Paris, dimanche 20 janvier. Les marcheurs pour le RIC avaient encore de l’énergie, et ils sont restés motivés grâce aux rencontres faites sur la route. Certes, ils n’étaient pas nombreux à faire cette dernière étape. Normal, c’est compliqué pour beaucoup d’entre eux de trouver le budget et le temps pour aller à Paris. Et côté parisiens, le gros évènement c’était la veille.
De la mairie d’Issy-les-Moulineaux à la place de la Bastille pour le #RIC, et de la Tour Eiffel à la place de la Bastille pour la #ManifDesFemmesGiletsJaunes. La jonction devait se faire à 14h00, elle s’est faite à 15h50 pour ensuite se diriger Place de la Nation. Certains marcheurs partis d’Arles avaient directement pris le départ sur le Champ-de-Mars.
La guerre de la communication est lancée
Un voiturier d’un des restaurants boulevard du Montparnasse lâchera dans un sourire à son collège l’écailler : « tiens regarde… des retardataires, » en les voyant passer vers 12h30, ce dimanche 20 janvier. C’est l’inverse, question timing les Gilets Jaunes ont compris. Ils se sont mis en mode « premiers de cordée » : c’est la régularité et la multiplication des actions dans le temps qui sont prioritaires. La guerre de la communication est lancée, avec à l’offensive le gouvernement qui compte sur son grand débat national pour enrayer cette contestation sociale, et occuper à nouveau l’espace médiatique. Bref, il y a une place à se disputer : essayer de reprendre la main sur une information positive, et rester à la une.
Grand débat et cahiers de doléances, « on n’est pas des serfs ».
Pour Évelyne marcheuse depuis Bordeaux, les Gilets Jaunes ne sont pas sous la dépendance d’un seigneur : « faire les ronds-points c’était bien, mais on est parti pour symboliquement remonter toutes les revendications. On faisait remplir les cahiers de doléances, et on a dit stop. On n’est pas des serfs… »
Les objectifs et les projets de cette marche pour le RIC
Connexions des QG, des groupes de Gilets Jaunes, et des différents points de blocage, ronds-points et péages pour donner une colonne vertébrale au mouvement en dehors des réseaux sociaux, c’était aussi la mission de cette marche pour le RIC. Paul est analyste en sécurité, et c’est l’un des initiateurs de cette marche. Il explique : « on comprend et on sait que les réseaux sociaux sont devenus vulnérables à la censure. Ils étaient un point fort au début, mais il est temps de les réorganiser et de donner une priorité au contact direct. Facebook comme Twitter doivent nous permettre de médiatiser nos actions, mais ils ne doivent plus être nos seuls outils d’organisation et de travail en interne. »
Les échanges se concrétisent, le passage de cette marche a laissé, ou a renforcé le travail d’équipe entre les communes voisines, pour mutualiser certaines manifestions, et certaines actions. Exemple entre Béziers, Nîmes et Montpellier sur les Actes IX et X. Paul précise : « on a connecté les Mariannes de Narbonne, avec les Mariannes de Béziers et de Nîmes. On a connecté aussi les street medic de Montpellier avec ceux du Gard. » Principe : agir en nombre pour mieux se faire entendre et mieux se faire comprendre.
La suite pour le RIC, une demande officielle à la mairie de Paris sera faite ce lundi 21 janvier, afin de bénéficier d’un endroit : « le spot du RIC » en quelque sorte. L’idée, c’est de pouvoir travailler sur sa structure, son organisation et sa communication. Pour Paul : « notre débat dans la capitale, sur le Referendum d’Initiative Citoyenne ne sera pas un débat entonnoir, comme cela a été présenté dans la lettre d’Emmanuel Macron, avec des sujets déjà définis, et des options A, B ou C à choisir. » Pas de QCM donc, ni de cases à cocher. En revanche l’objectif est de préserver toute la valeur législative, constituante, abrogatoire et révocatoire du RIC. Ensuite, une information « version Gilets Jaunes » destinée à tous les citoyens devrait être largement diffusée.
Les réactions à la Bastille
À son arrivée à la Bastille, Paul était déjà satisfait par la première phase de « son » projet. Dans l’instant, c’était émotions et remerciements, avant la suite à donner :
Gardois et Héraultais, retour avec Sarah, Jeremy et Sébastien sur le sens de cette aventure :
Sarah : « on a pu voir une solidarité magnifique, et on a pu constater que le mouvement était loin de s’essouffler. »
Jeremy : « je trouve que l’on a retrouvé notre fraternité. »
Sébastien Paturel : « émouvant pour tout le monde […] on continue le combat. »
En fin d’après-midi, la Marche nationale pour le RIC et la marche des Femmes Gilets Jaunes se sont terminées Place de la Nation, à Paris.