À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Prolé a accueilli, militantes et actrices du tissu associatif nîmois sur le thème « Venez dire et écrire l’Europe Féministe telle que vous la voulez » et pour établir un état des lieux des droits des femmes en Europe : le constat est accablant.  

Stagnation voire régression, des droits et en particulier sur le corps de la femme. Chacune des associations avait ses propres thématiques que ce soit sur les inégalités salariales, les problèmes d’IVG, ou bien encore sur la culture du viol encore très ancrée.

Une Europe en pleine régression

Le patriarcat a encore de beaux jours devant lui. La montée des nationalismes, la crise économique et l’austérité qui s’ensuivit ont affaibli le droit des femmes. Comme le disait Simone de Beauvoir, « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

Et malheureusement elle avait raison. Ainsi l’IVG est de plus en contestée, comme cela peut être le cas en Italie, où sous la pression religieuse, 80% des praticiens ont trouvé la parade, en invoquant une « clause de conscience ».

D’autres pays méditerranéens, comme l’Espagne ou le Portugal reviennent aussi sur ce droit fondamental de la femme à disposer de son corps, le premier en interdisant l’IVG chez les mineures sans le consentement des parents, le second en faisant peser les frais sur la femme qui décide de ce choix.

Plus surprenant, le très riche Luxembourg autorise l’IVG (seulement depuis 2014), mais avec deux visites obligatoires, dont une humiliante et dissuasive.

Quant à Malte et Andorre, l’avortement est tout bonnement interdit. Le Vatican aussi. La Pologne n’est pas en reste, puisque si la loi existe, la réalité interdit aux femmes d’avorter.

En parallèle, la Grèce exsangue par 8 ans d’une politique d’austérité n’a pratiquement plus de système de santé.

Sur la question des inégalités salariales, le constat n’est pas meilleur

Ainsi en Allemagne dont le modèle économique est souvent vanté, les crèches publiques n’existent pas. Les femmes sont alors contraintes de rester au moins trois ans chez elle avant de pouvoir reprendre leur travail, amputant leur retraite. De même, le décalage des salaires entre un homme et une femme est de 24 %.

Le très réactionnaire et nationaliste Viktor Orban, quant à lui, veut remettre les femmes au foyer. Rien moins que cela.

Mais la France ne vaut guère mieux

L’IVG que l’on croyait gravée dans le marbre reçoit des coups de semonce. L’ancienne députée, Mari-Jo Zimmermann a claqué la porte des Républicains en faisant part de son désaccord avec la tête de liste aux Européennes, François-Xavier Bellamy qui « défend des options sur les femmes que je ne peux absolument pas cautionner […] Je ne peux en aucun cas cautionner ni les prises de position publiques hostiles à l’avortement. »

Du côté de l’autonomie financière, socle de toutes les libertés, celle d’être, d’avoir, de parler, de dire oui, de dire non, de construire sa vie et d’exister hors du champ domestique, la France faisait encore en 2008 référence, compte tenu de son code du travail, du régime de retraite fondé sur la solidarité, la cotisation sociale et de son système de protection sociale accordant des garanties collectives à toutes les femmes.
Mais en 2019, la France recule dangereusement. Les différentes lois sur les retraites, la différence des salaires qui oscille entre 10 et 20 % s’est accrue jusqu’à atteindre 40 % pour les retraitées.
Avec le nouveau système proposé par Emmanuel Macron, la retraite par point, les femmes dont les carrières sont plus courtes, moins payées devraient encore en pâtir davantage.

S’en est suivi un débat au cours duquel chaque femme présente était appelée à s’exprimer

Ainsi, une des intervenantes a rappelé qu’il a fallu attendre l’an dernier pour que soit enfin modélisé en 3D le clitoris, cet organe du plaisir exclusivement féminin. La première étude sur cet organe n’a eu lieu qu’en 1998 soit plus de 300 ans après celle du pénis. Pour la première année, il est apparu dans certains manuels scolaires.

Mais, comme il y a toujours un mais, la réforme Blanquer balaie l’éducation sexuelle dans les nouveaux programmes du lycée pour la remplacer par des calculs très intéressants sur la température du soleil ; ça ne s’invente pas !

On ne peut parler de l’Europe sans parler de nos voisins méditerranéens

Le sort des migrantes. Là aussi un constat amer, ainsi selon des ONG, 75 % des femmes arrivant du Nigéria finissent sur les trottoirs des métropoles européennes pour être prostituées. 70% des femmes victimes des conflits du Moyen-Orient ont subi un ou plusieurs viols entre leur point de départ et leur arrivée sur le sol européen.

De même, la grève du sexe a été abordée. Des femmes en Inde et dans certains pays africains avaient pratiqué cette technique récurrente pour, soit désarmer les hommes, soit pour qu’ils s’investissent dans les tâches ménagères. Les résultats avaient été fructueux.

Marie-Laure Sadar qui organisait cette rencontre a avec force conviction clamé que « les femmes ne doivent pas se laisser diviser, la campagne européenne doit être vue par le prisme des femmes comme l’avait fait Gisèle Halimi en 2008, en présentant un livre la clause de l’Européenne la plus favorisée ». Sur 5 thématiques différentes elle avait trouvé dans chaque pays, la clause la plus intéressante pour la femme et voulait que les autres pays membres l’intègrent dans leur arsenal législatif. » Elle a conclu en disant que « la femme c’est la paix ».

Denis Lanoy, candidat sur la liste européenne de Ian Brossat et présent lors de ce débat a rappelé que « l’Europe que l’on veut, c’est la non-compétition entre les femmes et les hommes face aux capitalistes et aux conservateurs. »

Interview de Marie Laure Sarda, militante PCF de Nîmes

Une note optimiste pour les droits des Femmes

Les associations, mille couleurs, l’association quartier libre, l’association loisirs solidarité des retraités de Nîmes, femmes solidaires, entre autres proposent une exposition ce jour ou samedi, n’hésitez pas vous renseigner pour rencontrer ces femmes militantes.

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