Entretiens croisés de Bruno Paternot, Co-Secrétaire, et Manu Reynaud, Porte-parole, du groupe local Europe-Écologie les Verts de Montpellier.
Europe-Écologie les Verts au national
Sur Notre-Dame-des-Landes, pour Manu Reynaud : « On sort d’une période extraordinaire qui est la décision sur Notre-Dame-des Landes, il faut le dire, c’est une réussite. Nicolas Hulot a pesé de tout son poids pour arriver à obtenir cette décision. ». Bruno Paternot complète : « On a bien compris que ces grands projets inutiles n’avaient qu’une seule ambition, celle d’une plaque avec le nom de l’élu qui a fait en sorte que ça se construise […] là-dessus, la société a bougé ».
Sur Europe-Écologie les Verts, son devenir, son fonctionnement, Manu Reynaud explicite : « On n’est pas un parti militant. » « Ce n’est pas un parti de masse, ça ne peut pas l’être ». Il s’amuse même à souligner : « On a les électeurs les plus intelligents de tous les partis politiques. Ils ne votent pour nous que quand ça a du sens et que ça sert à quelque chose. C’est pour ça qu’on passe de 2% à la Présidentielle avec Eva Joly à 16% aux Européennes. Quand on est utile avec Daniel Cohn-Bendit, avec José Bové, avec Eva Joly, ils votent pour nous. Quand on ne sert à rien, ils nous mettent à 2%. ». Sur les dernières Présidentielles, il glissera même : « Je ne regrette pas mon vote pour Benoît Hamon, parce qu’à un instant t, on a fait une bascule. D’une certaine façon, on a permis de casser le PS, c’est peut-être une bonne chose… Maintenant, tout est à écrire. ».
Sur le plan organisationnel, Bruno Paternot précise : « On est sur la préparation des Assises de l’écologie, au printemps. C’est l’idée de recentrer le parti sur des questionnements environnementaux et écologistes, avant tout, et d’essayer de trouver l’endroit juste – et il est compliqué à trouver – un endroit qui reste un parti politique et qui n’est pas une association. ». Il rajoute : « Comment faire pour que le mouvement ne suive pas un dieu de papier qui aurait tous les pouvoirs ? ».
Europe-Écologie les Verts en Occitanie
Manu Reynaud revient sur le lent effritement d’Europe-Écologie les Verts : « C’est retombé progressivement. Il y a eu 2010, avec les régionales, où on a eu des élus dans toutes les régions qui ont vraiment impacté les politiques régionales, à tous les niveaux. On le voit maintenant, avec les nouvelles régionales de 2015, où tu vois le fossé qui existe en Île-de-France, en Rhône-Alpes, en Pays de Loire, des régions qui étaient en pointe sur ces questions, qui sont revenues en arrière sur tous les combats écologiques. Wauquiez, c’est une caricature. Il est même arrivé à supprimer toutes les subventions pour les associations environnementales pour les filer aux chasseurs. C’est de la provocation… ».
Sur les remous du groupe « Nouveau Monde En Commun » à la Région, il explique : « Sur le groupe, c’est des questions locales et des questions de personnes. » « Comment ça s’est passé ? On a refondé le groupe, entre Europe-Écologie et le PC. La vérité c’est qu’il y avait des gens qui ne pouvaient plus en faire partie, parce qu’il se comportait de façon complètement hallucinante. » « C’est des radicaux parmi les radicaux les gens qui sont partis. Avec Muriel Ressiguier, ce ne serait pas passé pareil, parce qu’il y a un respect des combats, il y a une discussion, il y a un débat. ». Point de vue soutenu par Bruno Paternot : « Quelqu’un comme Muriel Ressiguier, qui est à La France insoumise, mais qui n’est plus dans le groupe parce qu’elle est devenue députée serait très certainement restée dans Nouveau Monde [groupe qui a succédé au groupe Nouveau Monde En Commun à la Région], c’est vraiment une question de personne avant tout. ».
Manu Reynaud résume : « Il y avait des individualités incapables d’agir dans une majorité. Il y a un vrai choix de participer à une majorité, de faire avancer les dossiers. Aujourd’hui, on a fait avancer des dossiers majeurs, sur le rail, sur la Région énergie positive. On a annoncé qu’on voulait être la première Région énergie positive d’Europe. ».
Europe-Écologie les Verts à Montpellier
Bruno Paternot nous explique : « Le parti sur Montpellier et sur l’Hérault est composé uniquement de bénévoles et de militants. » « Sur Montpellier, [il y a] entre 30 et 40 adhérents et adhérentes à jour de cotisation. C’est la moitié de ce qu’il y a sur l’Hérault. ».
Le groupe local de Montpellier se retrouve mensuellement, au cours de « cafés verts », « temps de discussion, de regroupement et de partage de compétences », selon Bruno Paternot.
Le prochain café vert aura lieu le 12 février 2018 à 19h au 9 rue Saint-Antoine à Montpellier.
