[TRIBUNE] de Anne-Rose Le Van, ancienne colistière de Clothilde Ollier. Municipales 2020 à Montpellier : un fiasco pour les listes citoyennes.

Tragédie politique

Faire un retour sur la séquence des Municipales à Montpellier en 2020 est un exercice très difficile, car j’ai participé activement à ce qui est pour moi : une sorte de tragédie politique.

Une tragédie qui a balayé les cartes de mes idéaux tant sur le plan personnel, que collectif comme beaucoup de Montpelliérain.e.s, des militant.e.s politiques, des associatifs, des citoyen.ne.s, des électeur.rice.s.

Pourquoi sortir ce texte maintenant ? Parce qu’il a fallu attendre de longs mois pour que mes pensées ne soient plus dominées par la colère et la tristesse, mais aussi pour que ces expériences servent à d’autres, en d’autres lieux, et en d’autres temps, en offrant notamment un retour critique sur les expériences des listes citoyennes.

Le premier tour

En mars 2020, la presse locale parlait d’une « campagne complètement folle », car déjà les rebondissements et surprises étaient d’une ampleur inédite. Parmi les 14 candidat.e.s en lice, 5 candidatures sérieuses se revendiquaient de listes citoyennes, certain.e.s par choix ou d’autres par défaut. Voici une rapide description « à la serpe » de ces listes (qui sont présentées dans l’ordre décroissant des résultats au premier tour) :

Philippe Saurel : le Maire sortant s’était fait élire 6 ans auparavant sans soutien de partis, après avoir été exclu de l’investiture PS. Il s’est revendiqué d’une certaine forme de « citoyennisme » pendant tout son mandat, même pendant sa période macroniste. Il a été un soutien de la première heure du candidat Emmanuel Macron, expliquant que celui-ci avait fait comme lui, une prise de pouvoir sans soutien des partis, dans une logique « citoyenniste. » Il s’est ensuite éloigné de LaREM, et a eu toujours de mauvais rapports avec les 4 députés LaREM montpelliérains, sauf celle qui était dans sa majorité municipale. Il s’est à nouveau présenté, comme Maire sortant, sans étiquette et avec une liste citoyenne, dont aucun des membres n’avait la carte de partis politiques. La députée de sa majorité se devait même de démissionner de LaREM pour pouvoir être candidate sur la liste. La liste « Montpellier la citoyenne » menée par Philippe Saurel a fait 19,11 % au premier tour, arrivant en tête.

Mohed Altrad : l’oligarque local. 31e fortune française d’après le magazine Challenge, c’est le plus riche habitant du département de l’Hérault, patron du groupe de BTP Altrad, spécialisé notamment dans les échafaudages et présent dans de nombreux pays. Altrad lui-même est patron du club de Rugby de Montpellier, qui l’a rendu célèbre et lui a permis de côtoyer le gratin politique local et national. Il était réputé proche de LR, mais ce parti, à Montpellier, avait aussi la réputation d’avoir des militant.e.s assez racistes. Altrad l’immigré syrien n’était-il pas à leur goût ? Il a en tout cas demandé l’investiture LREM pour les Municipales, mais celle-ci a été attribuée à l’un des députés locaux (qui pour l’anecdote n’a pas dépassé les 6,10 % aux municipales de Montpellier). Il a donc choisi de se présenter seul et a orienté sa campagne dans une logique « citoyenne ». C’était sa première expérience en politique comme de nombreux membres de sa liste. D’anciens de LR, du PS ou du PRG étaient sur sa liste, mais des figures peu connues et c’était la logique sans étiquette et citoyenniste qui était mise en valeur. La liste « Le Cœur et l’Action » menée par Mohed Altrad a fait 13,30 % au premier tour, arrivant troisième.

Rémi Gaillard : humoriste très connu localement et mondialement, sur les réseaux sociaux, un des premiers youtubeurs français qui a eu son heure de gloire avec ses vidéos parodiques publiées directement sur YouTube pendant les années 2000. Il était connu pour avoir beaucoup d’humour, mais aussi une tendance aux blagues vulgaires et sexistes. Un peu le Jean-Marie Bigard local. Après son époque YouTube, il s’est engagé très activement pour la cause animale en s’enfermant plusieurs jours dans une cage de la SPA pour récolter de l’argent pour les animaux présents au refuge. Il a ensuite créé un festival autour de la cause animale. Il a choisi de se présenter pour la première fois en politique pour les municipales de Montpellier. Il a fait une campagne sans aucuns frais autres que ses affiches officielles, son activisme sur les réseaux sociaux (il a 7,4 millions d’abonnés YouTube, 7,5 millions sur Facebook et 355 000 sur Twitter), et ses interventions médiatiques. La liste « N’importe qui » menée par Rémi Gaillard a fait 9,58 % des voix au premier tour, arrivant quatrième.

