Grands investissements territoriaux, insécurité, Covid, rénovation urbaine entre autres dossiers, pour sa conférence de presse de présentation et sa première rencontre avec la presse régionale, Hugues Moutouh, nouveau représentant de l’État, n’a éludé aucun sujet.
Ce lundi 19 juillet, il arrive dans le spacieux salon doré de la Préfecture de l’Hérault, Hugues Moutouh, 54 ans, succède à Jacques Witkowski, récemment nommé Préfet de Seine-Saint-Denis, à Bobigny.
#Montpellier : Présentation du nouveaux @Prefet34 Hughes #Moutouh dans le salon doré de la Préfecture. Il succède à Jacques #Witkoski nommé @Prefet93 récemment. #Herault pic.twitter.com/MD92e84LvD
— Le Mouvement (@lemouvementinfo) July 19, 2021
Avant même que les journalistes ne lui posent la moindre question, cet universitaire à la carrure imposante assure être « absolument ravi d’être ici dans l’Hérault et clairement à la tâche depuis ce lundi matin. » Pour son premier jour effectif de travail, le programme était déjà chargé, presque minuté. Outre la rencontre avec la presse, Hugues Moutouh a échangé avec Michaël Delafosse, Maire de Montpellier et Président de Montpellier Méditerranée Métropole dans la matinée. Toujours soucieux de « ne jamais faire état à la presse des échanges verbaux tenus avec un acteur majeur du territoire, » le Préfet se contentera de souligner qu’il a rencontré un « élu bien au fait de la situation, engagé pour le territoire et parfaitement responsable. »
« Un haut fonctionnaire d’autorité et d’action »
Dans les prochains jours, l’agenda préfectoral va ressembler à un enchaînement de rendez-vous. « Je vais rencontrer plusieurs personnalités, dont Jérôme Despey, (Viticulteur et Président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, ndlr) dans les prochains jours. Mais je souhaite, comme ce fut le cas ce matin, rencontrer ces acteurs locaux sur leurs territoires, dans leurs collectivités, donc j’irai sur place lors de chaque rencontre, à Sète, etc. » explique ce natif de Paris.
« Je ne suis pas là pour faire de la langue de bois ni pour être passif. Je suis là pour faire avancer les choses, j’ai un discours cash, voire très cash, je veux que les choses avancent avec une idée qui me revient souvent en tête : force doit rester à la Loi. » En guise d’introduction, l’ancien Préfet de la Drôme ne fait pas dans la dentelle. Méticuleux dans son propos, il insiste sur le fait qu’il n’est pas là pour faire de la figuration. Au contraire, il assume être « un haut fonctionnaire d’autorité et d’action. »
Un territoire où les chantiers ne manquent pas
Martelant à plusieurs reprises qu’il est « clairement au travail, » Hugues Moutouh met les pieds dans un département où les chantiers sont aussi nombreux que variés. L’occasion pour l’ex-Préfet de la Drôme de rappeler l’étendue des actions menées par un représentant de l’État en province. Après 18 mois « très compliqués à vivre » comme il le reconnaît lui-même, le sujet de la Covid et de la vaccination a été sans surprise un sujet majeur de ce point presse. « Le taux d’incidence a dépassé le seuil des 200% en Hérault » déplore Hugues Moutouh, tempérant immédiatement son inquiétude en expliquant qu’ « à l’heure actuelle, 9 personnes seulement sont en réanimation, et parmi ces 9, aucune n’avait reçu ses 2 doses de vaccination. »
« Et là, je ne suis pas complotiste, je suis factuel, j’ai des chiffres, j’ai une bonne mémoire des chiffres donc là, je suis factuel. Je dis ce qu’il en est » assène cet ancien étudiant de Sciences Po Bordeaux, moins de 48h après une récente manifestation d’opposants au Pass Sanitaire en centre-ville.
