Mobilisation réussie à Montpellier pour la grève générale interprofessionnelle de ce 5 février. Une intersyndicale, des partis et des mouvements politiques à l’unisson avec les groupes de Gilets Jaunes. Une présence en force, et c’est plus de 4000 participants qui ont défilé en scandant : « tous ensemble, tous ensemble. »

La prise de parole du secrétaire général de la CGT UD 34, Serge Ragazzacci était inclusive, avec tous ceux qui ont répondu présent à cet appel : les formations politiques, France insoumise, NPA, PCF, les organisations syndicales FO, la FSU, Solidaires, et les Gilets Jaunes venus nombreux. « Le gouvernement choisit la fuite en avant, en réprimant durement celles et ceux qui s’opposent à lui […] Notre urgence, c’est l’urgence sociale. Ce sont les inégalités qui se creusent […] Dans sa fuite en avant le pouvoir organise un soi-disant Grand Débat. Un véritable enfumage généralisé, alors réjouissons-nous d’être aussi nombreuses et nombreux… » Le secrétaire général précisera à l’encontre d’Emmanuel Macron : « si nous sommes mobilisés, ce n’est pas pour répondre à ses questions. Mais pour qu’il réponde lui, à nos revendications, et à nos urgences. » Puis il enchainera avec un SMIC qu’il faut porter à 1800 euros brut et un rétablissement de l’ISF. Engager aussi une réforme fiscale et réduire une TVA à un taux de 15% et « bien sûr imposer le capital et la finance. »

«Ensemble, nous sommes une force déterminée, une force puissante »

Serge Ragazzacci insistera sur l’unité : « ensemble nous sommes une force, une force déterminée, une force puissante, une force pacifique : les violents c’est pas nous. » Ensuite, précisions : « la CGT appelle ses sections syndicales à prolonger cette journée en réunissant les salariés en assemblées générales pour poursuivre les actions. Et s’ils en décident la grève. » Il conclura en écartant les prétendus syndicalistes qui travaillent contre l’unité, et contre l’élévation du rapport de force : « nous construisons les victoires de demain, et la promesse d’un autre avenir pour nous, et nos enfants. On lâche rien. Unis, déterminés, on continue : tous ensemble. »

Construire un rapport de force

Depuis plusieurs jours, les Gilets Jaunes avaient appelé à rejoindre cette action, du 5 février. Et maintenant : « il est indispensable de construire un rapport de force, notamment par la grève, pour imposer au patronat la redistribution des richesses » : c’est ce qu’entend mettre en place la CGT, jusqu’au printemps. Demain l’action se poursuit, même si avec cette mobilisation, les perturbations occasionnées dans les services publics ont été minimes.

Le mouvement des Gilets Jaunes a provoqué, par sa force et par la singularité de ses formes d’organisation, une véritable évolution de la mobilisation citoyenne. Et comme ils aiment à le chanter : « on est là, on est là… même si Macron ne veut pas, nous on est là… » Il y a déjà un avant, et un après, Gilets Jaunes. Pour certains, cette journée était aussi une journée de colère dirigée contre “la loi anticasseurs.” « Le droit de manifester n’a pas besoin d’une loi. C’est pour nous faire peur, parce qu’on a réussi à changer la donne. Ils sont répressifs et liberticides parce qu’on a réussi à gagner du terrain, » exprime Cathy.

À noter que “la loi anticasseurs” a été approuvée en première lecture à l’Assemblée dans l’après-midi du 5 février, par 387 voix contre 92.

Gilets Rouges et Gilets Jaunes, un mélange qui n’en était pas vraiment un au départ, mais qui après un flottement quant à la direction à prendre, au niveau de la gare Saint-Roch en est devenu un. Des Gilets Jaunes s’étaient rassemblés en début de cortège, reléguant le carré de tête syndical plus loin dans le défilé. Un carré de tête qui a su garder la direction initiale vers les jardins du Peyrou. Le cortège coupé en deux un temps, a vite retrouvé son unité.

Les revendications des Gilets Jaunes se sont élargies à la hausse du SMIC, la justice fiscale et davantage de services publics. Des revendications en phase avec celles de la CGT : augmentation du SMIC, du point d’indice, de tous les salaires et pensions. Une réforme de la fiscalité, le développement des services publics partout sur le territoire, la suppression des aides publiques aux entreprises : CICE et exonérations diverses qui ne servent ni l’emploi, ni la revalorisation des salaires, ni l’investissement de l’appareil productif.

« Il faut que le gouvernement entende les urgences qui s’expriment »

Pour Serge Ragazzacci le secrétaire général CGT UD34 : « les dynamiques qui se sont créées autour des mouvements de Gilets Jaunes d’un côté, et puis de la CGT de l’autre, ont permis aujourd’hui une élévation du rapport de force. Et c’est de bon augure pour les jours et les semaines qui suivent. Il faut que le gouvernement maintenant, entende les urgences qui s’expriment ».

Si la manifestation s’est terminée classiquement devant le Peyrou, par une prise de parole, les Gilets Jaunes ont ensuite, initié un rassemblement sur la place des martyrs de la résistance, pour terminer la manifestation à leur façon avec un affichage sur les grilles de la préfecture : « unissons-nous.» Une convergence de luttes qui semble naître, et qui sera peut-être appelée à réussir.

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