Alenka Doulain : issue d’un processus de désignation réalisé par le collectif « Nous Sommes », cette ancienne candidate aux départementales pour EELV a été choisie tête de liste présentée par ce collectif. Déjà, au-delà d’un affichage « démocratique » et « citoyenniste », je n’ai pas compris en quoi ce processus était différent de celui d’un parti politique : les personnes s’inscrivaient sur un site internet et celles et ceux qui étaient inscrits pouvaient participer au processus, où les « experts de la démocratie » (dont le mode de désignation n’était pas précisé), choisissaient un panel en fonction d’une représentativité et où l’équipe de direction encadrait le tout. Auparavant « Nous Sommes » avait rencontré les partis politiques, en expliquant qu’ils acceptaient les individus, mais refusaient toute démarche collective des partis envers leur collectif (le Journal Officiel fait d’ailleurs apparaître une association de financement politique pour mener la liste Doulain déposée dès janvier 2020). Les échanges ont donc tourné court assez vite avec le PCF et EELV. Au niveau de la FI, le choix a été fait par le comité électoral national de la FI de soutenir « Nous Sommes » contre l’avis de la majorité des militant.e.s locaux. La liste « Nous Sommes » a été raillée sur les réseaux sociaux comme la liste « #Jesuis » puisque leur deuxième affiche de campagne ne faisait apparaître que leur candidate avec le slogan « Alenka2020 » ; hyper-personnalisation justifiée par les militant.e.s par le besoin de pallier au manque de notoriété de leur candidate. Puis une affiche officielle mentionnant finalement les partis qui soutenaient ce collectif. La communication de « Nous Sommes » a été assurée par Lenny Benbara, directeur de la publication du média d’opinion indépendant « Le Vent se lève », cette liste était-elle un ballon d’essai national ? La liste « Nous Sommes Montpellier » soutenue par la France Insoumise et menée par Alenka Doulain a fait 9,25 % des voix au premier tour, arrivant cinquième.

Clotilde Ollier : a été choisie après une primaire ouverte organisée par EELV, ancienne maire d’un petit village proche de Montpellier, ancienne adhérente du PS, elle était membre de EELV depuis quelques années. Des militant.e.s de EELV Montpellier l’avaient incitée à se présenter à la primaire EELV pour contrer l’influence de l’ancien député Jean-Louis Roumégas que beaucoup pensaient être le candidat naturel de EELV pour les municipales. Clotilde Ollier, infirmière de profession, soutien des gilets jaunes, a suscité un engouement populaire pour cette primaire ouverte et a battu Jean-Louis Roumégas. Ce dernier a crié à la tricherie, mais n’a jamais porté plainte pour fraude, et a choisi de se présenter seul aux municipales, où il a fait un score de 1,61 %. Forte du soutien de EELV, Clotilde Ollier a été rejointe par les déçus de la FI qui ne souhaitaient pas suivre la démarche « Nous Sommes » dont la députée Muriel Ressiguier. Elle a choisi dans son équipe des membres de Fakir Montpellier, réputés proches de François Ruffin, ainsi qu’un universitaire politologue de renom. Ces derniers ont entretenu des rapports très conflictuels avec l’équipe EELV et, sans que les raisons soient bien claires, le bureau national de EELV a choisi de retirer l’investiture du parti à Clotilde Ollier en janvier 2020 alors qu’elle était présentée comme favorite des sondages. Elle a donc continué sa candidature sur une logique de liste citoyenne avec le soutien de petites organisations politiques. La liste « Rassemblement des écologistes et de la gauche » menée par Clotilde Ollier a fait 7,25 % des voix, arrivant septième.

