Nous sommes dans la Chapelle du Quartier haut de Sète où se déroule la 18e édition des « Journées de l’Amour ».
Christy Puertolas vous êtes l’organisatrice et l’initiatrice de cette exposition à la fois belle et intéressante. Si vous le voulez bien, nous allons parler d’abord de l’organisation avant de remonter le temps pour évoquer la création, le tout début de la série d’événements.
Comment avez-vous préparé et mis en place l’exposition cette année en 2018 ?
Cela commence toujours avec une rencontre. Cette année au mois d’octobre par Internet rencontre d’abord par son imagerie, avec Amélie Joos (d’Avignon), cette dessinatrice illustratrice que j’avais comme amie Facebook. Quelque chose de commun à l’heure actuelle. On s’est écrit sur Messenger, on s’est envoyé des images, elle a été ravie de participer aux Journées de l’Amour, car le thème lui plaisait, le lieu dans une Chapelle aussi.
Ce n’est pas évident que quelqu’un qui expose fasse l’affiche. Pour les affiches en général je le fais. Cette année, Amélie l’a fait spécialement. Il n’y a pas appel à candidatures pour participer aux journées de l’Amour. C’est l’appel à mon inspiration, à mon feeling, à ce que chacun peut apporter aux autres, comme si on se donnait la main tous.
A la librairie « L’Echappée Belle » Marie-Sophie m’a parlé de son amie, Laurence Patri (de Montpellier) qui aime les livres et vient de travailler sur l’amour. On ne se connaissait pas. Il n’y a pas de contrat écrit, tout par feeling. Les artistes qui disent oui : merci pour la confiance que je peux inspirer. Le fait que je sois tellement enthousiaste les rassure.
Les œuvres sont assurées par la ville de Sète. La ville de Sète prête le lieu. Elle nous soutient d’année en année, connaît l’exposition, le public qui vient de plus en plus nombreux. La ville aide par rapport à tout ce qui est impression (affiches, flyers, cartons d’invitation), et pour les hôtesses qui tiennent la salle.
J’ai connu des expos où je faisais tout. Cela fait quelques années que c’est merveilleux. Je suis bénévole, c’est énormément de travail. Je prépare dès les mois de septembre, octobre. Tous ces artistes que je réunis au début je ne vois pas le lien ; le titre est très vaste. Je sais qu’il va y avoir le lien, mais où ? Cette année, c’est l’écriture et le fil rouge. Ainsi le cœur en roseau de Laure Boin, on le retrouve aussi dans les photos des broderies, les coussins d’Amélie. Je sais pourquoi telle œuvre est à côté de telle autre. Pour moi c’est clair, je sais comment ça circule. Je suis commissaire d’expo. Pour cette fonction je souhaite avoir la validation des acquis.
J’ai remarqué que mes productions souvent rythment, cassent ou séparent les œuvres les unes des autres. Entre Amélie Joos et Angélique Petit et les livres, j’ai mis une photo « amoureuse » et j’ai mis de l’espace. Ce mot « amour », ou « amoureuse » rythme l’exposition. On pourrait savoir si c’est moi qui ai monté l’expo. Je ne regroupe pas automatiquement les œuvres des artistes ensemble. J’accepte aussi des petits formats dans ce lieu si grand. Le sujet l’emporte presque sur l’architecture pour cette expo, alors qu’en général ici, on demande aux artistes de s’exprimer en grand.
La seule option, ce n’est pas une expo personnelle, parfois il faut en calmer certains, avoir l’audace de refuser, dire « cela je ne le prends pas », je l’ai appris. Quand on est 15, il faut savoir avoir sa place. Il n’y a pas d’endroits mieux que d’autres. « SVP plus encore d’Amour » est la seule contrainte demandée aux artistes (il n’y a pas de contrainte de format). En règle générale je prends plus d’œuvres de femmes, car elles exposent moins.
Cette année, j’étais fatiguée et un peu déçue que mes subventions de la ville pour l’association Histrions n’augmentent plus depuis plusieurs années. Pourtant Christelle Espinasse (déléguée à la culture à Sète) m’a dit que c’est une institution. Qu’est-ce que je fais pour contrebalancer ce manque d’argent ? Par exemple le jour du vernissage, j’organisais une buvette. Cette année non, ce sont des pochettes surprises comme la venue de cinq modèles habillés par le couturier japonais Miyagi. Des T-shirts avec écrit dessus le mot Amour sont vendus au cours de l’exposition et ensuite toute l’année. Chaque modèle de T-shirt est unique.
Depuis quatre ans Véronique Fis coordonne les informations des artistes, pour les livrets de présentation, réalise les cartels, collecte le prix des œuvres pour l’assurance. Cela m’aide beaucoup. C’est très excitant de monter l’expo. Il y a aussi le transport. Je suis allée à la frontière suisse dans le village « Les Rousses » dans le Haut-Jura chercher des toiles. Certains artistes font eux-mêmes l’aller-retour avec leurs toiles. Cette année j’ai reçu beaucoup de reconnaissance de professionnels par : un journaliste de l’Art-vues, un collectionneur qui voit plus de trois cents expos par an, qui m’a dit que la nôtre est une des plus belles. Il m’a acheté le triptyque, et enfin une personne travaillant à Beaubourg.
D’année en année, l’événement prend de la force.
Avez-vous des souvenirs ou des anecdotes surprenantes associées au déroulement de certaines expositions ?
Beaucoup de couples se sont formés au cours des journées de l’Amour. Puis une personne qui fait les marchés et qui était en possession une trentaine de T-shirts avec le mot Amour, de Claudie Pierlot une créatrice de mode aujourd’hui décédée, avait vu les Journées de l’Amour dans le journal, elle m’a contactée, et elle nous les a cédés à bon prix.
Quelle a été l’idée de départ, l’impulsion ?
Au moment de l’impulsion j’étais en descente de rupture amoureuse, quelqu’un avec qui j’avais eu un enfant, et le chagrin de la mort de ma grand-mère. J’étais danseuse à ce moment-là. J’ai organisé les premières journées de l’Amour avec d’autres personnes à l’Athénée un ancien cinéma porno reconverti en association. C’était dans une grande salle, en juin 1997 à Sète. Il y avait un marionnettiste, de la danse, des ateliers pour enfants, de la sérigraphie, un concert rock. Un méli-mélo. La seconde année s’est recentrée sur l’art plastique.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez continué avec persévérance au cours des années sur le thème de l’Amour ?
Ce qu’il y a eu d’important c’est Robert Combas qui en acceptant en 2015 de faire l’affiche et en exposant, a adoubé « Les journées de l’Amour ». Cela a donné l’envie de poursuivre. Et après Richard Di Rosa en 2016. Il y a un effet d’entraînement avec des gens très connus et d’autres pas connus du tout. Quel beau sujet international, un beau lien entre les êtres. Cela me nourrit intellectuellement, émotionnellement. J’apprends chaque fois et toujours comment monter une exposition. D’année en année, c’est encore mieux.
Y a-t-il quelque chose que vous souhaitez ajouter ?
All you need is love.
Christy Puertolas en « planking ». Planking signifie faire la planche, cette pratique provient de l’Australie.
« Quand il y a du monde dans une exposition l’espace s’ouvre ».
Page Facebook : Christy Puertolas, adresse mail pour contacter l’association Histrions ou acheter un T-shirt « amour » : histrions@wanadoo.fr
Exposition les journées de l’Amour jusqu’au 26 avril, visite guidée dimanche 22 avril à 16 h.