Le Paris des années (19)20 comptait plusieurs foyers végétaliens. Différant du végétarisme, cette idéologie exclut la consommation de viande et de poisson, mais aussi toute exploitation animale, incluant la fabrication des vêtements et cosmétiques.

Ces lieux de rencontre et d’hébergement rassemblaient des personnes qui par le biais de la nourriture, abordaient en réalité tout un mode d’existence. Un journal anarchiste, « Le végétalien » parut durant quelques années, mêlant réflexion philosophique, conceptions politiques et alimentation.

Depuis quelques années, l’anglicisme véganisme remplace le traditionnel végétalisme. Nombre de personnes, majoritairement jeunes, se croient initiatrices d’un mouvement qui pourrait solutionner les problèmes de pollution, en même temps que les terribles conditions d’élevage et d’abattage des animaux. Or, quand comprendrons-nous que le « tous responsables » fait le jeu des décisions politiques les plus invraisemblables ? Nous aurons beau nous priver de manger de la viande, de prendre l’avion ou d’acheter des smartphones, nous ne parviendrons ni à enrayer, ni même à ralentir les procédés destructeurs du monde moderne. Le sentiment de « faire sa part » a pour inconvénient de se substituer à l’engagement nécessaire pour faire triompher les valeurs éthiques que l’on prétend défendre.

Contrairement aux idées reçues, ni le bouddhisme ni l’hindouisme ne préconisent le végétarisme. Seul le brahmanisme, caste indienne religieuse et dominante, s’est permis d’établir une hiérarchisation du vivant. Le niveau de conscience des végétaux s’y retrouve inférieur à celui des animaux, et ainsi va le système d’évolution qui place en son sommet … les brahmanes. Cette discrimination permet finalement d’accepter l’idée d’une différence existant entre les êtres humains, comme l’illustre l’Inde par son traitement des « basses castes ».

Être végétalien par goût ou par convictions est aussi respectable que tout régime alimentaire équilibré ; mais se définir « végan » témoigne d’un manque de connaissances. L’adoption irréfléchie d’un comportement new age présente l’inconvénient de réduire notre champ de vision, empêchant toute prise de conscience authentique et globale. Pas de quoi pour autant rejeter le véganisme ; la cuisine végétalienne a l’avantage d’être souvent très bonne !

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