Il y a eu donc un premier tour très « citoyenniste » à Montpellier en 2020. Les partis ont eux essayé de peser sur les choix des électeurs en se présentant comme force de stabilité, et en pointant les ambiguïtés des listes citoyennes assumées, ou par défaut. Les partis, dans une ville ancrée à gauche comme Montpellier, ont eu des scores honorables lors de ce premier tour :

  • PS : 16,66 % arrivant deuxième
  • EELV : 7,42 % arrivant sixième (avec une candidate inconnue en janvier, et une réputation de diviseurs, après avoir retiré leur investiture à Clotilde Ollier)
  • LaREM : 6,10 % en huitième position
  • RN : 4,78 % en neuvième position
  • LR : 3,83 % en dixième position

Le second tour

La loi électorale étant ce qu’elle est, seule 3 listes pouvaient se maintenir à l’issue du premier tour le 15 mars 2020 : Philippe Saurel, Michaël Delafosse (PS) et Mohed Altrad. Les autres listes n’ayant pas atteint le score de 10 %. Les listes pouvant fusionner avec les 3 premiers devaient faire plus de 5 % et elles étaient au nombre de 5. La situation de pandémie de Covid19, avec le confinement, qui a débuté le 14 mars et le report à une date inconnue du second tour ont rendu les négociations d’entre deux tours particulièrement étranges.

Habituellement, les négociations débutent le soir même des résultats par une longue nuit du dimanche et les listes et professions de foi doivent être déposées en préfecture le mardi en fin de journée. Le timing est donc très serré et on se contente souvent de ce qui a été esquissé, pendant le premier tour.

Là, les négociations ont duré des mois, dans un contexte très particulier au niveau sanitaire, donc avec l’utilisation de la visioconférence, du téléphone en priorité, et les réunions en présentiel en comité très restreint. La pratique collective de listes « citoyennes » en a pris un coup. Et de fait, seule une de ces 5 listes a organisé (de façon dématérialisée) un vote pour choisir sa stratégie de second tour.

Et donc le dépôt des listes le mardi 02 juin 2020 à 18h a créé une onde de choc dans le Landernau politique de la ville. Et la presse du territoire reprenait ses propos sur la « campagne la plus folle de France jusqu’au bout ». Le tableau était le suivant :

  • Philippe Saurel avec sa liste « Montpellier la citoyenne » continuait seul.
  • Michaël Delafosse fusionnait sa liste PS avec celle de EELV
  • Mohed Altrad créait la stupéfaction en rassemblant les listes Gaillard, Ollier, Doulain surnommés par Rémi Gaillard en interview : « le GOD et tant mieux si ça vibre »

Que retenir de cette fusion de 4 listes dont les têtes se pensaient toutes comme listes citoyennes ?

Déjà la vulgarité de Rémi Gaillard qui, s’il s’était retenu pendant le premier tour, a été au niveau de ses homologues Jean-Marie Bigard ou Beppe Grillo avec des interviews à connotation pornocratique. Des interviews où il qualifie ce coup politique de « braquage à la montpelliéraine », où un de ses colistiers a écrit sur son blog « on a braqué le milliardaire ». Et bien qu’il ait refusé d’être sur la liste, son mouvement YesWeClown avait son logo sur l’affiche officielle d’Altrad et celui-ci lui a laissé la parole lors d’un débat matinal sur une radio nationale le 23 juin où il se présente « comme simple citoyen qui harcèle la démocratie » pour poser une question sur les frais de bouche de Michaël Delafosse lorsqu’il était adjoint à la culture puis où il demande ensuite lorsqu’il lui est demandé de rendre le micro « est-ce que les journalistes sont les suppositoires du parti socialiste ? ». Est-ce que les 9 % d’électeurs qui avaient fait confiance à Rémi Gaillard l’ont suivi au second tour ? Difficile à dire, mais quelques-uns de ses colistiers ont exprimés dans la presse dès le 12 juin leur choix de se désolidariser de leur tête de cette liste dont ils précisent que le choix a été pris par lui seul.

Cette vulgarité a été reprise par « Nous Sommes » dont certains ce sont exprimés sur les réseaux sociaux en insistant sur l’idée du « braquage », en reprenant l’acronyme « GOD » ou encore en produisant une iconographie inspirée des super-héros américains avec une image « des 4 fantastiques » reprise en boucle par leurs militant.e.s sur internet. Ce qui est étrange dans cette image c’est que le chef des 4 fantastiques du Comics est ici représenté sous les traits d’Alenka Doulain.

