17e Congrés des Régions à Montpellier (©JPV)
17e Congrés des Régions à Montpellier (©JPV)

Le Premier ministre Jean Castex s’est rendu à l’Arena de Pérols dans la métropole de Montpellier, pour le 17e congrès des Régions organisé par l’association des Régions de France. Une association qui veut enrichir le projet politique régional avec un pays réellement décentralisé au service des concitoyens.

Ce jeudi, Jean Castex depuis son estrade et devant le parterre d’élus, avait perdu les noms des responsables politiques locaux. Perdu ou gommé du discours, il les salua ainsi sans les nommer : « monsieur le maire de l’endroit, monsieur le maire de Montpellier Président de la métropole, et monsieur le président du conseil départemental de l’Hérault. » Comprendre qu’il s’agissait dans l’ordre de messieurs Rico, Delafosse et Mesquida. Et même s’il avait envoyé du « chère Jacqueline » pour la ministre de la Cohésion des Territoires et du « chère Carole Delga » pour la présidente de l’association des Régions de France et de l’Occitanie, Jean Castex était « en mode grondeur. »

Delga, Castex : une relation au point mort et « des propos offensants » selon Renaud Muselier Président de PACA. Avec une baisse assumée des dotations de 50M€ pour les collectivités régionales, annoncée lors du 17e congrès des Régions de France, le Premier ministre a su irriter les élus du territoire.

« Nous n’avons eu aucun témoignage de confiance, et nous en tirerons toutes les conséquences dans les prochains jours », déclare alors Carole Delga en conférence de presse, organisée juste après le départ du Premier ministre entouré d’une nuée de caméras des chaines d’information continue.

« Vers une république de la confiance. »

Ton « humiliant » du discours de Jean Castex prononcé ce jeudi 30 septembre, c’est le ressenti unanime des Présidents de région plutôt « choqués » par son intervention. Ils dénoncent même une « humiliation » et les jours qui viennent verront naître une réponse collective. Pourtant, on pouvait en espérer beaucoup, et l’accroche publicitaire du Congrès était : « vers une république de la confiance. » C’était sous-estimer la portée de ce message maladroit qui entend indiquer une direction à prendre, que ne prendraient pas ceux qui sont au sommet de l’État.

« Nous avons autant de légitimité que des ministres. » Carole Delga

Reste une présidente de région qui explique : « nous sommes choqués, l’analyse qui a été présentée de la France, ce n’est pas le vécu de nos concitoyens. » Carole Delga affirme aussi : « nous, nous avons fait le travail […] et surtout, sur le territoire nous y sommes tous les jours […] nous représentons 66 millions d’habitants, l’ensemble des Présidents de région représente 66 millions d’habitants, et nous avons autant de légitimité que des ministres. »

Question budget, la tension était déjà bien installée. Avant ce 17e congrès, la présidente de l’Association des Régions de France avait prévenu que si les réponses du Premier ministre n’étaient pas rassurantes, les présidents de régions sauraient prendre toutes les mesures nécessaires. Des Présidents déjà courroucés par la baisse de dotations de 50M€ que révèle le Projet de Loi de Finances 2022. Et c’était sans compter les 127M€ de coupes sur les frais de gestion. Ce qui leur faisait avancer un chiffre de 177M€ de perte de recette.

Jean Castex a vite assuré que les 127M€ de frais de gestion seront en fait assumés par l’État. En revanche, pour les 50M€ de baisse, rien ne bouge. Et le Premier ministre d’insister pour que ses Présidents de Régions affrontent la relance avec « sérieux ». Jean Castex n’a pas manqué de rappeler qu’il a été conseiller régional « de l’ex-Languedoc-Roussillon, » une autre façon de réaffirmer peut-être comme en janvier dernier : « je n’ai jamais été convaincu par la création de ces immenses régions. » Le tout noyé dans un trait d’humour sur le caractère de Georges Frêche, cela valait presque comme un signal de son agacement à venir. « J’étais dans son opposition, j’ai beaucoup appris, ce n’était pas simple tous les jours, il m’avait à la bonne », rires dans la salle. « J’ai une pensée pour lui, montrant aussi que les premières valeurs de la république, c’est le respect et la pluralité. Et Dieu sait mesdames et messieurs si nous en avons besoin aujourd’hui. » Agacements donc face à des régions qui sont allées chercher dans le rapport de la Cour des comptes des éléments pour valider qu’elles étaient les plus touchées par les conséquences économiques de la crise sanitaire. Pique du chef du gouvernement : « je connais bien la Cour des comptes. Je suis heureux quand vous citez la Cour des comptes et ses travaux. J’observe d’ailleurs qu’on les cite quand ça arrange », sous-entendant ainsi que parfois, il vaut mieux ne pas aller y glaner quelques autres informations.

92 milliards, « il n’y a personne vers qui je peux me retourner et dire, comblez ! »

Mais, Jean Castex a voulu répondre aux régions en se posant comme leur défenseur, tout en leur rappelant leur place : « grâce à l’État, l’impact de la crise sur vos finances est passé de 2,1% à 1,7% de vos budgets de fonctionnement. Mais l’État lui, c’est 92 Md€ et 24% de son budget. Et il n’y a personne vers qui je peux me retourner et dire, comblez ! » Le Premier ministre a souhaité démontrer à quel point l’implication de l’État avait permis de maintenir la France face à la crise sanitaire. Et pour les critiques concernant cette gestion de crise sa seule jauge « c’est le jugement de mes concitoyens. » Il a su aussi faire remarquer l’implication « sans failles » des élus locaux. Mais insiste : « laissez les Françaises et les Français apprécier, comment notre pays aura géré cette crise sanitaire. » 

Un État partenaire

« C’est un texte auquel je crois beaucoup »,  Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification de l’action publique locale, Jean Castex a défendu la loi de décentralisation dite 3DS. Une loi que certains Présidents estiment « inutile et vide. » Et « je le dis très tranquillement face aux Présidents de régions […] nos concitoyens ont aussi besoin de l’État […] un État partenaire, un État présent, » un rappel du Premier ministre dans un contexte où aucune région n’est tombée entre les mains de LaREM lors des dernières élections Régionales. Ton et regard sévères, il était peut-être important ce jeudi, pour le chef du gouvernement, de réaffirmer la position centrale de l’État : « je veux être le Premier ministre des territoires, je veux réarmer les territoires. »

Mais outre les problèmes de 3DS, de baisse de dotations, les Présidents de région attendaient des réponses sur des sujets, comme la compensation des pertes de recettes dans les transports, ou de nouveaux crédits pour accompagner le développement des infrastructures régionales de transports. Réponses qu’ils n’ont pas eues.

L’ancienne secrétaire d’État au Commerce avait souligné en introduction leur ressemblance « nous avons tous deux un accent », le Premier ministre a tenu pour ce 17e congrès à marquer leurs différences, tout en invitant poliment la Présidente de l’association avec ces mots : « je vous l’ai déjà dit Carole, faites-moi passer toutes vos propositions, pour libérer les énergies, libérer les territoires, nous en avons besoin. »

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