui empêchent nombre de clubs de garder leurs meilleurs joueurs, ne devraient pas arranger les choses et il y a peu de chance qu’un Montpellier Dijon fasse stade plein!
Par conséquent, ce surdimensionnement est contraire au bon sens économique puisqu’il renchérit les coûts de construction et d’entretien. Qui payera la facture?
Parti socialiste 3 – 0 Ecologie.
Et 1, et 2 et 3 zéro…
Après le Contournement Ouest Montpelliérain (COM), après la Liaison intercantonnale d’évitement nord (LIEN), le nouveau stade constitue le troisième ouvrage impulsé par le parti socialiste qui fera vibrer le coeur des supporters du béton. Alors que le candidat socialiste nous expliquait que le projet Ode à la Mer était nuisible à l’environnement et au commerce de proximité du centre ville, la même personne nous explique que le nouveau projet lui n’aura aucun effet négatif!
Avec de tels grands écarts programmatiques, attention au claquage des adducteurs! Financement privé, subventions publiques
Estimé à 150 millions d’euros, la construction du stade devrait être entièrement financé par le secteur privé. Sauf que le financement des réseaux routiers, électriques, et d’assainissements seront pris en charge par la collectivité. En outre, pour que le projet soit viable, les risques sont grands de voir augmenter les subventions publiques au club. Les supporters seront donc doublement mis à contribution : par l’impôt et le renchérissement du prix des places.
Du stadium au tradium
Enfin l’agencement de ce stade révèle un développement capitaliste orienté vers la consommation. Le Casino, les différents commerces et espaces de loisirs qui entoureront le stade, sont destinés en priorité aux classes supérieures et moyennes. Les catégories populaires, faute d’un pouvoir d’achat suffisant seront exclues de fait de ces nouveaux aménagements d’autant plus qu’immanquablement le prix du billet va augmenter.
Pour la France Insoumise, ce projet de nouveau stade déconnecté des préoccupations sociales et sanitaires actuelles des citoyens, est inutile, hasardeux et bâclé.
Il est urgent de developper une autre politique du sport et de relire les déclarations de 1936 du ministre des sports du Front Populaire, Léo Lagrange :
« Dans le sport, nous devons choisir entre deux conceptions :
– la première se résume dans le sport spectacle et la pratique restreinte à un nombre relativement petit de privilégiés ;
– selon la seconde conception, tout en ne négligeant pas le côté spectacle et la création du champion, c’est du côté des grandes masses qu’il faut porter le plus grand effort.
Nous voulons que l’ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans le loisir la joie de vivre et le sens de leur dignité. »
La France insoumise Montpellier