Les enseignants mobilisés de l’Académie de Montpellier ont adressé depuis plusieurs mois une demande aux députés de gauche, tous partis confondus, restée sans réponse à ce jour. Les enseignants souhaitent que les députés déposent une demande auprès du Conseil constitutionnel à propos de la loi « Pour une école de la confiance ».
Les aspects anti-constitutionnels de cette loi ont été évoqués à plusieurs reprises à l’Assemblée, en particulier par Mme Rubin, lors du vote de la loi par l’Assemblée en première lecture au mois de février, et dernièrement par Mme Bénédicte Taurine (le 10 juillet). Cette demande de saisine serait donc en parfaite cohérence avec leurs propos.
Les députés du groupe « Les républicains » ont déjà déposé une demande de saisine dès le 5 juillet à propos de l’article 17 qui prévoit le financement des écoles privées par les municipalités. Nous engageons donc les députés de gauche à ne pas laisser au seul groupe « Les Républicains » la responsabilité de la défense de notre système d’éducation publique dont la qualité va être gravement dégradée par les réformes en cours et par la loi.
Le principe d’équité, en particulier, n’est pas respecté par les articles concernant la création d’établissements internationaux réservés à une élite, soit les enfants de l’oligarchie qui nous dirige, et, en parallèle, la généralisation des expérimentations pédagogiques qui accélèrent la perte du caractère national de notre éducation.
Il semblerait que la prédiction de l’OCDE (cahier de politique économique n°13 – 1996) se réalise : « les enseignants qui subsisteront s’occuperont de la population non rentable ». Nous y sommes, la ligne rouge a été franchie et nous allons assister dans les prochaines années à une fuite vers le privé qui va accélérer le schisme social.
Nous ne pouvons que constater l’augmentation de la violence dans notre société, dans les écoles, dans la rue. Il suffit d’ouvrir les journaux pour le constater. C’est la triste preuve qu’une société a besoin d’équité et ses citoyens d’éducation. Le recul des humanités dans les programmes et dans la formation des élèves est à cet égard catastrophique. Comment voulez-vous qu’un élève écrive mieux, s’exprime mieux si vous réduisez les heures de français, d’histoire comme peau de chagrin ? Comment comprendre l’autre si le milieu familial ne favorise pas l’empathie ? Or la violence physique nait de l’incapacité à s’exprimer. Les mots, sont les seuls remparts de la violence qui nous habite. Et nul ne sera épargné. Est-ce vraiment la société que vous voulez construire ?
