C’est l’une des principales réformes portées par le gouvernement en ce début d’année 2018 : le projet de loi « asile-immigration » devrait être présenté en conseil des ministres fin février.

Emmanuel Macron avait indiqué vouloir « réformer en profondeur » le droit d’asile, pour arriver à un « traitement humain et juste ». Le texte propose aujourd’hui, à la fois d’accélérer le traitement des demandes d’asile, d’augmenter le nombre d’expulsions et de renforcer les moyens de la politique d’intégration. Stratégique pour l’exécutif, ce projet suscite pourtant des réserves, voire des oppositions.

Du côté de La République en Marche et pour Coralie Dubost, députée de la 3ème circonscription de l’Hérault et Vice-Présidente du groupe, la philosophie du gouvernement en matière d’asile et d’immigration est explicite : « Dès juin 2017, le Président de la République avait appelé à la plus grande humanité dans la gestion des migrants et des demandeurs d’asile et assuré que la réforme du droit d’asile faisait partie des priorités du travail gouvernemental. La France a en effet toujours été une terre d’accueil qui protège ceux qui souffrent, nous ne renierons jamais cette vocation ».
3ème séance : Bonne application du régime d’asile européen (suite) ; Création d’un chèque-emploi collectivités territoriales, du 7 décembre 2017.

Pour les associations c’est un autre son de cloche

Pour Chantal Germain, Présidente du groupe local La Cimade de Montpellier : « on est surtout dans une grande ambiguïté, puisque le Président dit une chose et le ministre de l’intérieur dit l’opposé ». « Ces politiques visent à séparer les étrangers, les exilés, les personnes qui l’on reçoit en deux groupes, ceux qui ont droit à quelque chose d’après le Président et ceux qui n’ont droit qu’à un renvoi plus où moins brutal dans leurs propres pays ou dans un autre pays ». Pour la Présidente, la France « n’a pas bonne côte auprès des étrangers, depuis quelques années. La France n’est plus considérée vraiment comme la patrie des droits de l’Homme ».

Christophe Perrin, Délégué National en région – Languedoc-Roussillon (Occitanie), La Cimade, parle, quant à lui, d’un projet où « rien ne change », « on est dans les mêmes logiques », « rien n’est réglé, cette réforme qui va venir, va rester dans la logique de ce qui existe aujourd’hui et elle ne résout absolument aucune des absurdités actuelles ». « Ce qui est prévu, c’est expulser encore plus vite », « les objectifs qu’on se donne, c’est un moment donné, comment se débarrasser des gens de la manière la plus rapide possible ».

Pour Pierre-Loup Chevalier de La Cimade et du Collectif Migrant-e-s Bienvenue 34, même inquiétude, « depuis pas mal d’années, ce qu’on appelle réforme, sont, pour moi, des régressions, et celle-là ne déroge pas à la règle. Ce sont des mesures qui, sous couvert d’assurer le droit d’asile, vont en fait rendre plus difficile la possibilité de recours juridiques qu’on avait jusqu’à présent. »

Des professionnels du droit s’inquiètent

Pour Nathalie, avocate, « la réforme est présentée comme un progrès et en ce moment, circule au niveau des députés de La République En Marche, un « vade-mecum », pour leurs expliquer que cette réforme est positive et que selon les mots de Macron, elle allie humanité et fermeté. Mais, quand on est juriste et qu’on regarde les textes et les modifications des articles, on en est loin. » « On est sur une démarche qui consiste à expulser à tout prix, extrêmement répressive en ce qui concerne les droits des personnes qui demandent l’asile. Aujourd’hui, demander l’asile, c’est quasiment être en centre de rétention dès le début de la demande. On n’attend pas la détermination de l’État responsable pour pouvoir enfermer les gens. » « Les articles modifiés dans le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, ne font qu’intégrer du répressif, du répressif, du durcissement, du durcissement. Il y a peut-être deux, trois articles, qui seront présentés qui feront un peu strass-paillette sur l’insertion ». Elle conclut : « Il n’y a pas de doute et pour les associations qui s’occupent du paysage migrant-asile : c’est une régression ».

Plus de 500 personnes pour une manifestation « Stop Dublin » samedi 3 février à Montpellier

Ils étaient nombreux, samedi 3 février pour marcher depuis le centre d’accueil et d’orientation des migrants dans le quartier du Millénaire, rue Marconi jusqu’à la place de la Comédie, pour y construire symboliquement un mur couvert de messages d’espoir, de slogans et de dessins pour dénoncer les conditions d’accueil des migrants.

Initiée par les Collectifs Migrants Bienvenue 34 et Bienvenue Aux Réfugiés Villeneuve Les Maguelone, cette marche symbolique, a grossi progressivement sur son trajet, jusqu’à dépasser les 500 personnes en fin de parcours.

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