À chaque époque sa nature d’illusion. Plutôt que fruits du hasard, les notions spirituelles que s’approprie l’individu proviennent d’une culture d’État édictée.

Écrite, traçable, l’origine de la croyance démontre à quel point le “choix“ spirituel consiste en réalité à piocher dans une masse d’idées présentées, celles qui semblent à l’esprit les plus séduisantes.

Le début du XXIème siècle se trouve marqué par un fort regain New age. Ce simulacre de syncrétisme philosophico-religieux apparut avec la société théosophique, fondée à New York en 1875. Sous prétexte de réunir les différentes obédiences spirituelles, l’organisation donna naissance à son propre égrégore.

La société théosophique avait pour dessein de s’emparer du pouvoir religieux par l’instauration d’un nouveau culte à l’échelle mondiale, dont Jiddu Krishnamurti devait être le messie. Choisi par les théosophes à l’âge de quatorze ans, il reçut une véritable formation occulte afin d’endosser le rôle du prophète et d’accomplir sa mission. Lorsqu’il prit conscience de ce qu’on attendait de lui, Krishnamurti renonça et quitta la société théosophique pour se consacrer à une existence pleinement mondaine, sertie de conférences sur la spiritualité.

Bien que distincte de la franc-maçonnerie, la société théosophique entretient des liens forts et permanents avec la confrérie. Annie Besant notamment, haute figure théosophe, possédait le titre de Grand Commandeur et atteint le trente troisième degré maçonnique.

Malgré l’échec Krishnamurti, ceux que René Guenon nommait les “théosophistes“ influencèrent considérablement la spiritualité moderne. L’une des fondatrices du mouvement, Helena Blavatsky, commit plusieurs ouvrages littéraires dénaturant les traditions bouddhistes et hindoues. Tout ce qu’on entend de nos jours sur la réincarnation, la méditation ou les chakras n’a jamais appartenu au yoga ni au bouddhisme traditionnels, mais provient des récents théosophes. Bénéficiant de l’affaiblissement de l’église chrétienne, la pensée New age a substitué aux concepts de bien et de mal ceux de positif et de négatif. Le paradis et l’enfer sont devenus le karma, cette “loi du châtiment ou de la progression“. La conscience universelle reprend le crédo du Saint-Esprit, éternelle entité dominante supervisant le monde. Très éloignée des philosophies orientales dont elle se proclame, la société théosophique provoqua un authentique appauvrissement spirituel. Cette désorientation des esprits profite à la mondialisation et au néolibéralisme, rendant les gens dociles et obéissants, peu enclins à la rébellion et toujours préoccupés par la nécessité de s’améliorer.

De nos jours, les présumés maîtres indiens et autres lamas tibétains reprennent à leur compte cette spiritualité galvaudée qui comble les Occidentaux. Méditation, pleine conscience et autres pratiques à vocation obscurantiste maintiennent les fidèles dans l’ignorance. Depuis 1955 seulement, la très médiatique méditation transcendantale a installé dans les esprits l’image du sage aux yeux fermés. Jusqu’aux années quatre-vingt, les dictionnaires ne connaissaient pas cette signification usurpée de “méditer“. Cette invitation à ne plus penser dissimule le sens crucial de la méditation. Méditer signifie réfléchir, et comprendre.

La méditation n’invite pas à fermer les yeux, mais à les ouvrir.

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