Des interdictions de manifester, après une mobilisation précédente marquée par des dégradations, et des pillages sur l’avenue des Champs-Élysées. Mais ce 23 mars 2019, les Gilets Jaunes se sont mobilisés en nombre, pour l’acte 19.

Ils sont venus de toute la région, et ils étaient friands d’échanger et de discuter notamment sur le déploiement de l’opération Sentinelle : « L’ennemi est donc à l’intérieur, l’ennemi c’est nous ? ». Maladresse du gouvernement, devant une colère sociale loin d’être éteinte.

« Acte 19, reste 163 samedis avant mai 2022. »

Autre thème déjà abordé dans différents groupes : « on tiendra jusqu’au week-end du 13 et 14 juillet… » Il faudra que le Grand Débat accouche d’un résultat séduisant, pour éviter de voir une République fêter une révolution, tout en essayant d’en mater une. Puis une pancarte presque sur le ton de l’humour : « acte 19, reste 163 samedis avant mai 2022. » Les Gilets Jaunes l’affirment, ils sont bien là, et toujours là. Vidéo :

Dans Montpellier, c’est plus de 4 500 Gilets Jaunes qui ont défilé, en descendant depuis l’opéra sur le cours Gambetta pour revenir par le boulevard Henri IV, puis Louis Blanc dans le coeur de ville en snobant la préfecture, et en retournant sur la place de la Comédie, théâtre d’un après-midi mouvementé : entre affrontements, moments de calme, parfois « festifs » et gaz lacrymogènes. On aurait envie de retenir uniquement cette séquence, dans la joie, en chanson et en dansant : « Emmanuel Macron, ô tête de c**, on vient te chercher chez toi. »

Revoir les 4’30” diffusées en Live à 18h30 :

Castaner aura-t-il sauvé sa peau ?

La stratégie du gouvernement de traiter le problème des Gilets Jaunes sur la forme, et non sur le fond, semble une erreur amplifiée par une autosatisfaction du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner : « Aujourd’hui, l’ordre républicain a été maintenu. »

À Montpellier, un groupe assez important de « casseurs » masqués ont défié les forces de l’ordre, et ont rythmé « leur manifestation » par la casse de mobilier urbain, quelques feux et des situations d’affrontements. Selon la préfecture de l’Hérault, une vingtaine d’interpellations ont eu lieu en marge de la manifestation des Gilets Jaunes.

Et puis autre aspect déroutant, selon certains témoins, des membres de la BAC auraient eu des gilets jaunes sur le dos, des matraques et des marteaux en main, en pleine interpellation sur le centre de la place de la Comédie, des photos sur le vif de Carlos de Brito.

Il existe une volonté d’ambiance festive. Certes avec des revendications radicales, mais avec un mouvement qui se souhaiterait résolument pacifique. Tentative isolée et symbolique de Yannick, membre des Gilets Jaunes du bassin de Thau, assis au milieu de la Comédie : « si on est assis on casse pas, donc du coup si c’est déclaré et qu’on est assis, y pas de raison qu’ils nous dispersent… » Mais voilà, il y a eu de la casse alentour : voitures et poubelles incendiées, des courses poursuites, et le retour des gaz lacrymogènes. Vidéo :

C’est plus tard en fin de journée que l’attitude de Yannick aura fait son chemin, et certains adopteront son comportement face aux forces de l’ordre. Il aura essayé de transmettre ce geste une première fois côté Opéra, geste qui sera ensuite repris côté esplanade par quelques-uns. À voir dans ces deux vidéos :

À 19h20, la place de la Comédie essayait de reprendre une activité normale. Étonnant flegme de Montpelliérains qui se prenaient en selfie avec en arrière plan les CRS. Une habitude s’installe. Rassemblement des restes de grenades lacrymogènes, les passants peuvent circuler tranquillement, même si quelques « jeux » entre casseurs et forces de l’ordre persistent. Mais à 20h00, les cafés installent à nouveau leurs terrasses, Montpellier retrouve son rythme. Vidéo :

Retour en images sur le parcours de la manifestation :

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