« Nous Sommes » avait organisé un vote de ses colistiers et soutiens où le résultat de 55 sur 90 a emporté la majorité pour la fusion avec la liste Altrad. Un communiqué de la France Insoumise parle de « consternation par rapport à ce choix », mais les membres de la FI qui étaient colistiers d’Altrad se revendiquent toujours du mouvement de Jean-Luc Mélenchon et personne a Montpellier n’a entendu parlé de procédure d’exclusion à leur encontre. Ce qui est notable, c’est que le mouvement « Nous Sommes » n’était pas constitué majoritairement de personnes de gauche puisqu’ils ont été nombreux à soutenir une alliance avec un des représentants de la droite locale. Le fait que celui-ci avait eu une campagne citoyenne sans soutien de parti politique leur a permis de justifier ce choix lorsque la question leur était posée sur les réseaux sociaux. Par exemple le 17e de la liste fusionnée, Rhany Slimane, avait écrit ceci sur Facebook : « Ni droite ni gauche, le peuple ! ». Il a semblé qu’au nom du citoyennisme tout devenait possible. Mais les soutiens partisans eux ne suivaient plus : La FI ne soutenait plus ces « 4 fantastiques » et Jean-Pierre Grand, sénateur LR soutient de la première heure de Mohed Altrad a appelé à voter Michaël Delafosse, le 24 juin.

Dans l’équipe de Clotilde Ollier c’est un nombre très limité de colistiers qui la suivirent dans l’alliance avec Altrad : les 2 membres des Radicaux de Gauche, 2 de Génération.s (qui se sont fait exclure dans la soirée du dépôt des listes). Le reste sont une poignée de membres de la FI et de Fakir qui comme ceux de « Nous Sommes » n’ont pas été mis à l’écart du mouvement de Jean-Luc Mélenchon ou de celui de François Ruffin puisqu’ils ont participé aux universités d’été de ces mouvements, Clotilde Ollier ayant même diffusée sur sa page Facebook une photo où elle apparaît a un repas en présence de François Ruffin (était-elle officiellement invitée ou a-t-elle juste profité d’un passage à Valence à 200 km de Montpellier pour « photo-bomber » ce repas ?). Le Directeur de campagne de Clotilde Ollier, Jean-Yves Dormagen, chercheur en sciences politiques de renom avait aussi suivi sa tête de liste. Les autres membres de la liste Ollier, c’est à dire, plus des deux tiers des colistiers (dont j’étais) ont fait savoir par voie de presse qu’ils étaient opposés à cette alliance et qu’ils la qualifiaient de « Mouvement 5 étoiles » à la montpelliéraine (conférence de presse du 4 juin 2020). Ce qui a été assez incroyable pour les membres de cette liste c’est que leur tête de liste avait dit en réunion en visioconférence la semaine précédente devant plus de 50 personnes que « la fusion avec Altrad n’était pas une option » puis avait appelé le dimanche plusieurs de ses colistiers en répétant cette phrase.

Et les électeurs dans tout ça ?

Et les électeurs dans tout ça ? Parce que le principal est le résultat par les urnes. Le résultat du second tour du 28 juin est assez éclairant.

  • Michaël Delafosse est arrivé en tête avec 47,22 % des voix. Le vieux PS allié à EELV ont représenté un choix qui a attiré les électeur.rice.s dont celles et ceux des 5 listes citoyennes.
  • Philippe Saurel est arrivé en deuxième avec 34,65 % des voix. Il a multiplié environ par deux le nombre d’électeurs entre le premier et le second tour.
  • Mohed Altrad en alliance avec les 3 autres têtes de liste citoyenne qui représentaient 47 % des électeurs du premier tour à eux quatre est arrivé troisième avec 18,12 % des voix et moins de 3.000 voix supplémentaires entre sa liste du premier tour et celle du second tour. Les « 4 fantastiques » n’ont pas réussi leur pari citoyen, ni droite ni gauche.

Les listes citoyennes ont-elles permis malgré tout de régénérer la vie politique locale ?

Déjà en 2014 à Montpellier, et malgré le fait que la liste citoyenne menée par Philippe Saurel soit arrivée en deuxième, l’abstention était très élevée à 47,86 % au premier tour et 43,42 % au second tour.

En 2020, l’effet Covid a eu un impact très fort sur l’abstention, mais il faut tout de même comparer : 65,39 % d’abstention au premier tour et 65,56 % au second tour. Et dans certains quartiers, notamment les quartiers populaires, le nombre d’électeurs qui se sont déplacés aux urnes a été très faible.

Les têtes de liste au profil « politique » (Philippe Saurel, Alenka Doulain, Clotilde Ollier) sont toujours actives dans la vie politique locale, tandis que ceux qui avaient un parcours différent, Mohed Altrad et Rémi Gaillard, sont plutôt en retrait. Beaucoup de gens pensent, après cette mascarade que tous les candidats citoyens étaient là uniquement pour avoir des postes et une carrière individuelle, au même titre que les candidats des partis.