L’écologie à Montpellier
Nous engrenons les sujets locaux. Tout d’abord, l’A9 et son dédoublement. Pour Manu Reynaud : « C’était un non-sens. On n’avait pas besoin de doubler l’autoroute. Aujourd’hui, quand Saurel [Maire de Montpellier et Président Montpellier Méditerranée Métropole] te parle du contournement ouest […], il n’y a pas un rond, il suffit de regarder : il y a un plan État-Région, il suffit de regarder ce qui est budgétisé. Le truc vaut des centaines de millions d’euros et il y a dix à vingt millions d’euros qui sont budgétisés. » « Pourquoi doubler l’autoroute, alors que ce qu’il fallait, c’était changer les échangeurs ? Parce que Vinci a fait une opération immobilière. » « On ne calibre pas les infrastructures publiques pour 6 ou 8 week-ends par an. ».
Le Tramway avec Bruno Paternot : « Est-ce que la ligne 5 ou même la ligne 6 de Tramway se font sans partis politiques ? Est-ce qu’uniquement une association qui mêle un groupe de pression réussit à faire en sorte que ça existe ? » « Si l’écologie politique avait été élue en 2014, la ligne 5 existerait. » « Notre mini-Jupiter maison a une incidence très claire sur la vie des gens. » « Et, ça, c’est le fait d’un vote. ». Il explique sa position sur les changements entourant le stationnement à Montpellier : « C’est juste une ghettoïsation. À partir du moment où vous privatisez, vous faites en sorte que les gens aillent un petit peu plus loin et du coup cela veut dire que les riches restent au centre et que les pauvres vont en périphérie. Comme on agrandit le centre, la périphérie se retrouve juste un peu plus loin. ».
Enfin, sur la politique de la Ville, Manu Reynaud tranche : « Depuis 2014 [les dernières élections municipales], on n’a pas vu un centimètre de piste cyclable. » « On peut pas dire que sur les pistes cyclables, sur le bio dans les cantines, sur l’espace public, il y ait des choses qui aient été faites. Il n’y a rien qui a été fait, il n’y a pas de bilan. » « Le problème avec Saurel, c’est que c’est un mec qui a plus de pouvoir que Macron » « Saurel a une assemblée de godillots. » « Saurel arrive avec une liste qu’il a composée de bric et de broc, la seule personne qui avait un peu d’expérience, c’est Max Lévita. » « Tous les autres, c’est le cousin de machin, la copine de machin, ses amis francs-maçons. Ce sont des gens qui ne pensaient même pas être élus et donc aujourd’hui, ils n’ont aucun pouvoir. ».
Sur la politique de Philippe Saurel, Bruno Paternot tranche : « À partir du moment où on a la même politique que le Front national en matière de culture, et des Républicains en matière de politique de stationnement, on n’est pas à gauche. ».
Les élections municipales de 2020
Manu Reynaud dresse un premier constat : « Philippe Saurel a été élu pour une seule et bonne raison : c’est l’absence de liste écolo au premier tour de l’élection municipale. » « S’il y avait eu une liste écolo en 2014 à Montpellier, Philippe Saurel ne serait pas Maire de Montpellier. ». Il dresse un second constat : « À Montpellier, il se trouve que là, maintenant, il y a un changement générationnel important. Des mecs comme Michaël Delafosse [PS], qui est ouvertement candidat à la Mairie de Montpellier, ou Christian Assaf [PS], c’est le changement générationnel des quadras. ». Il précise : « Aujourd’hui, on a envie de changer la donne, d’impacter les politiques publiques. Mais j’ai trop appris à être modeste en politique. Le casting on verra après. ».
« La prochaine municipale, ça va être assez simple, cela ne va pas être pour ou contre Saurel. » « Mais est-ce que les gens écolos et de gauche arrivent à trouver un vade-mecum pour avoir un programme, un casting, qui permettent de refaire quelque chose de cette ville ? ». Il ajoute : « Je n’ai aucun ennemi à gauche, de l’extrême gauche, au PS et au centre droit. Moi, un mec comme Alex Larue [Les Républicains], c’est un mec que je respecte, il a des positions sur lesquelles on peut se rejoindre. ». Il conclut tout de même : « Il n’empêche qu’il faudra, à un moment donné, que l’on fasse un choix en conscience et qu’on discute ensemble pour dire qu’elle sera la meilleure des choses pour Montpellier. ».
Bruno Paternot précise : « Le plus important ce n’est pas que nous soyons élus, mais que nos idées arrivent à infuser et à exister. ».
Les écologistes de Montpellier lanceront sous peu un grand questionnaire sur Montpellier, selon Manu Reynaud : « Sur les thématiques écolos. Mais les thématiques écolos sont tellement larges : elles englobent des transports aux déchets, en passant par le bio dans les cantines, presque l’ensemble des compétences de la Ville… ».