En ce début d’automne, l’Espace Saint-Ravy accueille l’artiste montpelliérain Dimitri Otxa Cohen-Tanugi.
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Pour son exposition, l’artiste, diplômé en réalisation numérique et initiateur du studio d’animation, Kawanimation, présente deux séries : une tirée des films en noir et blanc et une mettant en parallèle des acteurs du cinéma muet et des vidéos de célébrités du site YouTube.
Deux séries, une seule exposition
La première série, intitulée « Film noir », est tirée du répertoire historique des pionniers du cinéma. L’artiste réalise un séquençage d’une scène choisie, pour des panoramas à l’action démultipliée. Le procédé de (re)création passe par l’usage de photocopies et d’un solvant qui permet le transfert du Toner sur un papier gravure Vélin d’Arches et donne un aspect dessin.
La deuxième série, intitulée « Mute », met en parallèle des acteurs du cinéma muet restés vivants sur pellicule et les stars actuelles cumulant le plus de vues sur YouTube avec des célébrités comme Justin Bieber ou Mark Ronson.
Comme l’explique Dimitri Otxa, « Au théâtre le « 4e mur » évoque l’écran allégorique qui sépare l’acteur du spectateur et renvoie à l’accord tacite qui maintient l’illusion narrative. J’aime tester cette étrange situation où cohabitent fiction et réalité. Les images, qu’il s’agisse d’affiches, de bandes dessinées, d’étiquettes, de peintures, de photographies, sont le véhicule privilégié du voyage en imaginaire. Pour cette manifestation, j’ai puisé mon matériau de base dans les ressources qu’offrent la Toile et quelques recoins d’internet puisque j’enregistre des images existantes, certaines emblématiques, d’autres banales, qui composent notre culture collective : des stéréotypes stylistiques et scénaristiques tels la femme fatale, le héros solitaire, les ambiances de clair-obscur. Je les traite ensuite au cœur : dans leur représentation (interpréter consiste à reconnaître ce qui est montré) et leur spatialité, c’est-à-dire la présence simultanée de leurs parties. J’en anime le mouvement, restructure leur géométrie, leur donne une dynamique particulière avec des équilibres d’ombres, d’encre ou de couleurs qui leur confèrent un nouvel esprit. Je les décale, et du coup leur organisation – le cadrage, la perspective, la temporalité, le mouvement, la lumière – n’est plus donnée mais convie à une autre perception, à mi-chemin de l’art et de l’illusion, entre réel et virtuel. L’attention est aspirée par l’étrangeté, l’étonnement, et sollicitée pour reconstruire un récit tangible. Mon intention avec cette série de clichés et la récurrence de certains motifs visuels est de contribuer, grâce à des supports matériels inédits qui figent à leur manière leurs sujets, à remodeler notre mythologie du cinéma, à lui proposer des regards alternatifs et ludiques.
Je ne cherche pas à favoriser la fonction esthétique sur la fonction documentaire, et le film de base n’est pas le faire-valoir de mes techniques. Je taille librement, si l’on peut dire, la matière filmique en fonction de mes curiosités, de mes préférences, de mes références, de bonheurs de rencontres plastiques aussi. »
L’exposition est à découvrir, jusqu’au 18 octobre 2020, à l’Espace Saint-Ravy de Montpellier.