Quid de la situation sanitaire dans les prochaines semaines dans l’Hérault ? Soucieux de n’effrayer personne, ni les soignants, ni les Héraultais, ni les touristes, nombreux surtout en cette période estivale, Hugues Moutouh se veut rassurant et explique qu’il n’imposera rien du jour au lendemain. « Un durcissement des règles n’est pas exclu. Il faut le dire. Le couvre-feu n’est pas d’actualité dans l’immédiat, mais, oui, cela peut vite changer. Des annonces contraignantes vont probablement arriver. Ce n’est pas à exclure. Mais, je ne peux rien annoncer aujourd’hui, » affirme le nouveau locataire de la Préfecture.
« Il faut être très clair quand on s’exprime. Une annonce, une réforme pour qu’elle soit acceptée, il faut qu’elle soit justifiée et il faut surtout qu’elle soit comprise du plus grand nombre de nos concitoyens » détaille Hugues Moutouh, visiblement soucieux de ne pas passer pour le père Fouettard, si dans les prochains jours, les prochaines semaines, il lui revenait d’annoncer des mesures restrictives en lien avec la situation sanitaire. Lui garde en tête comme leitmotiv : « la restriction doit rester l’exception. » Même si visiblement, parfois, à l’avenir il n’y aura vraiment pas d’autre choix.
Autre domaine d’action d’un préfet : la sécurité, ou plutôt « la lutte contre l’insécurité du quotidien, » pour reprendre les mots de cet ancien conseiller ministériel. « Montpellier est une ville magnifique, vous [les journalistes présents, ndlr] êtes bien placés pour le savoir. Il ne faudrait pas qu’elle ne le soit plus. Il faudra continuer de nettoyer la ville » claque le Préfet, quitte à choquer certains. D’emblée, il s’est félicité de constater ces derniers jours que « le Parquet, police nationale, municipale et élus locaux travaillent tous concrètement, dans le même sens et surtout main dans la main, et c’est une très bonne chose. »
Ce spécialiste des libertés publiques n’est pas pour interdire systématiquement les manifestations, même si ces dernières sont fréquentes à Montpellier. Parfaitement conscient que « tous les manifestants ne sont pas tous des vandales venus pour en découdre, » le nouveau locataire de la Préfecture ne laissera pas faire tout et n’importe quoi. « Force doit rester à la loi » a plusieurs fois rappelé celui qui se présente comme un « légaliste, spécialiste des libertés publiques. »
Reprenant au bond l’une des principales revendications des manifestants du week-end dernier opposés au Pass Sanitaire, l’ancien Préfet de la Creuse rappelle « qu’en France, nous ne sommes clairement pas en dictature. »
#Herault : « Il est absolument inadmissible qu’une députée, @MIRALLESMP, ait pu être gravement menacée dans l’exercice de ses fonctions. Elle peut compter sur moi et sur l’état à ses côtés dans ces moments-là » Hughes Moutouh @Prefet34 #Herault pic.twitter.com/fRhwQ1GsQ5
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Quel avenir pour le territoire ?
Parmi les autres points évoqués durant les 80 minutes du point presse, ce lundi 19 juillet, Hugues Moutouh a évoqué le développement du territoire et les grands projets qui sont en cours. À commencer par les travaux ferroviaires de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) vers l’Espagne. Sur ce dossier, l’agrégé de droit insiste sur le fait que « c’est un projet important et d’intérêt général« . Toutefois, il ne fera pas faire n’importe quoi dans ce dossier pour faire plaisir à certains, ou à d’autres. Bien au contraire. Répondant à une question d’un journaliste local présent, le nouveau Préfet précise sa pensée en expliquant qu’ « il faudra, sur ce dossier, comme sur d’autres, mais surtout sur celui-là, avancer et construire intelligemment cette future infrastructure. » Les différents élus et collectivités concernés apprécieront.
Et dans ce dossier, comme dans bien d’autres, le collectif est une notion plusieurs fois mise en avant par cet ancien rugbyman. Hugues Moutouh a d’ailleurs conclu son propos en précisant sa façon de voir les choses, avec une pointe de philosophie : « Je crois beaucoup dans la force du collectif plutôt que dans celle d’une seule personne. Je crois vraiment beaucoup à la communauté de citoyens qui agissent ensemble, pour le bien du plus grand nombre. Mais, tout de même, il faut et il faudra que chacun reste cohérent dans son parcours personnel. »