[VIDEO] Hérault. Les vignerons récoltants, les oubliés de la déflagration économique sont dans une situation alarmante, conséquence d’une crise sanitaire causée par le Covid-19.
Ils sont indépendants. Et dans leur domaine : ils sont certainement les artistes de la profession, ils vinifient en cave particulière, et commercialisent directement tous leurs produits. Des passionnés qui innovent, et qui travaillent sans cesse la qualité de leurs productions.
Un collectif des vignerons frontignanais, vicois et mirevalais
Aujourd’hui, ces vignerons vivent une situation économique particulièrement alarmante. Ils n’ont pas été frappés par la fermeture administrative pour raison de crise sanitaire, mais n’en demeurent pas moins KO. Ils se sont réunis en un collectif des vignerons frontignanais, vicois et mirevalais vinifiant en cave particulière et commercialisant leur production en vente directe.
Objectif : expliquer la particularité de leur crise, et mettre en place les solutions possibles afin d’éviter le pire. Comme l’exprime Francis Sala, Vigneron récoltant : “on pense que vous [les responsables politiques] nous avez un peu oubliés, pour ne pas dire complètement.” Et Alain Peyronnet explique : “on se rend compte que tous les vignerons indépendants de France ont les mêmes problèmes […] Pas d’export, pas de tourisme, les circuits traditionnels cafés et restaurants fermés. On se retrouve sans clients.” Francis Sala tient aussi à préciser : “notre sentiment, ce n’est pas d’aller chasser des primes ou des aides à tout prix. Si on le demande, c’est que l’on en a vraiment besoin. On est une profession, où l’on a pas trop l’habitude de se plaindre. Même quand on est tout tordu ou à moitié mort, on continue à bosser.”
État des lieux : pas ou peu de vente en grande distribution, et une clientèle locale qui ne représente que 10% des ventes. Et ces 10% de clients confinés, depuis mi-mars, s’ils ont acheté du vin, ils l’ont fait en grande distribution avec le papier toilette, et autres produits alimentaires. Autre clientèle disparue : les cafés, les restaurants, les marchés, les festivals annulés ou reportés, et les points de vente saisonniers.
Pour 70%, l’essentiel des ventes des vignerons indépendants est une clientèle de touristes, et d’estivants ayant une résidence secondaire sur le territoire. Avec le Covid-19, c’est un flux de population qui a été inexistant pour les vacances de Pâques, pour les ponts du mois de mai, et peut-être ceux de juin. Ouverts, mais sanctionnés par les déplacements restreints des citoyens, ces vignerons ont subi la crise comme s’ils avaient été obligés de fermer administrativement.
Interview avec Alain Peyronnet et Francis Sala, Vignerons récoltants :
Alerte et solutions
Question légitime que pose le collectif : “ comment faire tourner une entreprise qui ne génère que des charges et n’a plus de clients ?”
Vu la situation catastrophique, dans laquelle ils risquent très vite de se retrouver, le collectif a des propositions avec différentes solutions, pour parer à cette crise économique sans précédent.
Première solution : au niveau local, les aides proposées par Sète Agglopôle Méditerranée sont liées au fait d’avoir été « victime » de fermeture administrative, et donc les vignerons indépendants ne sont pas éligibles à ces soutiens financiers. Mais quoiqu’il en soit, eux aussi n’ont pas pu travailler, et restent toujours privés de leurs clients habituels. Accepter cette évidence, et permettre aux vignerons et cavistes d’avoir “accès aux aides proposées par Sète Agglopôle Méditerranée” leur semblerait raisonnable et raisonné.
Deuxième solution : “une exonération de l’impôt foncier agricole pour l’ensemble des vignerons, pour les 2 années qui viennent.”
Troisième solution : œnotourisme, ils sont à l’évidence des acteurs importants de l’activité touristique, et voudraient à ce titre “pouvoir bénéficier des mêmes aides que le secteur du tourisme.” Notamment l’exonération des cotisations patronales, et salariales pour l’année 2020.
Et solutions plus générales, le collectif souhaiterait “être associé à toutes les mesures mises en place à destination des PME des autres secteurs d’activité.” Ils encouragent aussi à la mise en place d’un plan de sauvegarde pour la filière vitivinicole qui est fortement impactée par l’arrêt des exportations, des salons, et du tourisme. Un plan qui ne doit pas être limité aux grosses entreprises du secteur, mais qui doit “aider tous les petits vignerons indépendants qui représentent une part importante du patrimoine et de la richesse viticole française.”