[VIDEO] Et si cette gare de la Mogère n’était que le résidu d’un rêve éteint qui voulait faire de Montpellier un port sur la méditerranée ? Un vieux projet ambitieux de Georges Frèche, d’une ville qui mettait le cap vers la mer, et qui s’imaginait les pieds dans l’eau. Devenir comme Barcelone, pour répondre peut-être à ce complexe d’infériorité face à la capitale de la région espagnole de Catalogne ? Pour l’heure pas de port de Plaisance, pas de bateaux en vue, quelques trains, un probable stade de football, et quelques milliers de logements à venir, avec vue sur deux autoroutes.
« Un nouveau quartier autour de la gare pour la justifier ? »
« Une situation catastrophique, et ridicule pour les usagers et pour les contribuables » tient à préciser le conseiller régional EELV Christian Dupraz. Il y a « une fois de plus un mensonge, » selon ces écologistes. Et ils réagissent à l’actualité d’un reportage sur M6 : « Gabegie, l’incroyable gare fantôme », qui pose à nouveau les enjeux de cette gare Sud de France. Manu Reynaud (EELV) explique : « non ! Philippe Saurel n’a pas subi cette gare, il l’a fondamentalement voulue. » Un reportage où le journaliste pose cette question : « pour vous l’aboutissement, c’est de réussir à faire un nouveau quartier autour de la gare pour la justifier ? » On découvre alors un maire de Montpellier, et un président d’EPCI un peu pianiste, qui en quelques mots répondra par l’affirmative : « pas seulement pour la justifier, mais aussi pour la justifier. »
Une conférence de presse d’EELV Montpellier, jeudi 25 avril pour refaire le point sur l’ensemble des responsabilités, et des « mensonges », avec comme outil de communication, et symbole de la thématique du jour : une marionnette grandeur nature de Pinocchio.
Interview :
La séquence des 2 milliards : « nous sommes coincés »
Dans cette vidéo, Philippe Saurel lance à l’époque : « nous ne pouvons pas sortir de l’acte constitutif de cet engagement de l’agglomération, sous peine de verser : 2 milliards d’indemnités […] donc nous sommes coincés. »
Christian Dupraz donne son explication : « ceci était un mensonge absolu. En milliards d’euros, c’était le coût du contournement Nîmes Montpellier, de l’ensemble de la ligne, ça n’avait strictement rien à voir avec la gare. Et toutes les évaluations des indemnités d’arrêt de projet qui auraient pu être versées à cette époque-là tournent entre 8 et 10 millions d’euros. C’était fort, bien entendu, mais ça nous évitait de nous lancer dans ce projet délirant qui lui, a couté bien plus, et qui va nous couter encore bien plus dans le futur. » Pour Manu Reynaud, un homme comme Philippe Saurel aussi imprégné des mécanismes, et des responsabilités d’une métropole, « ne peut pas méconnaître une règle de base de ce type, et nous expliquer que la clause de dédit est égale à 15 fois le montant des travaux… »
Et selon l’analyse de Christian Dupraz : « c’est donc une gare qui est un prétexte absolu, qui n’est pas faite pour les voyageurs, c’est une gare qui est faite pour les promoteurs… »
45 trains par jour pour un équilibre financier
Le Vice-président de la commission Transports et Infrastructures de la région Occitanie entre dans d’autres détails que les problèmes de correspondances : “au-delà du coût exorbitant de l’investissement de la gare, nous allons payer cette gare une deuxième fois et peut-être une troisième fois. Parce qu’en fait, ce qui est aujourd’hui la réalité […] c’est que cette gare a un déficit d’exploitation énorme. Elle n’a un point d’équilibre financier qu’à partir de 45 trains par jour. On en sera très loin.” Puis Christian Dupraz enchaine : “elle va donc générer un déficit d’exploitation que la SNCF va répercuter sur le prix des billets, mais aussi sur les redevances que la Région paye pour ses TER dans la gare Saint-Roch.”
450m de polémiques
Autre épisode du feuilleton de la Mogère, de ce jeudi 25 avril : le tribunal administratif examinait un recours de l’association « Sauvons la Nature » et de la ville de Lattes, contre la réalisation d’une voie d’accès à la gare pour fluidifier à la hâte, le trafic des arrivées et départs de voyageurs pour le week-end, et les vacances de Pâques. Ces 450 mètres de voie ont-ils été réalisés dans un cadre administratif légal ? Réponse prochainement, avec les juges du tribunal administratif.
Dans ce contexte, “Bienvenue chez les dingues pourrait devenir le nouveau slogan de Montpellier”, souligne non sans humour Manu Reynaud.