En ce qui concerne les personnels et les établissements de santé du Gard, ils sont tous sur le pied de guerre, secteur privé y compris. On est prêts même si les moyens de protection des personnels et les conditions de travail ne sont pas la hauteur des enjeux:
➢ Mise en place de circuits différenciés et services isolés pour accueillir les patients positifs. ➢ Arrêt des interventions chirurgicales excepté celles urgentes et vitales, afin de libérer des lits pour recevoir des patients COVID19 positifs.
➢ Transformation des salles de réveil des blocs et autres espaces en lits de réanimation supplémentaires…
Mais cela risque de ne pas suffire pour pouvoir absorber le pic épidémique, car on manque de lits de réanimations, de professionnels formés, de masques, de protections…
C’est l’une des conséquences de la politique d’austérité sur la santé menée depuis des décennies ; les responsables successifs auront à en rendre compte…
Dans ces conditions, même si les agents sont dévoués, nombre d’entre eux sont déjà contaminés et vont être contaminés à cause de la pénurie de protections individuelles (masques, gel hydroalcoolique, sur blouses…). De plus leur rationnement les rend souvent inadaptées à l’utilisation.
Nos directions trichent en mettant en place des protocoles pour gérer la pénurie, protocoles en inadéquation complète avec les préconisations sanitaires. (Ex. : 1 masque chirurgical par jour…)
Avec ces protocoles, ils opposent et culpabilisent les agents entre eux, en affectant en priorité les protections idéales aux soignants en « premières lignes » (Réa, urgences, blocs…) pour rationner les stocks dont ils disposent.
Les soignants de services de « secondes lignes » doivent avoir des garanties de protection.
L’activité des ouvriers et des administratifs est également indispensable au bon fonctionnement de l’hôpital, ils sont aussi exposés au risque de contamination et doivent être correctement protégés pour être en sécurité eux-mêmes, préserver leurs proches et les usagers.
On sert de chair à canon c’est insupportable pour nous, nos familles, les malades, les résidents…
Il est alors important de noter, comme en Italie, que le manque de tests de dépistage disponibles, le manque de lits de réanimation et d’effectifs est la cause du nombre important de décès.
La menace du pic épidémique, associé au manque de moyens, est un facteur anxiogène pour les personnels qui craignent d’être contraints de faire des choix pour assurer la survie d’un patient, plutôt qu’un autre selon des critères d’âge, d’antécédents de gravité…
Seuls les choix budgétaires pour la santé en France des politiques passées et actuelles en seront la cause !
Les contradictions gouvernementales quant au confinement strict (sauf pour les métiers essentiels) et l’impossibilité de tester les gens, créent un retard monstrueux dans la comptabilisation des personnes porteuses du virus.
Les conséquences de la reprise des activités industrielles non essentielles seront la propagation du virus, l’émergence du pic pandémique, l’embolisation des établissements de santé et l’exposition supplémentaire des professionnels des hôpitaux …
On nous fait prendre un risque sanitaire inconsidéré au nom du profit.
Le président a dit on est en guerre, alors pour la CGT et les professionnels des établissements de santé que nous représentons c’est un crime de guerre que de laisser reprendre les industries non essentielles.
L’utilisation des moyens de protections nécessaires pour les salariés contraints de reprendre le travail dans des secteurs d’activités non essentielles vont amoindrir les stocks restreints au détriment des professionnels des activités essentielles, dont font partie les professionnels des établissements de santé
Il faut maximiser le confinement pour ne pas augmenter le nombre de malades et l’embolisation de nos services de soins, l’urgence est d’arrêter les industries non essentielles; le message gouvernemental doit être clair, et l’imposer.
Pour information, la France, 5e pays le plus riche au monde, dispose de 3 lits de réanimation pour 1000 habitants, ce qui nous place au 19e rang mondial… L’Italie en a 2,6 et l’Allemagne 6…
Nationalement, il est enregistré une augmentation quotidienne du nombre de personnes contaminées, dans le Gard nous ne sommes pas encore à saturation.
En ce qui concerne les EHPAD, le manque de personnels, de moyens de protection pour eux et les résidents, l’absence de dépistage systématique, nous inquiète particulièrement. Chaque EHPAD peut devenir un « cluster »COVID19.
On dénombre déjà plusieurs décès suspects de nos aînés dans le Gard.
Plusieurs collègues de ces secteurs sont également touchés.
Dans le même temps, la loi d’urgence sanitaire, permet aux employeurs de rendre les salariés corvéables à souhait : modification de planning, travail en 12h imposé, suppression de congés, RTT, suppression de la limite du nombre d’heures supplémentaires… Les chefs d’établissements publics ne s’en privent pas, alors que le pic pandémique n’est pas atteint.
Les héros de la nation vont pouvoir mourir au travail sans aucune contrepartie concrète. Le président a chiffré immédiatement à plusieurs milliards l’engagement de l’état pour soutenir les entreprises, mais pour la santé, les personnels, les hôpitaux aucun chiffre, juste une déclaration politique d’intention…
Si les mercis de la population, et les élans de solidarité font chaud au cœur, le gouvernement devra rendre des comptes aux personnels de santé le moment venu.
Si les hospitaliers, en lutte depuis plus d’un an avaient été écoutés, entendus et s’il y avait eu des réponses favorables à leurs légitimes revendications, la catastrophe sanitaire que nous traversons tous aurait été moins dramatique.
Il y a un avant, et il y aura un après ; les personnels de santé ne se contenteront pas d’un merci, ou d’une médaille.
Pour la CGT la bataille à mener est claire la France doit retrouver un véritable système de santé publique qui réponde pleinement aux besoins de la population.
Ce système doit également se conquérir à l’échelle européenne et internationale.
USD CGT santé du Gard