Au niveau de la France insoumise, le 17e de la liste Altrad a été vu à la conférence de presse présentant leur démarche aux régionales en octobre et que son nom circule comme potentiel candidat FI sur la liste des régionales, souhaitent-ils refaire cette étrange alliance entre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, et la 31e fortune de France, ou est-ce là encore une opération de « photo-bombing » ?

Depuis 2014, l’activisme de la liste Saurel sur Twitter avait participé de sa notoriété, mais en 2020 le niveau d’utilisation des réseaux sociaux, particulièrement par les listes citoyennes, a été très élevé. En mal de notoriété et d’ancrage de terrain, elles ont toutes été très actives et avec des méthodes particulièrement discutables, abusant de communication négative dirigée contre les autres listes. Je dois reconnaître que j’ai participé à cela à mon échelle. Il y avait des comptes anonymes pour dénigrer les un.e.s ou les autres, des règlements de compte en direct sur Twitter ou Facebook et même à quelques minutes de la fin de la campagne du second tour (le vendredi peu avant minuit) des accusations plus ou moins farfelues concernant un candidat. Ce que je retiens de cela, c’est que dans une ville où tout le monde se connaît, utiliser les réseaux sociaux pour polémiquer ne donnait pas une bonne image de la politique et que celles et ceux qui en ont abusé n’ont pas eu les meilleurs scores.

Peut-on déjà en faire le bilan ?

Ce que je retiens de cette expérience, pour paraphraser le slogan de Rémi Gaillard, c’est : « peut-on faire n’importe quoi, avec n’importe qui, n’importe comment » en politique ? Les listes citoyennes à Montpellier ont fait une tambouille électorale que ne se seraient pas permis les partis politiques traditionnels (quel parti accepte une alliance droite/gauche dans une grande ville ?) et justifié ce « n’importe quoi ». Mais attention, les partis politiques ont aussi eu leur rôle à jouer dans cette « cagade » citoyenne : particulièrement la FI et EELV dont les choix ont été dictés aux militant.e.s locaux de la septième ville de France, par les appareils parisiens en se basant sur l’avis de celles et ceux en qui ils avaient confiance localement, sans aucune analyse de terrain.

Mes inquiétudes maintenant sont que beaucoup à Paris et même à Montpellier n’ont pas forcément compris le niveau de manipulation qui s’est joué dans cet épisode électoral et seraient prêts à recommencer sans prendre le temps d’analyser ce qui s’est passé ici. Tant dans l’appareil de EELV qui aurait pu facilement avoir un maire écolo de plus que dans celui de la FI qui n’a pas eu l’air de condamner plus que par des communiqués formels les alliances avec un oligarque et un humoriste populiste. Ce qui me rassure c’est que les électeur.rice.s ont eux mieux compris soit en se détournant des listes mascarades (avec cette abstention record) soit en allant voter pour la vieille politique dont on connaît les défauts et les qualités.

Comment a-t-on pu tous se leurrer individuellement et collectivement ? Il me semble parce que beaucoup, dont moi, ont cru sincèrement que les listes citoyennes étaient un moyen de « faire de la politique autrement » alors qu’elles étaient en fait trustées par des ambitieu.x.ses sans scrupule et sans conviction qui ont utilisé le rejet des partis pour essayer de récupérer un peu de pouvoir local en leur nom propre.

Macron avait utilisé cette grosse ficelle pour la présidentielle de 2017, le Mouvement 5 étoiles en Italie aussi a joué sur ce rejet justifié d’une classe politique italienne corrompue pour se faire vite et bien une place dans cette classe politique sans faire « de la politique autrement » et en faisant un coup alliance avec l’extrême droite et un autre avec les sociaux-démocrates. Tout comme Macron et LREM, le « Mouvement 5 étoiles » est maintenant considéré comme un parti comme un autre et subit le même mépris de la population. Qu’en est-il à Montpellier ? Les listes citoyennes qui existent ici depuis 2014 sont-elles considérées comme des partis comme les autres ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles n’ont pas permis de régénérer la vie politique locale, et que les élections continuent année après année à susciter le mépris, voire le rejet d’une part de plus en plus grande de la population.

Anne-Rose Le Van, ancienne colistière de Clothilde Ollier

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